Le sujet fait débat depuis plusieurs années, mais aujourd'hui, plus que jamais, la présence des petites et moyennes entreprises (PME) sur les places financières africaines s'érige en nécessité, pour permettre à ces dernières de gagner le combat de leur développement et de la vulgarisation du financement par le marché des capitaux. C'était l'un des points saillants des travaux qui ont récemment réuni à Casablanca 26 Bourses de valeurs mobilières africaines lors de la 24ème conférence annuelle de l'African Securities Exchanges Association (ASEA) placée sous le thème : « Les marchés financiers, moteur clé de l'émergence africaine ».

« L'Afrique, marché de PME par excellence »

Les dirigeants de places financières du continent ont notamment appelé les gouvernements à une coopération bilatérale afin de créer un environnement qui incite les PME à réaliser des introductions en bourse (IPO). « L'Afrique est un marché de PME par excellence pour qui il faudra adapter les offres afin d'encourager leur financement par les bourses africaines », a déclaré Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) et président de l'ASEA.

Les PME constituent en effet l'écrasante majorité du tissu économique africain, mais restent les moins présentes sur les places financières. Sur les 2400 entreprises cotées sur les 26 bourses de valeurs mobilières réunies au sein de l'ASEA [pour une capitalisation boursière de 1 600 milliards de dollars, soit 61% du PIB du continent], peu d'entre elles sont des PME et les différentes campagnes menées pour inciter ces dernières à réaliser des IPO ont eu, dans le temps un succès relatif. Parmi les obstacles a un recours aux marchés financiers par les PME : le manque d'éducation financière, la culture de la discrétion financière qui s'oppose au principe de communication financière auquel doit se conformer toute entreprise désireuse de se financer par le marché des capitaux...

Une alternative financière pour la relance des PME

Mais alors qu'il est désormais question de relancer les économies et que cela implique une relance des entreprises, il devient crucial de diversifier les sources de financement pour le secteur privé. C'est en cela que les marchés boursiers émergent comme une alternative non négligeable, estime l'ASEA. Plusieurs initiatives lancées notamment par la BRVM ont permis de pousser des PME vers la bourse, mais celles-ci restent encore nombreuses en dehors du circuit.

« Nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics pour la dynamisation de nos marchés », a insisté Tarik Senhaji, directeur général de la Bourse de Casablanca et hôte de la rencontre. « Nous devons nous mobiliser, a-t-il poursuivi, avec notre écosystème ainsi que celui des entreprises du secteur privé pour mettre en valeur les avantages des financements par IPO, innover et adapter nos offres notamment au profit des PME pour activer leur financement. [...] Nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics pour la dynamisation de nos marchés ».

L'interconnexion des bourses en projet

Outre cet appui des pouvoirs publics recherché par les places financières africaines, l'ASEA porte depuis quelques années le projet d'interconnexion des bourses régionales. Cela permettrait entre autres de faciliter leur développement au bénéfice des entreprises. « Les bourses africaines doivent se connecter afin d'offrir plus d'options de financement pour les entreprises et plus d'outils pour les investisseurs », a déclaré Edoh Kossi Amenounve, soulignant que le projet sera bientôt sur les rails.