Buhari demande le feu vert du Sénat pour un prêt de 7 milliards de dollars

Confronté à une crise sans précédant, le Nigéria cherche par tous les moyens à relancer son économie. C'est pourquoi le président Buhari voudrait lancer de grands projets d'infrastructures pour donner un nouveau souffle à la croissance. Mais dans un contexte où les caisses de l'Etat se vident, ce dernier n'a d'autre choix que l'emprunt.

Malgré les alertes répétitives sur son taux d'endettement, le Nigéria continue d'emprunter. Le président Muhammadu Buhari vient de demander aux législateurs de son pays d'approuver un plan d'emprunt de 7 milliards de dollars pour développer les chemins de fer et, ainsi, soutenir la reprise économique.

En effet, Export-Import Bank of China a accepté d'accorder plusieurs prêts afin de financer des projets ferroviaires, dont 3,5 milliards de dollars pour construire une ligne reliant la capitale commerciale, Lagos, avec la ville de Calabar, au sud-est du pays. Le Sénat nigérian a annoncé mercredi avoir reçu une demande de Buhari d'approuver des emprunts d'un total 5,6 milliards de dollars de la Banque chinoise. La demande de Buhari comprend aussi un prêt de 575 millions de dollars que le pays obtiendra de la part de la Banque mondiale. L'objectif est d'aider la reprise dans le nord-est du Nigeria, où les attaques du groupe terroriste Boko Haram se poursuivent régulièrement, privant cette région de toute dynamique économique.

Buhari presse le Sénat

Buhari déploie tous les moyens pour obtenir l'accord du Sénat rapidement. Selon la demande qu'il vient de déposer, les fonds demandés rentrent dans le cadre du Fonds Chine-Afrique de Pékin qui est "limité" et basé sur le principe du premier arrivé, premier servi. Ainsi, selon le président, le pays risquerait de perdre la chance d'emprunter à des taux intéressants. D'ailleurs, cela intervient tout juste un an après la visite de Buhari en Chine. A l'issue de cette visite, il avait annoncé avoir négocié un montant de 6 milliards de dollars pour des projets d'infrastructure sans donner les détails. Cela dit,  les accords de prêt mentionnés dans sa demande cette semaine ne sont pas forcément liés à l'annonce faite de l'an dernier.

La Chine finance également d'importantes dépenses d'infrastructure dans plusieurs autres pays africains, dont le Kenya, où l'argent et les entreprises chinois créent un chemin de fer de 4 milliards de dollars. Une nouvelle voie ferrée en Afrique de l'Est, construite par les Chinois, reliant les capitales de Djibouti, et de l'Ethiopie, a été mise en service cette année.

Des grands projets dans une logique de soutenir la relance

Il faut dire que la demande de Buhari, intervient dans un contexte très délicat. L'annonce intervient à quelques semaines après l'alerte du Fonds monétaire internationale, qui a exprimé clairement que sans de véritables réformes structurelles urgentes, les perspectives seront des plus sombres pour le Nigéria. Autrement dit, l'institution monétaire internationale n'est pas convaincue de la stratégie de relance économique de Buhari. Dépendant de ses exportations pétrolières, le Nigéria traverse une des pires crises de son histoire. La chute des prix du pétrole a fait sombré la monnaie nationale, le naira, qui a perdu l'année dernière, près de 30% de sa valeur face au dollar.

Les institutions internationales sont unanimes quant au besoin de réformes structurelles pour une diversification de l'économie et un renforcement des secteurs porteurs comme l'agriculture et l'industrie. En plus de ces grands projets d'infrastructures que veut lancer Buhari, le gouvernement a adopté dernièrement de nouvelles mesures pour améliorer l'environnement des affaires et soutenir le secteur industriel et notamment les PME/PMI. Il s'agit entre autres de la simplification les procédures en matière de création d'entreprises, et de l'opérationnalisation d'une banque de développement ciblant les petites et moyennes entreprises qui constituent l'essentiel du tissu industriel et des activités économiques du pays.

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