Quelques heures après le vote, dans la nuit du samedi au dimanche, la coupure de la connexion Internet à Freetown pendant près de dix heures avait alimenté la chronique. Même avec la présence «intimidante» des forces de l'ordre, la CEDEAO juge que dans l'ensemble, les opérations de vote se sont bien déroulées et le scrutin répond aux normes de crédibilité et de transparence sous-régionale.
Suspense autour d'un long processus de comptage des résultats
Les conclusions liminaires de la CEDEAO sont importantes pour le pays ouest-africain. Sortie d'une longue guerre (1991-2002) qui a laissé 120.000 morts, la Sierra-Leone avait arraché sa première transition pacifique avec le passage de témoin entre Ahmad Tejan Kabbah (2002-2007) et Ernest Bai Koroma. Les deux mandats de ce dernier n'ont apporté qu'une stabilité relative dans le pays. Aussi, dès l'apparition des premières contestations, certains ont cru revoir les démons du passé revenir sous la forme des divisions ethniques. Il n'en est rien !
Après la décision salutaire de la Haute Cour sur le dégel du processus électoral, le vote a pu reprendre ce samedi 31 mars. Depuis, le dépouillement des bulletins dans les 11.000 bureaux de vote a commencé. Il s'en suit le transfert des résultats vers les 16 commissions régionales. A leur tour, celles-ci vont acheminer les procès-verbaux vers le siège de la National electoral commission (NEC) à Freetown où les résultats seront compilés avant d'être rendus publics.
Le suspense est d'autant mieux entretenu qu'avec ce long processus, l'annonce des résultats pourrait intervenir ce lundi en fin de journée ou même mardi. Il s'ajoute que le duel s'annonce serré et que le vainqueur pourrait ne devancer son rival que d'une très courte tête. Avec 43,3 % des voix, Julius Maada Bio du Sierra Leone People's Party (SLPP) avait remporté le premier tour de justesse contre Samura Kamara de l'All People's Congress (APC) qui s'est contenté de 42,7%.
Des défis attendent le prochain président
L'annonce des résultats du second tour sera donc décisive pour trancher ce coude-à-coude entre l'ex-chef de la junte et l'ex-chef de la diplomatie. Dans tous les cas, les chantiers qui attendent le prochain président ont tout des travaux d'Hercule. Il faudra relever l'économie d'un des pays les plus pauvres du monde, victime de la chute des cours des minerais, principaux moteurs de l'économie du pays.
De plus l'épisode Ebola de 2014 et la gestion de la coulée de boue d'août 2017 ont fini de déteindre sur l'image du pays à l'international au moment où le FMI annonce une faiblesse des recettes de l'Etat. Sur le plan social, l'inflation et la cherté des denrées de première nécessité sont autant de bombes à retardements.
Pour ne rien arranger, le versement du «chèque de l'espoir» qui devait permettre de soutenir la relance de l'économie a finalement été soumis à négociations avec le FMI. Des pourparlers qui s'annoncent houleux en guise de cadeau empoisonné pour le nouveau président.
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