Egypte : les directeurs d'achat confiants en une reprise économique

La libéralisation forcée de la livre égyptienne, conjuguée à la ligne de financement du FMI semble porter ses fruits au niveau des bailleurs de fonds internationaux, à défaut de soulager les consommateurs égyptiens. En effet, la dévaluation de la monnaie égyptienne et ses effets sur les opérations d’import/export a rassuré la banque d’affaires, Emirates NBD, qui a revu à la hausse sa note PMI du Caire.
Amine Ater

La banque d'affaires, Emirates NBD, vient d'annoncer sa décision de revoir à la hausse son indice des directeurs d'achat ou Purchasing Managers Index (PMI) dédié à l'économie égyptienne. Selon l'opérateur émiratie, bien que l'activité économique du secteur privé égyptien non corrélé au pétrole enregistre toujours une tendance à la baisse en février dernier et que le climat ou conditions d'affaires continuent à se détériorer depuis 17 mois.

Une situation morose qui n'a pas empêché le PMI du Caire, établi par Emirates NBD, de grimper pour le troisième mois consécutif passant de 43,3% en janvier dernier à 46,7% en février dernier. Une note positive qui représente un vœu de confiance de la banque émiratie dans l'austérité en vigueur en Egypte et notamment sa mesure phare, de laisser flotter la livre égyptienne décidée en novembre dernier comme condition à l'octroi d'une ligne de financement de 12 milliards de dollars du FMI.

L'indice des directeurs d'achat est rappelons-le, une grille composite de l'activité manufacturière d'un pays. Il prend en compte les prises de commandes, la production, l'emploi, les livraisons ou encore les stocks du secteur manufacturier. En clair, le PMI est un indice reflétant la confiance des directeurs d'achats dans l'économie d'un pays et qui est décliné en 4 grilles : indice composite de l'activité globale, indice de l'activité des services, indice de la production manufacturière et indice de la production manufacturière.

Pour Emirates NBD, les effets de la libéralisation du taux de change de la monnaie égyptienne, qui a débouché sur une dévaluation de 40% de la valeur de la livre, ne se limite pas au durcissement du coût de la vie en Egypte, ni à la réduction des salaires versées par les entreprises en raison d'un ralentissement de la production, mais aurait surtout donné une bouffée d'air aux exportateurs, ou encore permettant une amélioration de la demande extérieure.

Cette libéralisation de la monnaie a également permis au Caire de ralentir le rythme de l'inflation sur le coût des intrants nécessaires aux produits de consommation de base (sucre, médicaments, lait en poudre...). Pour la banque émiratie, la faiblesse du taux de change de la livre par rapport au dollar devraient déboucher sur une amélioration des conditions actuelles du marché égyptien et devrait faciliter une reprise de production à plein régime pour l'exercice à venir.

Un optimisme qui contraste avec la réalité du terrain

Un optimisme d'Emirates BND qui contraste avec la situation sur le terrain. La libéralisation de la livre égyptienne a débouché sur une baisse de valeur de la monnaie qui s'est alignée sur le son taux réel, exercé auparavant au niveau du marché noir. Une situation qui a fortement impacté les opérateurs égyptiens qui ont vu leur frais de production croître du fait de la hausse du prix à l'import des intrants. Une hausse qui a été répercutée à tous les niveaux de la chaîne de valeur pour se traduire par des tarifs de ventes publiques de plus en plus élevé pour les consommateurs.

A la hausse de prix des intrants, s'ajoute l'indisponibilité de certaines matières premières auprès des fournisseurs, une pénurie qui s'est traduite par une prolongation des délais moyens de livraisons aux opérateurs et à une augmentation fractionnée des arriérés de travail. Le banque a par ailleurs, signalé une réduction des acquisitions des entreprises égyptiennes. Une situation qui dure depuis 17 mois.

Ce décalage entre les effets de la libéralisation et le marasme économique qui continue de secouer le pays est en partie dû au choix du régime de favoriser la présence économique de l'armée égyptienne et de maintenir des projets pharaoniques qui impactent le budget de l'Etat, comme l'élargissement du Canal de Suez ou encore les dépenses liées à l'effort sécuritaire et militaires notamment au Sinaï.

Amine Ater

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