Sud-Soudan : l'aveu d’échec des Nations-Unies

La situation au Sud Soudan inquiète de plus en plus le SG de l’ONU et les pays occidentaux. En témoigne la proposition de résolution américaine au Conseil de sécurité, appelant à la mise en place d’un embargo sur les armes envers Juba. Une mesure qui serait accompagnée de sanctions ciblées à l’encontre de membres du gouvernement de Salva Kiir. Un baroud d’honneur diplomatique de l’administration Obama en toute fin de mandat, qui renseigne sur l’impuissance des casques bleus présents sur le terrain.
Amine Ater
L'échec de la Minuss sur le terrain, oblige le Conseil de sécurité à étudier des mesures allant de l'embargo d'armes jusqu'aux sanctions économiques contre les dignitaires sud-soudanais pour éviter des massacres de masse

Dans sa dernière ligne droite, l'administration Obama semble vouloir mobiliser ce qu'il lui reste de mandat pour proposer au Conseil de Sécurité de l'ONU d'adopter une résolution imposant un embargo sur les armes au Soudan du Sud. Une manœuvre diplomatique qui viserait à prévenir « des atrocités de masse », selon l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU, Samantha Power. Cette proposition de résolution compte également des sanctions ciblées à l'encontre d'individus coupables d'exactions, notamment le gel d'avoirs financiers et l'interdiction de voyager.

Ce mouvement américain vient suite à la publication un rapport interne de l'ONU, où son SG, Ban Ki-moon, met en garde contre le risque « d'atrocités de masse » au Sud-Soudan, « notamment du fait de la recrudescence des discours haineux et de l'incitation aux violences ethniques constatée depuis quelques semaines. Nous devons définir clairement ce que le système des Nations unies pourrait faire ou ne pas faire dans cette éventualité », précise le rapport.

Casques bleus impuissants et ballet diplomatique

Tant le rapport, que la position américaine représentent un véritable aveu d'échec pour les 13.000 soldats et 2.000 policiers qui forment la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss). Un constat d'échec confirmé par le rapport qui estime qu' « il doit être bien compris que les opérations de maintien de la paix des Nation unies n'ont pas l'amplitude, les effectifs ni les capacités nécessaires pour intervenir en cas d'atrocités de masse ».

Le gouvernement Sud-soudanais est également accusé par l'ONU et les Etats-Unis d'obstruer le déploiement d'une force africaine de 4.000 hommes, censés épauler les casques bleus. Le SG des Nations Unies parle même d'une volonté du gouvernement de Salva Kiir de diluer l'impact de la force de protection et d'affaiblir la capacité de la Minuss à surveiller la dégradation de la sécurité, de la situation humanitaire. S'y ajoutent de constantes restrictions à la liberté de circulation de casques bleus.

La volonté américaine d'imposer un embargo sur Juba, vise à éviter un nouveau scénario rwandais ou bosniaque. Cette mesure, si elle est adoptée serait mise en place pour une durée d'un an, et ce, afin de prévenir la vente, directe et indirecte, voire le transfert vers le Sud-Soudan d'armes de tous types et d'équipements militaires. Les pays limitrophes seront sollicités pour inspecter les cargaisons des navires et avions soupçonnés de convoyer des armes vers le Sud-Soudan.

Reste pour le S.G et les Etats Unis d'éviter un veto russe, les représentants de Moscou ayant déjà désigné cette mesure comme prématurée et inefficace. L'option de sanctions ciblées a également été critiquée par les russes. Selon ces derniers, imposer des sanctions aux dirigeants sud-soudanais ne ferait que retarder encore plus le déploiement du contingent africain. Une position partagée par Pékin.

Amine Ater

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