La Tunisie lance son opération séduction

La Tunisie veut être à nouveau détectable sur les radars des investisseurs étrangers. Pour remettre son économie sur les rails de la croissance, le pays nord-africain a lancé une véritable opération de séduction envers les investisseurs étrangers et les bailleurs de fonds. Cinq ans et demi après la révolution du Jasmin et le contexte socio-économique morose qu’elle a installé, le pays cultive l’espoir de voir l’économie redécoller.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : © Zoubeir Souissi / Reuters)

Le premier acte de cette opération de charme de grande envergure a été dévoilé en juin 2016. Le pays maghrébin organise, les 29 et 30 novembre 2016 à Tunis, sa « Conférence Internationale d'appui au développement économique, social et durable » qui devrait réunir tout le Gotha international des investisseurs en provenance des pays européens comme le Royaume-Uni, la France et l'Italie ou encore des pays du Golfe comme le Qatar.

Arsenal de mesures incitatives

Plus de 1.000 participants, essentiellement des chefs d'Etat et de gouvernements, des patrons de grands groupes internationaux, des décideurs économiques et des bailleurs de fonds en provenance de 70 pays sont attendus pour deux jours de rencontres BtoB. Les autorités tunisiennes présenteront également lors de cette conférence, la « Vision Tunisie 2020 », un plan économique quinquennal (2016-2020) des grands projets et des opportunités d'investissements dans le pays. La vision est ambitieuse. Elle veut porter le taux de croissance à 4% chaque année contre une croissance en dessous de la barre des 2% depuis la révolution du « Printemps arabe ».

Pour baliser le chemin menant à cette conférence, les institutions étatiques sont en ordre de bataille pour la préparation d'un corpus de textes législatifs pour accompagner l'attractivité du pays. A ce titre, l'assemblée nationale tunisienne a adopté le 17 septembre 2016, un nouveau code des investissements. Le texte composé d'une trentaine d'articles offre une panoplie de facilitations fiscales ou administratives et de mesures incitatives pour l'implantation des entreprises étrangères.

Avec son entrée en vigueur en janvier 2017, les entreprises étrangères seront désormais soumises à un taux d'imposition de 15%. Le nouveau code devrait également alléger la lourdeur de la bureaucratie administrative et permettre aux entreprises d'accéder au foncier (par location), principal point d'achoppement entre les détracteurs et les défenseurs du texte. Et pour compléter l'éventail de mesures, les entreprises peuvent désormais rapatrier leurs capitaux plus facilement et recourir à l'arbitrage international en cas de litige.

Contexte économique difficile

La Tunisie a de quoi se mettre dans le branle-bas de combat. Le pays doit redorer son image de destination d'investissements. La révolution du Jasmin et les incertitudes politiques qui s'en sont suivies ont mis à mal une économie auparavant citée en exemple en Afrique du nord. Les attentats terroristes de la plage de Sousse et du musée du Bardo qui ont impacté le tourisme, véritable poumon de l'économie, ont définitivement inscrit le pays sur la liste noire des destinations d'investissement.

Résultats de cette période d'instabilité politique, les investissements directs étrangers, 1,5 milliard de dollars en 2010 avant la révolution, ont fondu pour se chiffrer à 1 milliard en 2015, selon des données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Le pays sort à peine la tête de l'eau avec une dette publique qui a doublé en 5 ans et une activité touristique en berne.

Pour autant, le tableau n'est pas totalement noir. Avec sa 74ème place sur 189 pays dans le classement Doing Business 2016 relatif au climat des affaires, le pays a vu ses flux d'IDE augmenter de 20% entre 2014 et 2015. Un signe de bon augure pour Tunis qui veut mobiliser près de 52 milliards de dollars pour financer sa Vision 2020. Reste à savoir si ce sera suffisant pour convaincre les investisseurs de mettre la main à la poche.

Ibrahima Bayo Jr.

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