Kenya : le spectre du surendettement hypothèque l’investissement en infrastructures

Les craintes de Nairobi sur son niveau d’endettement viennent de pousser les autorités à retarder le lancement du plus important chantier d’infrastructure depuis l’indépendance du pays en 1963. Valorisé à 3,5 milliards de dollars, le projet d’autoroute devait relier la capitale à la ville portuaire de Mombasa et devait également être financé grâce à des prêts.
(Crédits : Reuters)

Le niveau d'endettement du Kenya vient de pousser Nairobi à retarder le lancement des travaux du deuxième plus grand projet d'infrastructure de l'histoire post-coloniale du pays. L'autoroute urbaine et interurbaine dont le budget a été fixé à 3,5 milliards de dollars a fait ainsi les frais des craintes de l'exécutif de se retrouver en situation de surendettement.

L'endettement se creuse depuis 2012

Le Kenya a entrepris depuis quelques années, un mouvement de construction d'infrastructures de manière à soutenir sa croissance économique. Des projets d'envergures qui sont pour la plupart financés par des prêts chinois, suscitant au passage des inquiétudes sur la viabilité de cette dette pour la plus importante économie d'Afrique de l'Est, forte de 71 milliards de dollars de PIB.

L'ardoise kényane pourrait atteindre 58% du PIB brut à la fin juin, contre 40,6% en 2011-2012, selon les estimations de la Banque mondiale. La construction de l'autoroute à 4 voies de 473 km qui devait relier Nairobi à la deuxième ville et principal port du pays Mombasa est la première victime de cette situation. Ce chantier de taille a été confié au groupe américain Bechtel qui a arrangé des prêts commerciaux pour permettre au Kenya d'entreprendre le projet.

Bechtel reste confiant

L'entreprise a déjà indiqué que les autorités ne cherchaient pas à obtenir un financement concessionnel, ni un partenariat public-privé. L'annonce des retards a pris de court l'Autorité des routes nationales du Kenya qui a botté en touche en rappelant que « l'accord devrait encore être examiné par les législateurs en raison de sa taille ». En effet, les modalités de financement du projet devaient être mis en place à la fin du mois de juin, alors que le management Bechtel reste confiant quant à un démarrage du chantier au second semestre 2018.

« Cela semble être en train de glisser. Le niveau d'endettement est une grande préoccupation et nous travaillons pour trouver le bon équilibre avec le Trésor en ce qui concerne le financement » a précisé, Andrew Patterson, président régional de Bechtel pour l'Afrique. Ce projet représente le plus important chantier du Kenya depuis son indépendance en 1963. D'ailleurs, les autorités chapeautent actuellement la construction d'une ligne ferroviaire entre Mombasa et la frontière ougandaise, un projet valorisé à 8,7 milliards de dollars et qui s'inscrit dans le programme de la China Belt and Road.

Le prestataire propose son soutien

Bechtel a par ailleurs précisé en décembre 2017, qu'il soutiendrait Nairobi dans ses négociations avec la banque américaine Export-Import, Overseas Private Investment Corp ou encore la U.K Export Finance pour le financement du chantier. Le management de Bechtel reste confiant quant à la nomination « d'un arrangeur principal » d'ici à juin et de commencer la construction dans les temps. Le groupe prévoit de livrer 50 km de route tous les 6 mois, pour achever le chantier au début de 2024.

Cette route devrait faire passer le temps de trajet entre les deux villes de 4 à 2 heures. Selon l'accord initial, la construction se fera dans le cadre d'un contrat d'ingénierie, d'approvisionnement et de construction, alors que les droits de péage devraient être perçus dans le cadre d'un accord de partenariat public-privé.

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