Biens mal acquis : la défense de Teodorin Obiang joue la montre

Le feuilleton judiciaire opposant Teodorin Obiang à la justice française vient de franchir un nouveau palier avec l’ouverture de son procès devant le tribunal correctionnel de Paris. Ce dernier est poursuivi pour des accusations de blanchiment, d’abus de biens sociaux, détournement de fonds publics ou encore abus de confiance et corruption. Après que le recours de la défense d’Obiang junior devant le CIJ ait été rejeté, les mandataires du dignitaire équato-guinéen essayent de jouer la montre en demandant un report du procès pour insuffisance de délais.
Amine Ater
Malgré tous les recours déposés par ses mandataires, Teodorin Obiang devra faire face à un procès au tribunal correctionnel de Paris

L'affaire des biens mal acquis de Teodoro Nguema Obiang, plus connu sous le nom de Teodorin, vient de franchir un nouveau palier en France, suite à l'ouverture de son procès à Paris. Le fis aîné du président de la Guinée Equatoriale est poursuivi devant le tribunal correctionnelle de Paris, sous les chefs d'inculpations de blanchiment d'abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption.

Une absence remarquée

Absent pour l'ouverture du procès, Teodorin Obiang espère que ces mandataires puissent obtenir un report de la procédure judiciaire. Un recours que la défense justifie par « l'insuffisance des délais » pour que l'accusé et ses avocats puissent organiser sa défense. Cette demande est également justifiée par des questions d'ordre procédurier, notamment le fait que l'adresse déclarée de l'accusée soit à Malabo (capitale de Guinée Equatoriale) et que la défense souhaite plus de temps pour faire citer des témoins à décharge dont une partie réside hors du territoire français.

Du côté de Transparency International, l'ouverture de ce procès est une avancée considérable. En effet, selon William Bourdon, avocat de l'ONG, ce procès est sans précédent dans les annales judiciaires françaises voire même européennes. Une procédure qui devrait durer jusqu'au 12 janvier prochain, sauf si la défense réussit à arracher un report à la Cour.

Un patrimoine estimé à plus de 100 millions d'euros

Selon les enquêteurs français, Obiang fils disposerait en Hexagone d'« un patrimoine immobilier et mobilier conséquent estimé à plusieurs centaines de millions d'euros », qui compterait notamment un hôtel particulier valorisé à près de 107 millions d'euros. S'y ajoutent un parc automobile, composé de véhicules de luxes et de sport. Selon la justice française ce patrimoine aurait été constitué par Teodorin Obiang grâce à des fonds publics.

Lors du passage de ce dernier à la tête du ministère de l'Agriculture et des Forêts, plus de 110 millions d'euros provenant du Trésor public guinéo-équatorien seraient venus créditer son compte personnel entre 2004 et 2011. Des fonds qui ont transité par la filiale locale de la banque française, Société Générale. Cet établissement a été placé par le parquet sous le statut de témoin assisté dans cette affaire. Ce qui représente un statut intermédiaire entre celui de témoin et d'inculpé.

Tous les recours de la défense consommés

C'est justement pour éviter ce cas de figure, que Teodorin Obiang a multiplié les voies de recours. Ces mandataires ont dans un premier temps tenté de faire valoir son statut de deuxième vice-président de Guinée équatoriale. Une fonction qui devait lui accorder l'immunité, selon la défense. Une approche jugée non recevable par la justice française, qui s'est appuyée sur le fait que les faits reprochés Obiang junior relevaient de sa vie privée.

La défense du 2e vice-président de Guinée Equatoriale, a même tenté de faire stopper la procédure française en ayant recours à la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye, le plus haut organe judiciaire de l'ONU. Les avocats d'Obiang ont fait de nouveau valoir ses fonctions officielles, tout en essayant de convaincre les magistrats de la CIJ du statut de représentation diplomatique de l'hôtel particulier de l'avenue Foch à Paris. Un bien qui est considéré par Paris comme une possession personnelle du prévenu.

Amine Ater

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Commentaire 1
à écrit le 02/01/2017 à 21:02
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Sur le fond de l'affaire, évidemment on ne peut se prononcer. Mais qu'avons-nous à gagner dans la prise en charge de ce procès? Nos magistrats ne sont-ils pas suffisamment occupés pour se charger d'affaires concernant des non-résidents, sur plainte d...

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