Afrique du Sud : après Fitch et Standard, Moody’s abaisse également sa note

Après l’entrée en récession, l’Afrique du Sud vient de voir Moody’s abaisser sa note souveraine de Baa2 à Baa3. Un niveau juste au-dessus de la catégorie spéculative, justifié par des perspectives de croissance en recul conjuguées à de l’instabilité politique. Une révision négative de la note de Pretoria qui devrait rajouter de la pression sur une administration Zuma en proie à une fronde interne au sein de l’ANC.
Amine Ater
Après quelques mois d'hésitations, Moody's vient de rejoindre Fitch Rating et Standard & Poor's en abaissant la note souveraine de l'Afrique du Sud

L'opération de damage control menée par Pretoria vis-à-vis des agences de notation, depuis le remaniement gouvernemental de mars dernier n'aura pas évité le déclassement de sa note souveraine. En effet, l'agence de notation Moody's vient de dégrader l'Afrique du Sud en raison des perspectives de croissance en recul et de l'instabilité politique suscitée par les affaires de corruption qui visent le président Zuma.

L'approche Gigaba n'aura pas fonctionné

Moody's a par ailleurs abaissé la note souveraine de l'économie la plus industrialisée du continent de Baa2 à Baa3. Ce qui représente la note au-dessus de la catégorie spéculative, avec une perspective négative. Une notation qui suit celles des deux autres agences de notation, Fitch Ratings et Standard and Poor's, qui avaient déjà rétrogradées Pretoria dans la catégorie spéculative dans la foulée de l'éviction de Parvin Gordhan par Jacob Zuma en mars dernier.

Le remplaçant de ce dernier, Malusi Gigaba a multiplié les rencontres et réunions avec le top management de Mood'ys pour éviter ce scénario. Après avoir suspendu sa décision durant quelques temps, l'agence a finalement décidé de dégrader l'Afrique du Sud, en raison de l'affaiblissement de son cadre institutionnel, de la baisse de ses perspectives de croissance ou encore de l'érosion continue de sa puissance fiscale.

Une dégradation qui tombe en pleine récession

Cette annonce intervient quelques jours après l'entrée officielle en récession de l'Afrique du Sud, suite à deux trimestres consécutifs de baisse de son PIB. S'y ajoute un taux de chômage qui touche plus de 27% de la population sud-africaine active. Suite à la dégradation de Moody's, le département du Trésor sud-africain a tenu à rassurer en déclarant qu'il est « déterminé à rétablir la confiance des investisseurs et des consommateurs ».

Côté opposition, l'Alliance démocratique a qualifié la dégradation de la note souveraine du pays de « vote de défiance » contre le président Zuma. L'ANC a pour sa part appelé le gouvernement, le secteur privé et les travailleurs à utiliser cette rétrogradation comme « un catalyseur pour modifier la trajectoire économique et à stimuler la confiance dans notre économie ».

L'entrée en récession et la baisse de la note souveraine pourraient aggraver la crise interne que traverse actuellement le parti de Zuma. L'ANC connait rappelons-le, des divisions internes depuis le mauvais résultat des dernières municipales, les révélations sur les collusions entre le clan présidentiel et la famille Gupta ou encore l'éviction de Parvin Gordhan du ministère des Finances.

Amine Ater

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