Nigéria : fronde syndicale dans les secteurs clés

Abuja doit actuellement gérer deux mouvements sociaux qui touchent simultanément le stratégique port de Lagos et les unités de production de Chevron, Eni et Exxon. Pour l’instant la production en pétrole n’est pas menacée, la grève étant limitée aux départements administratifs des deux entreprises. Il n’empêche qu’un gel des pourparlers engagés entre syndicats et pétroliers pourrait déboucher sur l’arrêt de production de pétrole.
Amine Ater
Considéré comme le plus important port du golfe de la Guinée, le complexe portuaire de Lagos a enregistré en 2014, 1,66 million EVP (équivalent vingt pieds).

Le port de Lagos vit depuis le 15 mai au rythme d'un mouvement social qui paralyse son activité. Un arrêt forcé décidé par les transitaires et agents du sous-secteurs maritimes pour protester contre le délabrement des routes d'accès aux infrastructures portuaires. Menée par l'Association des agents douaniers agréés nigérians (ANLCA), l'Association des transporteurs approuvés par le gouvernement (NAGAFF) et d'autres associations de propriétaires de camions, la grève a été observée, après la fin de l'ultimatum de 21 jours fixé par les centrales syndicales au gouvernement fédéral.

Toutefois, le mouvement devrait être rejoint par d'autres opérateurs du secteur des transports et de la logistique qui se plaignent également de l'état des routes menant aux terminaux d'Apapa et de Tin Can Island. Des opérateurs ont déjà fait savoir leur intention de se diriger vers ce cap dans les jours à venir, se plaignant des coûts grandissants de maintenance et de réparation des véhicules accidentés dans les tronçons menant aux terminaux portuaires, ou encore des pertes en vies humaines.

Le secteur pétrolier également menacé

Parallèlement, le secteur des hydrocarbures connaît lui aussi une grève. Et malgré les mesures des autorités pour l'étouffer, le mouvement de protestation a fini par atteindre les filiales des majors pétroliers, notamment l'américain Chevron (filiale de Shell), l'italien Eni Agip. Les employés de celles-ci ont effet rejoint les grévistes de la filiale d'Exxon Mobil en protestation contre le licenciement de travailleurs. Un mouvement appuyé par l'Association des cadres supérieurs du Nigéria du pétrole et du gaz naturel (Pengassan).

D'après les syndicats, près de 10 000 grévistes participeraient à ce mouvement qui dure depuis quelques jours déjà, mais qui n'aurait touché que le personnel administratif, tout en exceptant les salariés des installations de production.

Pour rappel, la grève dans le secteur pétrolier a été déclenchée en réaction au licenciement, en décembre dernier, de 150 travailleurs, dont 82 syndicalistes. Des pourparlers seraient actuellement en cours entre la centrale syndicale et le management d'Exxon Mobil. Mais un éventuel enlisement des négociations pourrait vite déboucher sur un arrêt de la production. Un scénario qui pourrait aggraver la récession que traverse actuellement le Nigéria. Reste à savoir si Abuja saura gérer cette fronde qui gagne du terrain.

Amine Ater

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