Les chefs d'entreprises avaient déjà fait leurs valises pour l'Afrique subsaharienne. Avec Youssef Chahed, le premier ministre en VRP, les hommes d'affaires devaient s'envoler du 24 au 27 janvier courant pour une tournée en Afrique subsaharienne à destination du Soudan, du Niger et du Burkina Faso, organisée conjointement par la Présidence tunisienne, la Tunisia-Africa Business Council (TABC), le centre de promotion des exportations (Cepex), Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (Utica) et Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (Conect).
Coup de théâtre ce vendredi 20 janvier ! A quatre jours du voyage, les ambitions des businessmen tunisiens ont été douchées par l'annulation de la tournée, reportée à fin février, sans indication de date précise, selon le courrier envoyé aux hommes d'affaires pour leur spécifier l'annulation du voyage. A l'origine de cette surprenante annulation, la « bousculade » des hommes d'affaires pour faire partie de la délégation accompagnant Youssef Chahed.
Sur les quelque 250 candidatures d'hommes d'affaires voulant participer à la tournée africaine, les organisateurs en avaient retenu une liste d'une centaine de participants répartis entre les différentes entités chargées de l'organisation du voyage. Officiellement au vu du nombre de participants, des problèmes de logistiques (moyens de déplacements, logement, lieux d'organisation des rencontres...) ont obligé les organisateurs à repousser l'événement.
Mobilisation pour une réelle présence tunisienne en Afrique face à la concurrence
Pourtant à y voir de plus près, d'autres raisons auraient pu guider ce choix. La liste de cent businessmen retenue a fait l'objet d'une virulent critique dans les milieux d'affaires où les plus téméraires parlent de choix guidés par le copinage d'affaires voire de népotisme. D'autres ont dénoncé la précipitation et l'« amateurisme » qui, selon eux, ont guidé l'organisation du voyage. Les patrons tunisiens qui ont établi des contacts de networking en amont de la tournée ont dû prendre leur mal en patience et trouver des explications pour leurs partenaires d'Afrique noire.
Autre explication, selon la presse tunisienne, le chef du gouvernement ne souhaitait pas faire le déplacement sans parvenir à signer des accords bilatéraux ouvrant des marchés aux entreprises tunisiennes. En accord avec les organisateurs, il aurait décidé de « re-calibrer » le déplacement pour lui donner de l'envergure sur le marché africain.
La Tunisie a de quoi réviser sa copie. Tunis qui a décidé d'aller à la conquête de l'Afrique depuis la restructuration du pays suite à la « Révolution du Jasmin », se positionne sur un terrain très concurrentiel où elle devra faire avec l'avance de la Chine, des Etats Unis, de la Turquie et des pays du Golfe qui ont enclenché la mode des sommets africains afin de profiter de la dynamique économique, financière et même démographique sur le continent.
La Tunisie devra aussi cravacher dur pour tenter de se frayer un chemin sur un continent où des pays comme le Maroc, le Japon, l'Algérie et plus récemment l'Allemagne envisagent de renforcer leur leadership. Le pays de Béji Caïd Essebsi ne peut donc pas se contenter d'un rôle de figurant. Pour cela, les voyages d'affaires devraient être mieux organisés et plus fréquemment.
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