Situation des droits de l'homme au Togo : Amnesty dénonce, le gouvernement répond

Dans son nouveau rapport sur la situation des droits de l'homme au Togo, rendu public ce vendredi 23 février, Amnesty International dénonce les «graves violations des droits humains» et fait état d'un recours «excessif à la force» par les autorités. Le gouvernement togolais a vite réagi en qualifiant «d'infondé» le contenu du rapport.
Le rapport d'Amnesty International sur le Togo revient notamment sur les manifestations violentes qu'a connues le pays depuis le début de la crise politique en août 2017.
Le rapport d'Amnesty International sur le Togo revient notamment sur les manifestations violentes qu'a connues le pays depuis le début de la crise politique en août 2017. (Crédits : Reuters)

Le calme relativement de retour, voici l'heure des bilans de la crise sociopolitique que traverse le Togo depuis le 19 août 2017, marquée notamment par des violences meurtrières. Dans son rapport 2017 sur la situation des droits humains au Togo, l'organisation Amnesty International dénonce au le recours excessif à la force, la restriction de la liberté d'expression, la fermeture des médias et les arrestations des dirigeants associatifs.

«Les autorités ont continué de restreindre les droits à la liberté d'expression et de réunion lors de manifestations de masse organisées par des groupes d'opposition », note le rapport Amnesty en expliquant que «les forces de sécurité ont eu recours à une force excessive contre des manifestants : 11 personnes au moins ont été tuées. Les arrestations et détentions arbitraires, la torture et les autres formes de mauvais traitement, ainsi que l'impunité en cas de violations des droits humains, avaient toujours cours».

Sur ce dernier point, le rapport indique qu'en dehors du fait que le pays a pris des engagements pour prévenir la torture et les autres violations des droits humains commises par les forces de sécurité, et à veiller à ce que toute personne soupçonnée de tels agissements fasse l'objet d'une enquête satisfaisante et de véritables poursuites, les responsables présumés des violations des droits humains commises au cours des violences ayant émaillé l'élection présidentielle de 2005 sont toujours en liberté.

Revenant sur les violences intervenues entre août et octobre 2017, lors des manifestations publiques de l'opposition dans plusieurs villes, Amnesty indique que les autorités «ont fait évacuer des contestataires avec violence, frappé des membres de l'opposition et maltraité des journalistes».

Concernant le droit à l'information et la liberté d'information, les critiques contenues dans le rapport sont virulentes. Le document fait cas du retrait de fréquences aux médias togolais City FM (radio) et La Chaîne du Futur (télévision), accusés de ne pas avoir respecté la réglementation en vigueur.

Les autorités togolaises ont «arrêté des dirigeants associatifs et des leaders de l'opposition en raison des opinions dissidentes qu'ils exprimaient. Elles ont également bloqué l'accès à Internet pour empêcher des militants et des journalistes de signaler des violations», ajoute Amnesty.

«Des ramassis d'allégations approximatives»

La réaction des autorités togolaises ne s'est pas fait attendre. Gilbert Bawara, ministre togolais de la Fonction publique et porte-parole du gouvernement, a laissé entendre que l'organisation se livrait à un «activisme débordant». Il a dénoncé des rapports sur le Togo «habituellement avec une légèreté déconcertante, des ramassis d'allégations approximatives et souvent totalement infondées».

«Participer au sensationnel, relayer les affabulations d'activistes inféodés à certains milieux politiques ou rapporter les on-dit sans aucun recoupement préalable ni vérification ne sert aucunement la cause des droits de l'homme ... Il y a en ce moment, des situations très préoccupations de violations massives des droits de l'homme et d'atrocités contre les populations civiles à travers le monde, et personne n'a entendu Amnesty International s'en préoccuper », a déclaré Gilbert Bawara.

Rejetant le contenu du rapport, le responsable gouvernement n'hésitera pas à mettre en doute la méthodologie de travail de l'ONG : «D'une part, la procédure et la méthode utilisée, avec une simple complication d'affabulations et d'allégations grossières, sans chercher nullement à les confronter et à la vérifier auprès des autorités ou sources dignes de foi. Il s'agit là d'une méthode cavalière qui ne permet nullement de parvenir à des affirmations et des assertions vérifiables », a dénoncé Bawara. Selon lui, Amnesty n'a pas fait suffisamment d'effort pour vérifier les informations, puis les avoir dans leur version complète afin de mieux en juger.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.