Et si l’avenir de la Tunisie se trouvait en Afrique ?

Vers une intensification de la présence tunisienne vers l'Afrique subsaharienne? Le numéro un des groupes privés tunisiens Poulina Group Holding s’est associé avec plusieurs autres institutions financières tunisiennes pour créer un fonds d’investissement appelé « Africamen » pour soutenir l’expansion des entreprises tunisiennes en Afrique subsaharienne. Une initiative qui soulève la question sur des investissements du pays maghrébin dans son continent

L'Afrique est en vogue et tous les pays s'y mettent. Dans le sillage de la Chine, de l'Inde, du Maroc, de la Turquie et même d'Israël qui établissent des partenariats en Afrique, la Tunisie a flairé le filon. C'est dans cette perspective que Poulina Groupe Holding avec des partenaires tunisiens ont créé un fonds pour accompagner les sociétés tunisiennes qui souhaitent étendre leur activité en Afrique.

Un fonds sherpa de l'investissement en Afrique subsaharienne...

Créé en association avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC), (organisme public dédié à la promotion de l'investissement), la banque privée Amen Bank et la Compagnie tunisienne d'assurance et de réassurance (STAR), ce nouveau fonds porte le nom d'Africamen. Son objectif est de fournir le financement en capital et l'accompagnement nécessaires pour la stimulation des exportations, l'implantation de filiales à l'étranger ou la concrétisation d'opérations de croissance externe. Dans un communiqué rendu public, la holding Poulina estime qu'il s'agissait « d'appuyer les efforts des entreprises tunisiennes vers l'Afrique subsaharienne et que le fonds ciblait [les entreprises, ndlr] ayant un modèle économique établi et qui souhaitent accélérer leur développement en étendant leurs activités aux marchés porteurs du continent ».

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Sherpa de l'investissement prioritaire pour les entreprises qui se projettent vers l'Afrique subsaharienne, Africamen est un fonds commun de placement à risque (FCPR) doté de 30 millions de dinars soit un peu plus de 12 millions d'euros, et sera géré par Amen Capital, la filiale de gestion d'actifs d'Amen Bank. « En attendant l'implantation de succursales de banques tunisiennes sur le continent, nous plaidons pour une diplomatie plus active et un renforcement des dessertes maritimes et aériennes », a déclaré Ahmed EL Karm, président du directoire d'Amen Bank. Selon lui, le fonds interviendra à travers le financement de fonds propres ou de quasi-fonds propres avec un montant pouvant aller jusqu'à 4,5 millions de dinars. « Les entreprises clientes d'Africamen bénéficieront d'un large réseau de partenaires en Tunisie mais également en Afrique grâce à l'appui du groupe de financement panafricain Alios Finance présent dans 9 pays africains et récemment acquis par le groupe Amen », ajoute le responsable.

Intensifier les échanges commerciaux avec l'Afrique subsaharienne...

Jusqu'en 2010 alors que ses voisins comme le Maroc ou l'Egypte avaient une coopération très fructueuse avec l'Afrique subsaharienne, la Tunisie entretenait encore une relation assez timide avec le sud de son continent. La fin des années 2000 a ouvert une nouvelle dynamique à la coopération tuniso-africaine. « Plusieurs éléments conjoncturels ont conféré au continent africain une attractivité nouvelle en matière économique. La tendance aujourd'hui, est qu'il ne faut plus tout attendre du Nord, c'est-à-dire des pays d'Europe, d'Amérique, mais savoir mettre à profit les potentialités dont dispose le continent africain. La Tunisie est tenue à s'investir plus sur ce continent malgré les problèmes de visas », expliquait Taoufik Mlayeh, président du Comité des relations avec l'Afrique, lors du premier Forum économique tuniso-africain en octobre 2014.

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 Il faut souligner que le marché africain présente beaucoup d'opportunités pour la Tunisie. Selon les chiffres de la Direction générale du Trésor tunisien, « avec 342 M€ en 2013, les échanges entre la Tunisie et l'ASS représentent une part modeste du commerce global de la sous-région mais connaissent une dynamique favorable (+11 % sur 2009-2013) ». Les importations de la Tunisie de l'Afrique subsaharienne s'élèvent à 52 millions d'euros soit une hausse de 31 % en 4 ans avec une croissance moyenne de 6,6%. Les exportations quant à elles représentent 290 millions d'euros, soit une croissance de 11% en 5 ans.

... et le partenariat sud-sud

On note environ 700 entreprises tunisiennes depuis 2014 qui exportent vers l'Afrique subsaharienne. Sur la période 2012-2013, « les principaux clients de la Tunisie sont l'Ethiopie (55 millions d'euros soit 20% des exportations tunisiennes vers les pays africains), le Sénégal (35,4 millions d'euros, +23%), le Cameroun (24 millions d'euros, +47%) et enfin, la Côte d'Ivoire (23 millions d'euros, +45%). Viennent ensuite le Gabon, le Nigeria, le Burkina Faso, le Ghana, le Congo et enfin, le Niger », note Media Press, un groupe de presse fondateur du Forum tuniso-africain. Il continuera en précisant : « Les principaux fournisseurs sont : l'Ouganda (15 millions d'euros, +161%), le Ghana (9,4 millions d'euros, +110%), la Côte d'Ivoire (3,4 millions d'euros, -65%) et le Cameroun (1,8 million d'euros, -71%). ».

Selon le ministère tunisien du Commerce, entre 2000 et 2010 les échanges entre la Tunisie et le Nord, l'Europe et les autres pays de l'occident ou l'Asie faisaient entre 40 et 45% de son commerce. Aujourd'hui grâce au partenariat sud-sud en pleine progression la Tunisie travaille à se tourner au maximum vers son continent. « Notre développement naturel est l'Afrique. Et nous devons désormais accompagner les opérateurs tunisiens dans cette dynamique. L'Afrique, qui fait figure d'eldorado mondial grâce à ses richesses en matières premières et sa main d'œuvre bon marché, ne compte en fait aujourd'hui que 2,3% des échanges commerciaux avec la Tunisie », commente Tarak Ben Kbaier, Directeur central au CEPEX.

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