Présidentielle/Gambie : top départ pour une campagne sous tension

La campagne électorale pour la présidentielle gambienne a officiellement été lancée aujourd’hui. Le président sortant, Yaya Jammeh compte décrocher un 5e mandat grâce au soutien de l’appareil d’Etat. Ce dernier devra faire face à Adama Barrow qui a le soutien de l’ensemble de l’opposition et à Mammah Kandeh, dissident du parti au pouvoir. L’élection est programmée pour le 1e décembre, un scrutin qui a suscité l’inquiétude de l’ONG Human Rights Watch qui accuse Jammeh de fausser le « jeu démocratique ».
Amine Ater
La campagne électorale gambienne a commencé officiellement aujourd'hui.

La Gambie se prépare pour l'élection présidentielle, programmée pour le 1er décembre prochain. Un scrutin dont la campagne électorale a démarré officiellement aujourd'hui. Le président sortant, Yaya Jammeh, qui brigue un 5e mandat, doit faire face à deux candidats. D'un côté, Adama Barrow qui a été investi par une coalition de sept partis politiques de l'opposition. De l'autre Mammah Kandeh, dissident du parti au pouvoir.

Le pays vivra durant 15 jours au rythme de la campagne électorale, au terme desquels près de 886.578 électeurs devront se rendre aux urnes pour choisir leur prochain président. Pour la coalition réunie autour de Barrow, le choix d'un front uni se justifie par le mode du scrutin en un tour.

L'équité du scrutin, mise en doute

Bien que l'opposition se montre confiante quant à ses chances de remporter cette élection, les derniers mois ont été marqués par des rapports conflictuels entre le pouvoir et l'opposition. Plusieurs manifestations organisées par des opposants ont été violemment réprimées par les forces de sécurité gambienne. D'ailleurs, au moins l'un des organisateurs de ces manifestations est décédé en détention.

Il n'empêche que les autorités s'efforcent de maintenir les apparences. En témoigne, le code de bonne conduite publié par la commission électorale indépendante qui incite les candidats à mener « une campagne apaisée, sans insultes, ni violence ».  Cette structure sera responsable de la bonne tenue du scrutin dans 1.422 centres de vote, qui couvrent 53 circonscriptions électorales.

Pour l'ONG américaine, Human Rights Watch, il y'a peu de chances que la Gambie connaisse une présidentielle équitable. Selon HRW, les autorités auraient menacé, arrêté arbitrairement, emprisonné et torturé des membres de partis d'opposition.  L'ONG recense, plus de 90 arrestations de militants pour avoir participé à des manifestations pacifiques, dont 30 ont été condamnés à 3 ans de prison.

« Le gouvernement Jammeh a menacé, battu et torturé des membres de l'opposition simplement parce qu'ils ont exercé leurs droits fondamentaux, ce qui n'aboutira qu'à éloigner la perspective d'une élection juste. À moins d'une amélioration de cette situation, les bailleurs de fonds internationaux de la Gambie devraient imposer des sanctions ciblées aux hauts fonctionnaires impliqués dans ces abus », précise Babatunde Olugboji, directeur adjoint du bureau des Programmes à Human Rights Watch.

Aux accusations d'intimidation et de recours abusif à la force, s'ajoutent un rapport de force en faveur du président sortant et de sa formation, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC). En effet, le parti au pouvoir est accusé de puiser dans les ressources de l'Etat pour financer sa campagne. L'APRC aurait également mobilisé des véhicules, locaux gouvernementaux, fonctionnaires et membres des forces de sécurité pour assurer la réélection de Jammeh.

HRW a par ailleurs, appelé les principaux bailleurs de fonds internationaux de la Gambie à fixer au gouvernement des critères clairs avant l'élection. En cas de non-respect de ses critère l'ONG recommande à la CEDEAO de suspendre la Gambie de ses organes décisionnaires. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont également été invité à imposer des interdictions de voyages, des gel d'avoir et autres sanctions ciblant les hauts fonctionnaires impliqués dans des violations des droits de l'homme ou dans le trucage des élections.

Amine Ater

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