Maroc : les patrons misent sur la transformation pour pérenniser leurs entreprises sur la décennie

Si le contexte économique actuel fait régner l’incertitude quant à l’avenir, les chefs d’entreprises marocains estiment pour la plupart que la croissance de leur business est désormais suspendue à leur capacité de transformation.
Ristel Tchounand
(Crédits : DR)

Près d'un dirigeant sur deux au Maroc pense que son entreprise ne résistera pas sur les dix prochaines années sans une transformation du mode de fonctionnement, selon la première édition de l'enquête CEO Survey Maroc de PricewarterhouseCoopers (PwC) fraichement publiée. Les patrons d'entreprises s'attendent en effet à ce que plusieurs changements -initiés par les récentes crises internationales- se poursuivent ou s'accentuent : l'évolution de la demande des clients et de leurs exigences ; les évolutions réglementaires ; la transition vers de nouvelles sources d'énergie ; les perturbations des chaines d'approvisionnement ; les disruptions technologiques avec l'avènement de l'intelligence artificielle (IA), le métavers et la blockchain, ou encore l'arrivée de nouveaux concurrents issus des secteurs d'activités analogues.

« Sujet optionnel » devenu « sujet prioritaire »

Pour ces raisons, les dirigeants d'entreprises au Maroc entendent investir à différentes échelles à compter l'année en cours, afin d'évoluer avec leur écosystème économique. A ce titre, la montée en compétence des talents dans les domaines prioritaires, l'automatisation des processus et systèmes ainsi que le déploiement technologique constituent les trois premières cibles d'investissement. Viennent ensuite l'adoption de sources d'énergie alternatives, l'ajustement de la chaine d'approvisionnement de l'entreprise et la décarbonisation du modèle économique de celle-ci, pour ne citer que cela. « Les crises récurrentes sont aujourd'hui saisies par les dirigeants comme des accélérateurs de changement et de la transformation », déclare Réda Loumany, Territory Managing Partner de PwC au Maroc, soulignant que la logique dans laquelle s'inscrivent les dirigeants d'entreprises s'intègre à l'état d'esprit du Nouveau modèle de développement économique du royaume.

Le tissu économique marocain -comme partout ailleurs en Afrique- étant dominé par les petites et moyennes entreprises, la transformation des entités est-elle (réellement) aisément envisageable, au moment où l'économie nationale subit les revers de la conjoncture mondiale défavorable qui prévaut suite à la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ? « Le contexte d'incertitude économique présente au contraire un avantage, il a fait passer la transformation des entreprises du statut de ''sujet optionnel'' à celui de ''sujet prioritaire'' pour les dirigeants », répond à La Tribune Afrique Jonathan Le Henry, Partner Strategy& (l'entité de conseil en stratégie de PwC), responsable des activités Strategy& au Maghreb. D'après lui, la situation qui prévaut dans le monde depuis trois ans -et qui impacte directement et indirectement chaque région et chaque pays- a rendu évidente la nécessité d'évolution des entreprises qui veulent s'assurer une croissance durable à l'avenir. « S'il existe des spécificités d'un secteur à un autre, la dynamique d'ensemble reste pour autant la même. Aucun secteur ne peut faire fi de la nécessité de se transformer », insiste l'expert.

Le financement, un challenge qui ne freine pas l'ardeur des CEO ?

Sur le plan macroéconomique, 71% des dirigeants d'entreprises au Maroc ne sont pas optimistes quant à la croissance économique nationale pour laquelle ils s'attendent à un ralentissement en 2023, alors que l'inflation reste galopante, affichant 9,4% au premier trimestre selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP). Alors que les taux d'intérêt sont généralement en hausse, les stratégies de transformation des entreprises devraient probablement affiner la fonction financement. « La transformation des entreprises est effectivement un défi souvent plus accentué pour les PME dans la mesure où la mobilisation des moyens financiers et organisationnels, nécessaires à cette transformation, est parfois plus complexe », explique Jonathan Le Henry. « Notre tissu économique, poursuit-il, est constitué d'un grand nombre de PME dont une large partie exporte vers des marchés extérieurs. À ce titre, elles doivent trouver de nouveaux leviers de compétitivité. Les dirigeants ont dépassé la question de la complexité opérationnelle de la transformation. Ils sont conscients que dans la période actuelle, la seule réponse durable qu'ils puissent donner à la volatilité économique est d'accélérer le processus de transformation de leurs entreprises ».

Plusieurs autres sujets tels que les risque liés à la cybersécurité des entreprises ou les changements climatiques avec notamment la prise de conscience des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont également regardés, plus ou moins étroitement par les chefs d'entreprises. En attendant d'atteindre leurs objectifs de transformation, les CEO marocains encadrent déjà leurs actions prioritaires afin de contrer les éventuels chocs et maintenir leur bateau à flot. En première ligne de leur actions : la réduction des charges d'exploitation, la diversification et l'augmentation des prix de leurs produits et services ou la recherche d'autres fournisseurs...

Ristel Tchounand

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