Togo  : la grève des enseignants s'enlise

Les écoles au Togo, sont paralysées depuis quelques jours par des grèves des enseignants à répétition sur pratiquement toute l'étendue du territoire national. Réclamant des conditions de vie et de travail meilleures, sous l'impulsion de la Coordination des syndicats de l'éducation du Togo, ces enseignants s'inscrivent en faux contre la trêve demandée.

C'est la énième fois en ce début d'année 2017. Lomé, à l'instar de beaucoup d'autres villes du Togo comme Mango, Dapaong, Amou-Oblo entre autres, est profondément marquée par le mouvement social dans l'éducation. Elèves dans la rue, enseignants à la maison ou dans les bars, des barricades dans certaines localités pour réclamer les droits, le Togo est gravement frappé par des mouvements de grèves des enseignants.

A en croire la Coordination des syndicats de l'éducation du Togo (CSET), laquelle est l'instigatrice des manifestations, ils réclament « une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Notamment l'abrogation du corps des enseignants auxiliaires et leur reversement dans le corps des fonctionnaires de l'enseignement, l'indemnité de logement pour le personnel de l'éducation et pour toute la carrière, la prime de travail de nuit et la prime de salissure (à intégrer au budget de 2017, en attendant l'adoption du statut particulier ) et la résolution définitive du problème de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) du dossier des normaliens ». Selon la CSET, il s'agit d'une plateforme revendicative dont certains points datent des ''plusieurs années''.

Même les discussions démarrées au sein du groupe de travail composite du 18 janvier (aux premières grèves) sur le secteur éducatif, en vue d'envisager des solutions durables au problème, n'ont rien donné. Lundi, les enseignants ont déclenché une grève de 72 heures qui avait l'allure d'une mutinerie. Appuyés cette fois-ci par la Fédération des syndicats de l'éducation nationale (FESEN), elle, pour 48 heures, la CSET n'a jamais eu autant de succès. Les enseignants ont ainsi refusé de se conformer à la trêve de deux semaines requise par le groupe de travail, le vendredi dernier à la fin des discussions.

A en croire, la CSET, les enseignants membres de la coordination n'ont pas accepté les conclusions et les recommandations, issues des négociations au sein du groupe de travail en fin de semaine dernière.

« Si nous ne sommes pas représentés au sein du groupe de travail, il faudrait que les conclusions reflètent au moins le contenu de notre plateforme de revendications. A l'Assemblée générale de samedi dernier, toutes les préfectures ont rejeté la trêve de deux semaines, proposée par le groupe de travail », a déclaré Joachim Sonoukou, chargé à la communication de la CSET.

Pour lui, le gouvernement doit trouver une solution adaptée en réglant les revendications.

Le ministre de la fonction publique pointé du doigt

Les enseignants réclament des conditions de travail et de vie meilleures, mais fustigent aussi le comportement du ministre de la fonction publique et du travail, Gilbert Badjilembayéna Bawara, refuse de transiger, du point de vue des enseignants.

« Il a un comportement irrévérencieux envers nous, c'est ça le problème. Si au moins, il nous témoignait du respect, les discussions pourraient se faire. Nous dire qu'il nous reçoit par ''courtoisie républicaine'', c'est d'une arrogance sans précédent », dénonce, Lucien Zowou, un enseignant vers Pagala-Gare (300 km au nord de Lomé). Selon cet enseignant, le ministre de fonction publique devrait mettre de l'eau dans son vin pour éviter le débordement de la crise.

« Les responsables syndicaux et ces enseignants qui refusent de respecter le programme scolaire et tiennent des propos de nature à jeter les élèves dans les rues, n'ont pas véritablement leur place dans l'enseignement », a fustigé Gilbert Bawara avant d'enchaîner que « si les gens ont d'autres motivations, qu'ils n'utilisent pas l'éducation pour les assouvir, qu'ils ne prennent pas les enfants en otage. Les incitations à la violence n'ont pas leur raison d'être dans nos établissements. Un enseignant qui dit que les cours programmés durant les jours de grève sont considérés comme faits, n'a pas sa place dans l'enseignement ».

Le ministre a ensuite menacé en disant que des précomptes seront effectués de manière systématique et rigoureuse, appelant les chefs d'établissement à la responsabilité de tenir des listes de présence. Des déclarations qui n'ont plu ni aux enseignants ni aux élèves, et encore moins aux parents d'élèves. « Le gouvernement doit prendre la pleine mesure de la situation et vite réagir, car la situation devient de plus en plus inquiétante. Il faut un dialogue en profondeur avec les principaux acteurs au lieu de brandir des menaces », a recommandé Paul Egoulé, parent d'élève au micro de nos confrères de Savoir News.

Pendant ce temps, des élèves en colère, manifestant contre la non-tenue des cours, surtout ceux ''considérés comme faits'', extériorisant la douleur de leur enseignants, sont dans les rues, perturbant la circulation, érigeant des barricades sur certains grands axes, comme à Mango (plus de 500 km de Lomé, au nord du Togo) ou à Amou-Oblo, à plus de 200 km au nord de Lomé. Le gouvernement devrait en effet, trouver une solution rapide afin que les drames de 2013 ne se reproduisent pas. Il y a 4 ans, dans une situation similaire, deux élèves avaient trouvé la mort par balles à Dapaong (660 km au nord de Lomé).

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