Gabon : polémique sur fond d’enjeux politiciens sur le coût de la CAN

Alors que les lampions de la CAN 2017 se sont éteints dimanche dernier, les gabonais jouent les prolongations à travers une vive polémique sur le coût et l’opportunité de l’événement dans un pays en crise. Les débats ont pris la tournure d’une véritable affaire d’Etat dans le pays et le sujet, la nouvelle pomme de discorde entre le pouvoir et l’opposition. En attendant la CAN 2017 des moins de 17 ans que le pays va encore organiser dans quelques mois, à quelques encablures des législatives.

Combien a coûté au Gabon la dernière édition de la CAN 2017 qui s'est déroulée du 14 janvier au 5 février et surtout le pays, qui a déjà co-organisé celle de 2012, avait-il les moyens de se payer ce luxe au vue de sa situation socio-économique ? Ce sont là les questions qui agitent actuellement le paysage politique gabonais quelques jours seulement après que les lampions de la compétition se soient éteints.

Selon Christian Kerangal, le haut commissaire du comité nationale d'organisation de la CAN 2017 (COCAN 2017), le coût provisoire de l'événement tournerait autour de 192 milliards de Fcfa, loin des 400 milliards initialement estimés par les autorités.

« On est beaucoup trop loin des 463 milliards Fcfa dont on parle aujourd'hui. Le budget qui a été revu en juillet 2015 était de 300 milliards et aujourd'hui la réalisation n'est que de 192 milliards Fcfa » a déclaré Kérangal dans un point de presse qui s'est tenue à la fin de la compétition.

Selon le haut commissaire du COCAN 2017, cette somme inclut par ailleurs d'autres dépenses connexes réalisées pour des activités « qui n'ont rien à voir avec le football et la compétition,». Il s'agit cependant de chiffres provisoires en attendant le bilan consolidé du Comité qui sera dévoilé le 15 mai prochain en plus du dépôt du rapport devant la Cour des comptes.

L'opposition en embuscade

L'estimation du COCAN 2017 n'a pas convaincu les opposants gabonais qui ont aussitôt tenu à réagir à travers différents canaux. Le chef de file des contestataires n'est autre que Jean Ping, l'opposant en chef d'Ali Bongo Ondimba qui semble trouver à travers cette nouvelle polémique, une nouvelle arme pour sévir contre le régime qu'il accuse toujours d'illégalité.

Galvanisé par la dernière résolution du Parlement européen sur le déroulement de la dernière présidentielle, Jean Ping a également convoqué la presse à son domicile, mardi dernier, pour une conférence de presse dans laquelle il a remis en cause les chiffres avancés par les autorités.

« Nous avons dépensé, d'après ce qu'ils disent eux-mêmes, plus de 400 milliards de francs CFA pour la CAN de 2012. Pour cette CAN-ci, nous avons prévu de dépenser un montant similaire. Si vous additionnez tout ça, nous ne sommes pas très loin des 1000 milliards de francs CFA pour danser pendant que le peuple meurt », s'est indigné Ping qui conteste toujours la légitimité la réélection du président Ali Bongo Ondimba.

Arguments contre arguments

La polémique bat donc son plein et chacun y va de ses arguments en fonction de son positionnement. Au delà même du coût réel de l'événement, son opportunité est également remise en cause par les opposants. « Est-ce que vous trouvez normal que dans un pays qui connait la crise qu'il connait, où les gens sont dans la misère, où il n'y a pas le travail, où les entreprises sont à l'arrêt que vous ne pensez qu'à danser, à fêter ? » s'est, par exemple indigné, Jean Ping. Selon lui, « les dépenses de la CAN sont supérieures à toutes les dépenses cumulées de la santé, de l'éducation, du logement...».

Le président du COCAN 2017 avance lui d'autres arguments pour mettre en exergue l'impact positif de la compétition pour le pays. En plus de la notoriété pour le pays, qui a durant un mois été au devant de l'actualité continentale et même internationale, Christian Kerangal estime qu'il faudrait aussi « mettre dans le budget de la CAN tous les montants engagés pour la réalisation d'infrastructures, médicales et sanitaires ou encore ceux qui ont permis d'accroître les capacités sécuritaires ».

Autant dire que cette polémique, qui avait enflammé les débats bien avant le début de la compétition, n'est pas prête de s'estomper.

Cependant avec son maintien puis un déroulement relativement normal du tournoi, certains observateurs avaient espéré que la politique reprenne ses droits. Les sujets ne manquent pas avec notamment les incertitudes qui entourent encore le dialogue national que prône le pouvoir de Libreville pour solder enfin les comptes de la crise post-électorale qui a suivie la réélection contestée par ses opposants, du président Ali Bongo Ondimba, en dernier.

D'autant plus que les prochaines élections législatives sont prévues pour se tenir au plus tard en juillet prochain et d'ici là, le Gabon va encore devoir accueillir une autre CAN, celle des moins de 17 ans.

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Commentaires 2
à écrit le 10/02/2017 à 17:31
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et puis quoi fait bien les mauvaises langues vont toujours parler

à écrit le 08/02/2017 à 18:45
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Je pense que s'il faut refaire les gabonais mordront encore à la tentation de la Can...Même hors de prix. Et après, ils diront que ce n'est pas eux mais Bongo seul, qui a pris plaisir à voler aux pauvres algériens la joie d'être hôtes de la fête pana...

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