Egypte : la Banque centrale mise à mal par la hausse de l'inflation

La Banque centrale égyptienne est mise à mal par l'inflation devenue incontrôlable sur le marché. Alors que l'institution a récemment décidé de laisser flotter sa monnaie et a réduit ses subventions sur certains produits, certains experts suggèrent la nécessité d'une baisse des taux d'intervention pour faire reculer celui de l'inflation.
Opération de vente de produits alimentaires subventionnés par le gouvernement, le 7 novembre 2016 au Caire.

Les Egyptiens ne peuvent plus supporter aussi longtemps la hausse effrénée des prix des produits et la Banque centrale égyptienne en est consciente. Alors que sous la pression du Fonds monétaire international (FMI), elle avait décidé de laisser flotter sa monnaie et de réduire les subventions sur certains produits, l'inflation dans le pays n'a pas cessé de grimper. Elle a depuis bondi pour atteindre près de 30 %. L'Egypte, qui avait alors la garantie d'accéder à un appui financier de 12 milliards de dollars, avait augmenté le taux de refinancement des banques à 14,5%. La décision allait immédiatement doper les taux de crédits servis par les banques commerciales du pays. Mis en difficulté par cette initiative, le gouvernement prévoit déjà d'augmenter de 2 milliards de dollars son exposition au marché international de la dette qui offre de meilleurs taux d'intérêt, surtout des devises.

Le projet est vu d'un mauvais œil par beaucoup d'experts qui évoquent la versatilité du coût de remboursement des obligations souveraines, lequel est soumis aussi aux conjonctures internationales. Il faudra attendre le point de vue des responsables du FMI avec qui les autorités égyptiennes comptent discuter de leur projet sur le marché obligataire international. Un des experts du FMI, qui ne partage pas la position du gouvernement, a affirmé au journal égyptien "Al Mal" que la solution à ''cette inflation galopante se situe au niveau des taux d'intérêt, soit une baisse des taux d'intervention de la banque centrale''. Une solution peu convaincante pour d'autres observateurs qui citent le cas nigérian pour exemple où cette approche a échoué.

La situation est d'autant plus pressante pour la Banque centrale, alors qu'elle se prépare à la réunion de son comité de politique monétaire, prévu le 18 mai 2017 prochain. Cette réunion devra permettre la discussion des avancées, après la dernière décision de laisser flotter la monnaie. Et face à la réalité de l'inflation, la Banque n'a finalement presque plus de marge de manœuvre.

La banque obligée d'avoir une vision plus holistique

Censée conduire le pays vers la stabilité économique, la libéralisation du taux de change n'a vraisemblablement pas mieux fait que d'accompagner la chute de l'économie égyptienne.

Dans ce contexte, les choix qui s'offrent à la banque ne sont plus si nombreux et sont d'une légère fiabilité. Selon les économistes, la baisse des taux d'intervention ne peut pas toujours être une solution face à l'inflation, compte tenu du caractère très limité des mécanismes de transmission de cette décision.

Mais au même moment, une reprise de contrôle soudaine sur le taux de change pour faire tomber l'inflation risque d'abattre l'économie. Car si la production dans le pays est encore à un taux fiable, la consommation dépend plus de produits importés que des produits nationaux. A en croire certaines analyses, si la Banque centrale veut trouver une solution durable, elle devra évaluer toutes les possibilités et s'assurer de prendre la mesure la plus équilibrée pour la stabilité socio-économique dans le pays.

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