Liberia : le président Weah en quête d'investissements à Tel-Aviv

Le président libérien effectue depuis mardi 26 février une visite officielle d’Etat en Israël où il a rencontré ce jeudi à Jérusalem le président et le Premier ministre de l’Etat hébreu. L’occasion pour Georges Weah de présenter aux hommes d’affaires israéliens les opportunités d’investissements dans son pays et l'occasion d’accompagner sa stratégie de lutte contre la pauvreté. Le Liberia est un des rares et fidèles alliés d’Israël en Afrique, et pour Netanyahu, un tremplin pour étendre l’influence de l’Etat hébreu en Afrique de l’Ouest.
Le président Georges Weah lors de sa rencontre avec son homologue israélien Reuben Rivlin, le 28 février 2019 à Jérusalem.
Le président Georges Weah lors de sa rencontre avec son homologue israélien Reuben Rivlin, le 28 février 2019 à Jérusalem. (Crédits : DR)

Le Premier ministre israélien a certainement l'esprit ailleurs, ce jeudi 28 février, jour décisif où il doit attendre la décision du procureur général qui pourrait l'inculper pour corruption, mais a tenu malgré tout à honorer le président libérien en visite dans le pays. Les deux hommes d'Etat ont en effet eu un entretien bilatéral à Jérusalem, une rencontre qui constitue le moment fort de la visite officielle de travail qu'a effectué du 26 au 28 février le président Georges Manneh Weah en Israël. L'occasion pour le chef d'Etat libérien et Benyamin Netanyahu de faire le point sur l'état de la coopération entre les deux pays et annoncer de nouvelles mesures destinées à renforcer les relations entre les deux pays, notamment dans le domaine économique.

Quelques heures auparavant, le président Weah s'était déjà entretenu avec le président l'État d'Israël, Reuben Rivlin, avec qui il a convenu de hisser leur partenariat de longue date, à un nouveau palier. Le président du Liberia a saisi l'occasion pour témoigner toute sa reconnaissance à ses hôtes, pour «le rôle inestimable qu'a joué l'État d'Israël» pour accompagner son pays dans plusieurs domaines parmi lesquels la lutte contre l'épidémie d'Ebola qu'a connue le pays en 2014 et a salué les efforts déployés par Israël pour développer les infrastructures au Liberia, notamment la construction de l'hôtel de ville de Monrovia, du palais de la justice, ainsi que la rénovation de l'Executive Mansion, le palais présidentiel, et du Ducor Palace Hotel.

«Le Liberia continuera de se tenir aux côtés d'Israël pour assurer le rétablissement d'une paix véritable avec ses voisins», a déclaré le chef du gouvernement libérien au sortir de son entretien au complexe présidentiel de Jérusalem. Selon un communiqué de la présidence libérienne, Georges Weah a aussi exhorté Israël à «poursuivre le dialogue avec ses voisins, ce qui constitue ainsi le moyen le plus sûr de parvenir à une paix durable dans cette région».

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En réponse, le président israélien a assuré à son homologue que son pays continuera toujours à accompagner le Liberia, «un véritable allié traditionnel». Le président Reuven Rivlin n'a pas manqué de rappeler que, «le Liberia a été l'un des premiers pays au monde à voter pour l'instauration d'une solution à deux États, arabes et juifs, ainsi qu'à reconnaître l'État juif d'Israël comme un pays indépendant». C'est pourquoi les responsables israéliens ont assuré Georges Weah, «qu'Israël n'oubliera jamais le Liberia», tout en réitérant leur engagement à accroître l'aide au développement en faveur du pays. «Nous soutenons déjà le Liberia dans les domaines de la santé, de l'agriculture et du renforcement des capacités dans plusieurs secteurs», a déclaré le président Rivlin qui a promis que l'Etat hébreu augmentera son soutien dans tous les domaines, notamment les technologies, la sécurité ou le commerce.

Monrovia, fidèle allié d'Israël en Afrique

Le Liberia est un des rares et fidèles alliés d'Israël en Afrique et particulièrement en Afrique de l'Ouest. En novembre 2007, Benyamin Netanyahu avait déjà effectué une visite officielle d'Etat, sur invitation de l'ancienne présidente Ellen Johnson-Sirleaf, afin d'assister à un sommet des chefs d'Etat de la CEDEAO. Arrivé au pouvoir en janvier 2018, Georges Weah peine encore à concrétiser ses promesses de changement et surtout de prospérité pour la population qui continue à payer le lourd tribut des années de guerre civile qu'a connues le pays dans les années 1990. En quête de nouveaux soutiens, sa visite à Tel-Aviv s'inscrit surtout dans le cadre d'une mobilisation de financements en faveur de plusieurs initiatives qu'il a lancées dans afin de lutter contre la pauvreté.

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Opportunités d'investissements

Weah n'a d'ailleurs pas manqué de présenter les objectifs du «ProPoor Agenda for Development» (PAPD) initié par son gouvernement afin d'améliorer le pouvoir d'achat de la population, créer des emplois et relancer l'économie. Dès son arrivée mardi dernier en Israël, il s'est rendu à l'Agence israélienne pour le développement international (MASHAV) qui apporte un soutien financier, mais aussi une expertise au Liberia dans les secteurs de l'agriculture et de la santé. Le président Weah a par la suite rencontré des hommes d'affaires israéliens et effectué des visites dans plusieurs entreprises spécialisées, notamment dans l'agriculteur, un domaine où il entend désormais positionner son pays.

A tous ses interlocuteurs, le chef de l'Etat libérien a sollicité d'investir dans son pays qui recèle d'importantes ressources naturelles afin notamment de renforcer la paix et d'améliorer la gouvernance, seule alternative au développement. «Une paix durable ne peut être maintenue que si elle est renforcée et soutenue par la croissance et la prospérité pour tous», a souligné le chef de l'Etat libérien qui a reconnu que malgré le début de la mise en œuvre des politiques de réduction de la pauvreté et d'amélioration du bien-être de la population, «nous constatons que notre économie est affectée négativement par des chocs économiques externes, notamment la baisse des prix de nos produits d'exportation sur les marchés mondiaux comme le minerai de fer et le caoutchouc». Pour Weah, c'est ce qui entraîne une situation défavorable de la balance des paiements, caractérisée par une dépréciation du dollar libérien par rapport au dollar américain, et qui plombe les efforts de son gouvernement de tenir ses promesses de développement.

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Par conséquent, il a insisté pour un appui en faveur du développement de l'agriculture et des infrastructures à travers des investissements, seules alternatives pour la revitalisation de l'économie libérienne, d'autant que le pays est doté d'une faible population, avec toutefois d'importants gisements en ressources naturelles. Des arguments sur lesquels Georges Weah compte pour séduire les investisseurs israéliens même si pour Netanyahu, le renforcement des relations avec Monrovia obéit plutôt à un impératif géopolitique dans le cadre de sa stratégie d'étendre l'influence d'Israël en Afrique.

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