Ahmad Ahmad, l’outsider qui défie le puissant Hayatou à la tête de la CAF

La confédération africaine de football (CAF) se réunira en Assemblée générale ce 16 mars à Addis Abeba pour renouveler son instance dirigeante. Sans surprise, son tout puissant président depuis 1988 est encore candidat pour un 8e mandat à la tête de la Confédération. Archi-favori comme toujours, il va devoir pourtant faire avec la candidature du malgache Ahmad Ahmad, qui entend mettre fin au règne du prince de Garoua. Portrait d’un outsider qui malgré les risques et les pronostics, croit en sa belle étoile.

Comme c'est de coutume en Afrique et surtout à la Confédération africaine de football (CAF), les élections présidentielles ont toujours un air de déjà vu ! Le 16 mars prochain, l'instance continentale renouvellera son comité exécutif lors d'une Assemblée générale qui se déroulera à Addis Abeba en Ethiopie. Le rendez-vous s'annonce décisif pour la CAF avec la multitude des candidatures en lice aux différents postes qui y seront pourvus et qui engendrent déjà une lutte acharnée entre les différents candidats déclarés. A tout les postes sauf un, la présidence de la CAF à laquelle se représente Issa Hayatou pour un 8e mandat. Le tout puissant patron du football continental est en effet candidat à sa propre succession pour un nouveau mandat qu'il pourrait d'ailleurs renouveler deux fois, en vertu des nouvelles dispositions adoptées l'année dernière et qui limitent désormais les mandats à trois sans toutefois d'effet rétroactif.

Comme d'habitude, le camerounais part archi-favori pour se succéder à lui-même. Pourtant, il n'est pas le seul candidat  au poste puisqu'à l'issue de la dernière réunion du comité exécutif de la CAF, en janvier dernier à Libreville, le dossier de candidature du malgache Ahmad Ahmad a été validée. C'est donc cet outsider que certains annoncent sortir de nulle part, qui défiera le maitre incontesté du football africain le 16 mars prochain lors d'un scrutin presque joué d'avance.

Un outsider qui croit en son étoile

Actuel président de la fédération malgache de football à la tête de laquelle il est à son troisième mandat, Ahmad Ahmad est ce qu'on appelle un inconnu dans la sphère footballistique du continent.  A 54 ans, celui qui se pose comme « le candidat du changement »  a intégré le comité exécutif de la CAF lors de la tumultueuse AG de Marrakech de 2013, l'année même où Hayatou a fait démonstration de sa puissance  avec la manière par laquelle il a « remis à leur place », ceux qui osaient lui contester son leadership à la tête de la Confédération. La mésaventure qu'avait connu, à l'époque, certains membres de la CAF notamment l'ancien président de la Fédération ivoirienne de football Jacques Anouna, aurait dû servir de leçon à l'ancien ministre malgache des sports qui est également passé à la tête du département de la pêche de son pays.

Sauf que cette année-là, il a également connu son heure de gloire puisqu'il a, contre toute attente, été élu au comité exécutif de la CAF en battant à plate couture le sud-africain Danny Jordan, une autre figure emblématique de la confédération. Il représentait alors la zone sud et en septembre dernier, c'est sur le fil du rasoir qu'il a échoué à se faire élire au poste de représentant de la CAF au sein du conseil de la FIFA.

C'est fort de cette montée en puissance qu'il croit à sa bonne étoile et si beaucoup doute de la sincérité de ses ambitions, l'actuel sénateur se pose en chef de file du clan « anti-système Hayatou » pour espérer être chef à la place du chef.

Un projet séduisant sur papier

Sur le papier, Ahmad Ahmad est un ultra-outsider face à l'inamovible Issa Hayatou qui continue à bénéficier du soutien de la presque majorité des fédérations membres de la CAF. Le malgache se prévaut certes du soutien de la COSAFA, qui regroupe les 14 fédérations de la zone australe du continent mais là aussi c'est à relativiser. Le président sud-africain Jacob Zuma, a en effet dernièrement annoncé le soutien de  son pays à Issa Hayatou et au Nigéria, où Ahmad Ahmad était dernièrement en campagne, les membres de la fédération se sont désolidarisés du soutien apporté par leur président au malgache.  Ce qui n'a pas l'air de refroidir les ambitions de ce dernier, lequel continue à sillonner le continent  pour défendre son projet en misant notamment sur les « petites fédérations » ainsi que les déçus ou les exclus du système Hayatou.

Il est vrai que sur ce plan, sa feuille de route a de quoi séduire puisqu'il entend réformer le système de la CAF notamment pour ce qui est de sa gestion financière, pour plus de transparence mais aussi une redistribution plus conséquente des fonds de la Confédération au profit des fédérations afin d'investir davantage dans les infrastructures. Cependant, sur ce point aussi, le fin tacticien Issa Hayatou semble avoir déjà pris une longueur d'avance comme en témoigne les dernières décisions prises par la CAF pour renflouer les subventions aux fédérations ainsi que les primes alloués aux différents vainqueurs des compétitions de la confédération.

Pas si anti-système que ça

A tout point de vue donc, Ahmad Ahmad est parti pour faire de la figuration surtout que lui aussi n'est pas exempt de reproche tant pour sa gestion à la tête de la fédération malgache mais aussi dans certaines affaires puisqu'il a été cité dans le scandale dit de l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. S'il n'a pas été condamné, pour absence de preuves, certains voient en lui un pion du système Hayatou et sa candidature comme une nouvelle manœuvre du puissant président de la CAF pour un simulacre de démocratie au sein de l'instance.

Dans un cas comme dans l'autre, la candidature d'Ahmad Ahmad est loin d'être fortuite. Et s'il n'a aucune chance de l'emporter face au rouleau compresseur Hayatou, cette stratégie va lui permettre d'étendre sa notoriété sur le continent, ce qui pourra servir par la suite surtout que les potentiels successeurs du camerounais ne font plus légions. C'est déjà un point de gagner pour avoir osé défier Hayatou. A moins que ce dernier ne décide de sévir comme en 2013 face à ce qui voulait le renvoyer à la retraite et qui ont appris à leurs dépens qu'on ne conteste pas impunément le pouvoir incontesté du puissant roi du foot africain...

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