Mali / élections : le président de la CENI relativise les insuffisances

7 millions de Maliens étaient appelés aux urnes, ce dimanche 20 novembre, pour choisir leurs 12.000 conseillers communaux. Après plusieurs reports et une prolongation du mandat des conseillers arrivé à terme, ce sont les premières élections à se tenir depuis l'élection du président Ibrahim Boubacar Keïta en 2013. Des électionsqui se sont déroulées sous extrême tension alors que des violences sont relevées dans le nord du pays. Cette menace sécuritaire explique peut-être une faible participation et un possible manque de crédibilité du scrutin. Pour analyser tous ces enjeux, Mamadou Diamoutani, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) répond aux questions de La Tribune Afrique avant la publication des résultats définitifs.
Ibrahima Bayo Jr.
"Lorsque certains incidents ne permettent pas à l'électeur de faire le choix désiré pour insuffisance par exemple de bulletins de vote, on ne peut pas dire que ce scrutin est crédible", déclare à La Tribune Afrique Mamadou Diamoutani, président de la Commission électorale nationale indépendante

LTA:   Quel bilan global faites du déroulement des élections de dimanche dernier ? Certaines insuffisances relevées n'entachent-elles pas la crédibilité du scrutin ?

Mamadou Diamoutani : Pour ces élections, nous avons eu affaire à trois défis. Le défi de la sécurité, le défi de la mobilisation des électeurs et le défi de la transparence dans le processus électoral, surtout le jour du vote. Le défi sécuritaire est ici un problème essentiel. Le déroulement que nous avons suivi sur le terrain hier [dimanche 20 novembre, ndlr] et les jours précédents ont montré un réel problème de sécurité au nord et dans une partie du centre du pays notamment à Mopti, les régions de Tombouctou et de Gao. Sur l'organisation matérielle, nous avons noté plusieurs insuffisances qui vont de la gestion des bulletins au déploiement du matériel électoral dans les centres pour les opérations de vote. Dans certaines localités, le matériel a été brûlé, dans d'autres, quelques bureaux seulement ont pu ouvrir.

Lorsque certains incidents ne permettent pas à l'électeur de faire le choix désiré pour insuffisance par exemple de bulletins de vote, on ne peut pas dire que ce scrutin est crédible. C'est la raison pour laquelle, dans certaines communes, le vote a été repris ce matin [lundi 21 novembre, Ndlr] car il y avait des bulletins manquants. Sur certains bulletins, il manquait le logo du parti d'un des candidats. Nous avons donc choisi de reprendre les opérations de vote dans ces communes. Il faut relativiser quand même tout ceci puisqu'il y a certaines localités où le vote s'est bien déroulé notamment à Bamako et globalement dans les régions du sud du pays. Même au nord la tendance n'est pas homogène, dans certaines parties, le vote s'est bien déroulé.

Ce scrutin a une valeur de test pour la situation politique du pays. Il servira de base pour l'organisation des prochaines élections à venir ?

Nous allons suivre et tiré les leçons de ce qui n'a pas marché lors du scrutin d'hier, les points forts, les points faibles. Il faut souligner que des négociations sont encore et les autorités intérimaires vont être mises en place. Ce qui permettra qu'au moment de l'organisation des élections régionales et locales, le référendum, arriveront à un moment où la situation politique sera apaisée pour permettre d'organiser convenablement ces élections.

Si ces élections se passent globalement bien, pourront-elles présager d'un retour de la paix définitive au Mali ?

Il faut prendre en compte que ces élections se passent à un moment particulièrement difficile. Nous n'avons pas connu une situation aussi tendue. Depuis 2012, le Mali est plongé dans une situation de crise que nous n'avons jamais connue : crise politique, militaire et sécuritaire... Il faut reconnaître que le pays organise ces élections dans un contexte particulièrement difficile surtout dans les régions nord. Après quatre reports et une prolongation de plus de 2 ans du mandat des conseillers communaux, il fallait absolument organiser ces élections. Des dispositions vont être prises pour que partout où le scrutin n'a pas pu se tenir, la loi électorale et le code des collectivités nous permettent d'agir et de ne pas être en dehors de la légalité.

Sans hésitation donc, la réponse à la question est assurément oui. Il faut savoir que toute élection est un baromètre de la santé politique, de santé de la bonne gouvernance.

Ibrahima Bayo Jr.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.