RDC : l'ONU révèle l'existence de 10 fosses communes au Kasaï

La région du Kasaï en RDC a peut-être été le théâtre d’un massacre de grande de masse sur lequel les autorités congolaises semblent avoir fermé les yeux. La révélation par l’ONU de l’existence de dix fosses communes, remet au devant de la scène, cette région où l’armée congolaise tente de mater une rébellion depuis septembre 2016. En six mois d’affrontements, cette répression a coûté la vie à un nombre important de civils. Leur cadavres, tout autant que le scandale de leur mort, ont été dissimulés dans des charniers.
Ibrahima Bayo Jr.

Avec l'arrestation de sept suspects dans les rangs de l'armée à la suite de la diffusion de la vidéo d'un carnage au Kassaï central, les autorités reconnaissaient à demi-mots une bavure de l'armée congolaise. Cette dernière pourrait n'être que l'herbe et la terre qui dissimulent un charnier d'ossements de victimes mortes lors d'affrontements.

Lors de sa réunion hebdomadaire, la Commission des droits de l'homme des Nations unies réunie à Genève a fait état de l'existence d'au moins dix fosses communes dans la région du Kasaï, fief de la rébellion des milices de Kamwina Nsapu.

Le dossier des 10 fosses communes transmis aux autorités congolaises...

« Nous avons transmis aux autorités au mois de décembre des allégations sur la présence de sept fosses communes qui remontaient d'après nos recherches à des faits qui s'étaient passés en fin septembre 2016 à Nkoto dans le territoire de Demba », a relevé Barbara Matasconi, la coordinatrice de l'unité rapport et enquête du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme (BCNUDH).

Le mois de septembre 2016 marque le début d'une rébellion qui prend racine après la mort à la mi-août 2016 de Kamwina Nsapu, chef religieux et coutumier tué lors d'une opération de l'armée congolaise dans la région. Depuis, des fidèles de Kamwina Nsapu mène de fréquents raids contre l'armée congolaise.

La responsable onusienne a également indiqué la transmission en mars 2017, d'un autre rapport détaillé sur l'existence de trois autres fosses dans le village de Tshimbulu, près de Kananga, la capitale de la province du Kasaï central. « Nous nous sommes rendus sur les lieux et nous avons vu des restes humains et nous avons des indications assez précises à travers des témoignages et des familles des victimes », précise Barbara Matasconi.

... qui entravent l'enquête pour faire la lumière sur les charniers

Ces révélations viennent corroborer, l'enquête conjointe de RFI et Reuters sur l'existence documentés de huit fosses communes découvertes autour du village de Tshimbulu. Pourtant le BCNUDH n'exclut pas l'existence d'autres fosses communes. Ces dernières seront difficiles à mettre au jour avec le peu d'entrain des autorités congolaises malgré la transmission des indications de dates, de lieux et de témoignages de familles de victimes qui ont permis de retrouver ces charniers d'ossements. L'Onu se plaint d'entraves à son travail d'enquête et des interdictions d'accès à des sites qui hébergeraient de potentielles fosses communes.

« Il y a des informations concernant au moins 7 autres fosses communes. Nos équipes doivent encore en vérifier l'existence. Toutefois, ce travail s'avère parfois difficile, quand nos équipes sont menacées par des officiers de sécurité. C'est ce qui s'est passé par exemple la semaine dernière à Nkonko, quand des officiers de l'armée ont tenté d'empêcher notre équipe d'accéder à une fosse commune », signale à RFI Andrew Gilmour, le sous-secrétaire général aux droits de l'homme.

Si ces nouvelles informations venaient à être vérifiées, cela porterait à 17, le nombre de fosses communes connues à ce jour. Il semble que l'enquête des autorités -ouverte sous pression internationale- doive être élargie pour faire la lumière sur le massacre dans cette région déjà trop meurtrie.

Ibrahima Bayo Jr.

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