Loi sur le parrainage : Dakar sous les gaz du « jeudi noir »

Chappe de fumée lacrymogène au centre-ville, manifestations dispersées devant l’Assemblée nationale, opposants arrêtés sur le chemin d’une manifestation interdite… Aux tirs de petites piques politiques, la guerre des nerfs laissait forcément planer le spectre d’une confrontation pour remporter la bataille de l’opinion. Au moment où les députés sénégalais se prononçaient sur la loi très controversée sur le parrainage, l’ambiance dans la capitale sénégalaise était rythmée par des échauffourées entre forces de l’ordre et manifestants. Sur le chemin de la présidentielle 2019, la journée avait des allures de «jeudi noir» !
(Crédits : Reuters)

«Il n'y aura pas d'élections et la guerre ne fait que commencer !», lance le député libéral Toussaint Manga qui a déchiré le texte imprimé du projet de loi sur le parrainage au milieu de l'hémicycle. L'éclectisme de la scène est révélateur de l'ambiance acrimonieuse qui a prévalu lors de la plénière de ce jeudi 19 avril à l'Assemblée nationale, lors de débats houleux en amont de l'examen d'un projet de loi imposant un parrainage à tous les candidats de la présidentielle du 24 février 2019.

Chape de fumée lacrymogène

Hors d'une plénière souvent suspendue ou confuse, c'est depuis les postes de télévision des commissariats où ils ont été acheminés après leur arrestation sur le chemin d'une manifestation interdite devant le bâtiment de l'Assemblée que les opposants Idrissa Seck du parti Rewmi, Malick Gackou du Grand Parti, ainsi que Thierno Bocoum, président du mouvement Agir, suivront les invectives et les phrases assassines échangées entre pouvoir et opposition.

La manifestation s'est quand même tenue dans un contexte tendu. En milieu de matinée, la Place Soweto, bouclée par un important dispositif de sécurité, a été le théâtre d'échauffourées entre des manifestants qui ont chargé les forces de l'ordre à coups de pierres. La riposte de ces dernières a jeté une chape de fumée lacrymogène sur une partie du quartier Dakar-Plateau, en plein centre-ville.

A l'intérieur du pays, des manifestants ont battu le pavé à Thiès (70 km de Dakar), Kaolack (200 km) et Saint-Louis (250 km) contre la révision du Code électoral, à un an de la présidentielle. La révision comporte une disposition décriée par l'opposition qui exige, pour être candidat, de recueillir le parrainage d'au moins 1% du corps électoral, soit environ 65 000 personnes, domiciliées dans sept régions au moins.

Le parrainage cristallise les ardeurs

A moins d'une année de la présidentielle, la question a alimenté la chronique médiatique et politique dans le pays, pouvoir et opposition s'envoyant des piques par sorties médiatiques interposées. Les appels au calme de l'archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, et de dignitaires confrériques n'y changeront rien : ce jeudi, jour d'examen, avait déjà réuni tous les ingrédients pour être explosif. Jusqu'à l'extérieur du pays.

Loin de l'agitation politique, le président Macky Sall s'est rendu à Paris deux jours avant l'examen du projet pour rencontrer Emmanuel Macron, son homologue français. Mais il n'a pas échappé aux réclamations d'une foule qui a enfariné le cortège présidentiel après une manifestation devant le Consulat du Sénégal à Paris. Ce jeudi 19 avril, des manifestants ont aussi symboliquement manifesté devant les consulats ou les ambassades du pays à Casablanca, Abidjan, Rome...

Dans tous les cas, le projet cristallise toutes les ardeurs. Cette ambiance chaude préélectorale risque d'être déterminante sur le climat d'une présidentielle dont on attend encore de savoir la liste définitive de candidats. Même si en fin d'après-midi un calme précaire semblait régner dans la capitale, l'ambiance des débats ouverts après les interventions des députés restait toujours tendue.

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Commentaire 1
à écrit le 23/04/2018 à 1:31
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Je voulais un mini ordi a bas prix

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