5G : vers une couverture africaine plus large en 2024 ?

Alors que la 5G décolle dans le monde, plusieurs pays du continent se préparent à intégrer, l'an prochain, le club des pays couverts par cette technologie de cinquième génération. Mais réussiront-ils leur pari quand certains paramètres ne jouent pas forcément en faveur de leurs agendas ? Tour d'horizon.
Ristel Tchounand
(Crédits : SERGIO PEREZ)

En 2024, près d'une dizaine de pays africains ont prévu le lancement du réseau 5G, apprend-t-on d'une source au sein du secteur. Parmi eux : l'Egypte, le Cameroun, le Burundi, la Tunisie, mais aussi la Côte d'Ivoire. Le pays des Eléphants qui accueillera la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) en janvier prochain pourrait voir le déploiement de cette technologie mobile dans la foulée. Les deux opérateurs qui dominent le marché national des télécommunications ont déjà fait des promesses dans ce sens : le sud-africain MTN - après le test de décembre 2021- prévoit une « expérience de la 5G dès la CAN 2024 », tandis que le français Orange a promis en septembre dernier de proposer des services 5G « avant » la compétition panafricaine qui attirera le monde entier dans la capitale ivoirienne.

Une technologie qui prend du terrain dans le monde

Avec des débits plus importants que la 4G et des temps de latence considérablement plus courts, ainsi qu'une capacité d'utilisateurs simultanés jusqu'à dix fois plus grande que la 4G, la 5G s'impose comme la future norme de connectivité. Son utilité est reconnue notamment pour le développement des villes connectées, des véhicules intelligents,... mais aussi pour les industries ou encore dans des domaines comme la gestion portuaire. « La 5G peut véritablement révolutionner la gestion des opérations dans les ports », indique Adnane Ben Halima de Huawei Northern Africa (HNA). « Le port a un impact direct sur l'économie, parce que c'est le commerce qui alimente l'économie », ajoute-il, soulignant que de plus en plus de ports dans le monde adoptent la 5G.

Depuis le tout premier lancement commercial de la 5G en Corée du Sud en 2019 en effet, la technologie de cinquième génération a fait son chemin à travers le globe. Les autres pays d'Asie lui ont embouté le pas si bien qu'en Chine, on parle déjà de 5.5G, une amélioration de certaines fonctionnalités de la cinquième génération. Les pays d'Amérique et d'Europe ont, eux aussi, rapidement pris le train en marche.

Dans une étude publiée début 2019, Ericsson prévoyait un total de 30 millions d'abonnés 5G en 2024 au Moyen-Orient et en Afrique, qui pourrait passer à 130 millions en 2026. A cette époque, la progression de la 5G sur le continent devait être tirée par l'Afrique du Sud, ce qui s'est avéré, puisque le pays de Nelson Mandela - qui commercialise la 5G depuis début 2021 - a été le précurseur de la 5G sur le continent. Par la suite, le Botswana, le Lesotho, l'Ouganda, Maurice ou encore le Nigeria s'y sont lancés.

2024 sera-t-elle vraiment l'année du boom africain ?

Mais la dizaine de pays qui prévoient d'élargir le cercle fermé des pays connectés en mode cinquième génération pourra-t-elle honorer sa promesse, quand on sait que certains d'entre eux accusent du retard par rapport à leur agenda initial ? Déjà, le Sénégal, qui abrite depuis juillet 2022 le premier laboratoire 5G d'Orange sur le continent, a récemment octroyé une licence au géant français des télécoms dont le déploiement est normalement attendu cette année. Mais alors que 2023 tire à sa fin, rien ne filtre quant à l'état d'avancement du projet. A Madagascar - où les expérimentations de 2019 avaient été beaucoup médiatisées - le régulateur évoquait, début des problèmes techniques pour justifier le retard dans le déploiement de la 5G.

Au Maroc où le lancement de la 5G était prévu pour l'année en cours, les professionnels du secteur tablent désormais sur 2024. En avril 2022, Ericsson tentait de rassurer quant à l'avancement du projet. « Nous préparons l'introduction fructueuse de la 5G avec nos partenaires historiques des télécommunications pour faire de la 5G une réalité au Maroc », déclarait Nora Wahby, vice-présidente chez Ericsson Middle East and Africa, indiquant que cela incluait des explorations techniques, la préparation des réseaux au passage à la 5G et un dialogue au sein de l'industrie.

D'autres pays comme le Congo Brazzaville, la République démocratique du Congo (RDC) ou l'Algérie préparent le terrain en multipliant notamment les tests.

Quand la « bataille autour de la 5G » influence certains processus ?

Alors que la plupart des pays du continent poursuivent leurs efforts de transition numérique, les équipementiers télécoms internationaux suivent de près cette évolution vers la technologie de cinquième génération, notamment parce que les infrastructures nécessaires pourraient représenter pour eux un marché alléchant. En cela, les experts de l'Ecole de Guerre Economique (EGE) voient s'établir une « bataille autour de la 5G » sur le continent, en raison du positionnement avantagé des équipementiers chinois comme Huawei, alors que les firmes européennes comme Nokia et Ericsson (historiquement investies sur le continent) veulent se positionner, le tout sur fond de tensions Etats-Unis - Chine.

« Les sanctions américaines à l'égard de Huawei ont mis un frein aux plans de plusieurs grands fournisseurs internet à travers le continent africain. De grandes entreprises de télécommunications africaines ayant des liens financiers avec des pays occidentaux ont commencé à diversifier leurs partenariats », expliquent-ils dans une analyse intitulée « La conquête du marché de la 5G en Afrique subsaharienne » et publiée en avril 2022. Et d'illustrer : « Safaricom qui est la plus grande compagnie de télécommunication d'Afrique de l'Est, annonçait en janvier 2020 qu'elle suspendait le déploiement de la 5G au Kenya, arguant d'un changement de stratégie. Le détour de ce partenaire classique de Huawei vers les équipementiers européens vise plutôt à limiter la prédominance chinoise sur le secteur des nouvelles technologies en Afrique subsaharienne ».

Face à la presse récemment, le géant chinois avouait se battre pour « survivre » aux sanctions américaines et vient de lancer une nouvelle stratégie de déploiement sur l'Afrique, avec comme un de ses services phares : la 5G, avec des innovations comme celle permettant de changer l'angle de visionnage d'un match de football en temps réel. Le suédois Ericsson est lui aussi à l'offensive, n'hésitant pas régulièrement à présenter les avantages de la 5G pour les économies et sociétés africaines, quand certains observateurs soulèvent notamment la question du coût du réseau 5G.

Ristel Tchounand

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