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Tunisie : comment les prêts aux femmes entrepreneurs pourraient stimuler la croissance [Rapport]

La Société financière internationale, bras de la Banque mondiale pour le secteur privé, vient de publier un nouveau rapport sur l’impact que peut avoir le financement des femmes entrepreneurs sur l’économie en Tunisie. Pour l’organisation financière, il faudrait davantage prêter aux entrepreneures tunisiennes.
Ristel Tchounand
En Tunisie, 18% à 23% des entreprises déclarées sont tenues par des femmes,
En Tunisie, 18% à 23% des entreprises déclarées sont tenues par des femmes, (Crédits : Josefa nDiaz / Unsplash)

Quel rapport y a-t-il entre financement des femmes et croissance économique ? C'est en substance la question à laquelle répond la Société financière internationale (IFC) -bras de la Banque mondiale pour le secteur privé- dans son nouveau rapport publié mercredi 20 juin et intitulé : «Miser sur les femmes en Tunisie». Et pour l'institution, le verdict est sans appel: les banques devraient davantage prêter aux femmes entrepreneures.

Ecart de crédit de 595 millions de dollars

En Tunisie, 18% à 23% des entreprises légales sont tenues par des femmes, selon le rapport. Cependant leurs difficultés à trouver du financement sont telles que l'écart de crédit combiné pour les petites entreprises appartenant aux femmes atteint les 595 millions de dollars. Ce qui représente un frein au développement de leurs affaires. Or cette question résolue, elles pourraient construire des entreprises plus prospères qui auraient donc plus d'incidence positive sur l'économie.

Le document appuie ce fait avec quelques témoignages de femmes qui dirigent aujourd'hui des entreprises en croissance, mais qui ont dû se battre sans un réel soutien du secteur financier en amont. Sonia Fekki, à la tête de Habiba Jewelery, une marque de bijouterie de luxe alliant raffinement et culture tunisienne, en est un exemple. Elle dirige aujourd'hui une entreprise prospère qui a pris son envol en s'appuyant sur le soutien financier de proches. «Je comptais sur moi pour financer mon projet et faire l'étude de faisabilité. Lors de l'évaluation d'un projet, les banques n'évaluent pas la qualité du projet ou la qualité de l'entrepreneur. Elles sont seulement intéressées par la garantie», confie la femme d'affaires dans le rapport.

«Les femmes entrepreneurs sont en train de changer le paysage de l'économie mondiale, tout en créant des emplois durables et en stimulant la croissance économique. Au niveau national, étendre les services financiers à ces femmes permettra de créer la croissance et les emplois dont les entreprises ont tant besoin», a déclaré Georges Joseph Ghorra, représentant résident d'IFC en Tunisie.

«Intérêt commercial» pour les banques

Pourtant, relève l'IFC, les banques elles-mêmes ne sauraient être en reste dans la dynamique de croissance qu'elles impulseraient en finançant les entreprises dirigées par des femmes. Après enquête, l'institution financière retient quelques avantages pour les banques de prêter aux femmes : elles sont plus fidèles que les hommes à leur banque tant qu'elles y reçoivent un service satisfaisant, et présentent une plus grande ouverture aux autres produits. En outre, note la même source, l'épargne des femmes est beaucoup plus importante et leurs dépôts augmentent à un rythme plus rapide. De plus, les entreprises tenues par la gent féminine «ont une meilleure performance» et quand il faut rembourser les prêts, «les femmes sont aussi bons payeurs, voire meilleurs» que les hommes.

«Pour les banques, développer les services bancaires au profit des femmes a un intérêt commercial : les entreprises gérées par des femmes constituent un large marché, encore inexploité, et qui pourrait devenir un véritable moteur de rentabilité», affirme, convaincu, Georges Joseph Ghorra.

Récemment, l'IFC a fait de la participation des femmes à l'économie sa «priorité». Ce rapport qui fait un focus sur la Tunisie corrobore l'analyse du rapport mondial sur les femmes dans le monde de l'entreprise présenté en avril dernier lors d'une conférence de l'IFC à Casablanca où l'institution évoquait la nécessité de favoriser la croissance grâce à la participation des femmes à l'économie au Maghreb. Désormais, la balle est dans le camp des autorités et secteur bancaire tunisiens !

Ristel Tchounand

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