Présidentielle au Liberia : la commission électorale rejette l’annulation du premier tour

Au Libéria, la NEC, la commission électorale, a abrégé l’attente angoissante des électeurs. Elle a rejeté les recours en annulation de trois partis, dont celui au pouvoir, pour faire annuler le premier tour de la présidentielle auquel George Weah et Joseph Balai son arrivés en tête. Mais plutôt que de conduire à un second tour, le rejet de ce recours risque fortement d’enclencher un bras de fer entre la NEC et la cour constitutionnelle et de prolonger la crise électorale.
Ibrahima Bayo Jr.
Les deux candidats à la présidentielle du Libéria, George Weah et Joseph Boakai.

«La demande des parties pour que l'élection soit organisée une nouvelle fois est par conséquent rejetée». Lorsque Davidetta Lassana vient de finir la lecture à la presse, ce vendredi 24  novembre, du communiqué de la National electoral commission (NEC, la commission électorale) dont elle est membre, c'est peut-être un début de délivrance pour le Liberia.

Pas de «preuve irréfutable»

Début novembre, à la veille du second tour qui devait opposer le sénateur et ex-star footballistique George Weah au vice-président sortant Joseph Boakaï, la Cour constitutionnelle avait décidé, à la surprise générale, de suspendre le processus électoral.

Saisie par deux partis d'opposition et le parti au pouvoir qui dénonçaient des «irrégularités systématiques» au premier tour, la Cour constitutionnelle avait ordonné à la NEC d'examiner ce recours en annulation.

Mais en rendant les résultats de l'examen ce vendredi, le conseil de la Commission électorale a estimé que les trois requérants n'ont pu établir la «preuve irréfutable» des irrégularités dénoncées comme l'exige la Constitution, que le premier tour du 10 octobre avait été entaché de fraudes.

La balle dans le camp de la Cour constitutionnelle

La NEC indique avoir fourni des explications qui «prouvent le contraire» des éléments de preuve présumés que les plaignants ont versé à leur plainte.

A l'analyse, la NEC, engagée dans une sorte de bras de fer juridique et de compétence, renvoie la balle dans le camp de la Cour constitutionnelle libérienne à qui elle ne reconnaît pas la légitimité de trancher les litiges électoraux, mais qui l'a enjoint de revoir sa copie. La Cour dispose désormais de sept jours pour se prononcer sur l'annulation du premier tour qui conduirait à reprendre l'élection présidentielle avec... 20 candidats !

Dans le camp de George Weah où cette suspension est ressentie comme une manœuvre du pouvoir de barrer la route à l'Executive Mansion au sénateur qui n'appartient pas à l'élite américano-libérienne, la tension monte.

Difficile de dire si l'ex-footballeur peut retenir ces partisans à mesure que s'approche le verdict final de la Cour constitutionnelle. Il le faudra pourtant puisque l'incertitude juridico-politique convoque déjà les démons de la série de guerres civiles qui a ravagé le pays entre 1989 et 2003 et fait 250 000 morts. L'avenir politique est désormais suspendu aux lèvres du président de la Cour constitutionnelle.

Ibrahima Bayo Jr.

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