Cameroun : la défense des victimes du drame d'Eséka contre-attaque et dénonce Camrail

Suite à une note d'information de Camrail les accusant de bloquer le processus d'indemnisation des victimes de l'accident de train d'Eséka à «des fins mercantiles», le collectif d'avocats Fru-Voukeng-Tougoua a réagi cette fin de semaine en rendant public un «droit de réponse» à l'endroit de la filiale du groupe Bolloré.
L'accident ferroviaire d'Eséka, survenu le 21 octobre 2016 près de la gare de la ville d'Eséka sur la ligne Douala-Yaoundé, avait fait 79 morts et 600 blessés.

Le feuilleton de l'indemnisation des victimes de l'accident ferroviaire, survenu le 21 octobre 2016 près de la gare d'Eséka sur la ligne Douala-Yaoundé, n'est pas près de connaître son dénouement. Répondant à une accusation de l'entreprise de transport Camrail de sabotage du processus d'indemnisation des victimes du drame, le collectif d'avocats Fru-Voukeng-Tougoua n'a pas laissé passer l'occasion de riposter à cette dernière.

Dans son droit de réponse, le collectif précise que «le transporteur [Camrail, NDLR] veut imposer une indemnisation représentant 9,4% de la réparation intégrale des rescapés et victimes et s'en prend à leurs avocats». Les avocats ajoutent qu'au nom de leurs clients (160 blessés, 9 familles de décédés et deux familles de disparus, d'après le collectif), ils ont dès le lendemain du drame «vainement pris contact avec la direction générale de Camrail alors en place, pour essayer de valider la procédure de traitement de dossiers suggérée au collectif par des médecins de l'Ordre et des membres de l'Association des sociétés d'assurance du Cameroun». Le collectif Fru-Voukeng-Tougoua indique également qu'il est entré en contact, le 23 janvier 2017 à Rome, avec «l'assureur véritable de l'activité africaine de l'actionnaire principal du transporteur », puis le 19 février 2017 à Paris, avec «l'avocat en chef de l'actionnaire majoritaire» de Camrail. Toutes ces tentatives, déclare le groupe d'avocats, auraient échoué.

La défense des victimes du drame accuse à son tour Camrail de faire «désormais feu de tout bois pour se débarrasser de la question d'indemnisation au plus vite», depuis la communication du président Paul Biya à la fin du mois de mai 2017.

Camrail accusé de «mensonges»

Dans leur droit de réponse, les avocats des victimes ont tenu aussi à réagir aux informations avancées par Camrail sur les prescriptions concernant les délais d'indemnisation. «Toute information faisant état d'une éventuelle prescription, c'est-à-dire une date limite au-delà de laquelle Camrail refuserait d'indemniser, est fausse», informe Fru-Voukeng-Tougoua.

Le collectif de juristes explique que «conformément au code de commerce dont certaines dispositions non modifiées par le droit OHADA demeurent en vigueur, la prescription en matière de dommages et intérêts ferroviaires est d'un an, à compter de la date du sinistre». Le groupe dit même avoir sollicité, auprès de Camrail depuis le 29 novembre 2016, «en vain», la renonciation à cette «prescription abrégée, pour permettre aux blessés qui sont encore en phase lourde de traitement de continuer leurs soins dans la sérénité».
Pour rappel, le transporteur avait qualifié de «mercantilistes». Camrail a dit dénoncer «l'attitude et les pratiques de certains agents et collectifs d'avocats qui, agissant à des fins mercantiles, bloquent toute discussion d'indemnisation et se livrent à une désinformation qui nuit à l'intérêt des familles» des victimes.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.