Gabon : la capacité à gouverner d’Ali Bongo sera examinée par la Cour d'appel de Libreville

Jusqu’à la dernière minute les avocats d’Ali Bongo ont tenté de bloquer la procédure en invoquant devant la Cour de cassation la qualité de la Cour d’appel de Libreville à juger une affaire concernant le chef de l’Etat. Balayant d’un revers de marteau cette requête, le tribunal de la capitale va ouvrir la procédure le 26 août prochain, pour examiner sur le fond, la demande d’expertise médicale réclamée par des organisations de la société civile.
Ibrahima Bayo Jr.
(Crédits : Reuters)

Tout l'enjeu du procès est de savoir si la justice gabonaise va accepter de désigner un expert médical indépendant qui va déterminer, après consultation du président de la République, si Ali Bongo Ondimba est en capacité physique et mentale d'assumer les charges de sa fonction. Dix mois après l'accident vasculaire cérébral (AVC) qui avait foudroyé le chef de l'Etat gabonais depuis 2009, la question va être examinée lors d'une audience sur le fond, le 26 août prochain par la Cour d'appel du tribunal de Libreville.

Une guerre de prétoires dans les allées de la justice

Saisie d'une requête en la matière en mai dernier par le collectif «Appel à agir» qui se plaignait d'une situation de vacance du pouvoir supposé de fait, la juridiction avait ouvert l'examen de la procédure. Un mois plutôt, le collectif «Appel à agir» avait reçu un rejet sec en première instance lorsqu'il a intenté la procédure. Il avait alors introduit un recours en appel devant la Cour d'appel de Libreville. La suite de l'histoire a déclenché une guerre de prétoires dans les allées de la justice gabonaise.

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Le 26 juillet dernier, le pool d'avocats d'Ali Bongo a introduit un recours devant la Cour cassation pour contester la qualité de la Cour d'appel à juger des affaires concernant le chef de l'Etat. La Cour de cassation avait alors suivi l'avis des avocats de la défense et demandé à la Cour d'appel de ne pas se prononcer sur l'affaire tant qu'elle-même ne se sera pas prononcée sur sa compétence de la chose jugée. Alors que sa décision était attendue le 29 juillet, ce n'est que le 12 août que la Cour d'appel a rendu sa décision de poursuivre l'examen de la procédure. Elle a fixé l'audience sur le fond, le 26 août prochain.

L'avenir du pouvoir entre les main de Paulette Ayo Mba-Akolly?

Pour certains observateurs, la date du procès n'est pas anodine. Elle est choisie à un jour seulement de la date anniversaire de la réélection contestée d'Ali Bongo Ondimba. On y voit un message subliminal de Paulette Ayo Mba-Akolly, la présidente de la Cour d'appel, un temps proche d'Ali Bongo, pour un retour en grâce ou une montée dans les échelons judiciaires. Contre les pressions judiciaires, elle endosserait le rôle de sauveuse du pouvoir, en conduisant à son terme, une procédure dont elle connaîtrait d'avance le résultat. Dans tous les cas, entre ses mains se trouve peut-être l'avenir du pouvoir politique.

Sans suivre cette piste extrême, la progression de la demande d'expertise médicale pourrait être la résultante d'un bras de fer entre les factions au sein du clan au pouvoir. Pour d'autres observateurs, l'allongement de la procédure est de permettre au patient présidentiel de gagner suffisamment de temps pour que le stéthoscope de l'expert médical ne puisse rien détecter, dans le cas où la procédure aboutirait. Avant ses discours à la Nation, en plus d'un suivi régulier de médecins et spécialistes dépêchés à Libreville, Ali Bongo a multiplié ces derniers mois les allers-retours pour des examens complémentaires et de longues séances de rééducation en Europe.

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Ce n'est qu'après ces séjours médicaux que le chef de l'Etat s'est employé à de vastes opérations de communication destinées à prouver sa bonne santé retrouvée. La crainte est que même si la justice désigne un expert médical, celui-ci arriverait peut-être trop tard pour constater une incapacité supposée sur la foi de laquelle la vacance du pouvoir pourrait être déclarée. L'audience du 26 août fera sans doute date.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaire 1
à écrit le 14/08/2019 à 13:53
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c'est cousu de fil blanc comment dans un émirat- dictature familiale comme le gabon la justice sans indépendance pourrai constater une vacance du pouvoir

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