Côte d’Ivoire : la fronde gagne les forces spéciales

La fièvre des mutineries se répand-t-elle dans les casernes ivoiriennes ? Près d’un mois après les mutineries des militaires avec Bouaké comme épicentre, le bruit des armes, dans ce qui s’apparente à une mutinerie, se fait à nouveau entendre.
Ibrahima Bayo Jr.
Des soldats des forces spéciales de Côte d'Ivoire, lors d'une parade militaire.

La colère des casernes s'exprime à nouveau en Côte d'Ivoire. Ce mardi 07 février, des hommes en tenue militaire à bord de véhicules des forces spéciales ivoiriennes ont tiré en l'air à Adiaké obligeant les populations à fermer leurs commerces et à se calfeutrer chez eux. Cette bourgade, située à 90 kilomètres seulement d'Abidjan, abrite une base militaire de formation des marines chargés de la sécurisation de la frontière avec le Ghana.

Des revendications financières

A l'origine de ce mouvement d'humeur militaire dans cette localité stratégique, des motifs financiers. Selon des sources concordantes, les mutins réclameraient des primes similaires à ceux réclamer par les mutins de Bouaké. Ces derniers, environ 8.500, ont obtenu le versement de quelque 5 millions de FCFA comme premier versement suivi d'un paiement mensuel d'un million de FCFA par mois, après une mutinerie de quelques jours.

De quoi aiguiser les appétits et attiser la jalousie d'autres. Des gendarmes et des militaires non concernés par cet « émolument financier » d'Etat, s'étaient alors mutinés à leur tour avant que les autorités n'annoncent un plan d'urgence pour calmer la situation.

Pourtant, la « mutinerie » d'Adiaké n'est seulement à mettre sur le compte d'un mécontentement contagieux dans les casernes. Selon des médias locaux, les membres des forces spéciales qui ont pris les armes, ce mardi 07 février, sont sous le commandement du Général Lassine Doumbia promu il y a peu, chef d'état-major général adjoint (CEMGA adjoint). Ce dernier aurait grugé ses hommes d'une partie de leur prime quotidienne et de leurs émoluments mensuels.

Vers une nouvelle refonte de l'armée ivoirienne

C'est d'ailleurs le Général Lassina Doumbia qui prendra la tête de la délégation chargée de négocier avec les soldats mutins pour tenter de gérer cette crise au sein de la « Grande muette ». Les discussions avec le Général et ses hommes promettent d'être électriques. Vagondo Diomandé, le chef d'état-major du président Alassane Ouattara tentera peut-être de concilier les positions.

Le calme est revenu dans la caserne d'Adiaké. Toujours est-il que cette succession de mutinerie donne l'impression d'une fébrilité du pouvoir d'Alassane Ouattara, tenu en étau entre les ex-rebelles et les loyalistes qui ont fusionné pour donner l'armée ivoirienne.

Mais avec la fin du second mandat d'Alassane Ouattara prévue pour 2019, les ex-rebelles qui ont combattu pour porter ADO au pouvoir, veulent recevoir les primes promises depuis 2010. Ceux non concernés par ces primes souhaitent aussi saisir cette occasion pour recevoir leur part du gâteau.

Pour calmer le jeu, le président avait annoncé fin 2016, la loi de programmation militaire. Celle-ci prévoit le rééquipement de l'armée ivoirienne pour une enveloppe de 1,2 milliard d'euros et la refonte des effectifs. Ce dernier point est la dernière goupille d'une grenade que l'Etat ivoirien manipulera avec précaution.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaire 1
à écrit le 25/08/2017 à 16:00
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quand j'entends l'armée ...d'un pays africain cela me fait toujours rire mdrrrrrr.......je les compare à la police européene et encore!!

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