Ressources humaines : vers un renforcement des mobilités interafricaines  ?

Alors que le phénomène de « repatriation » se poursuit, les mobilités intercontinentales sont de plus en plus plébiscitées, à la veille de l'opérationnalisation de la zone de libre-échange continentale africaine (Zleca). Selon une récente étude conduite par le cabinet Fed Africa, spécialiste du recrutement sur le continent, ils seraient 97 % des candidats sondés, prêts à plier bagage pour le continent.
(Crédits : Fotolia)

« 97% des personnes sondées sont aujourd'hui mobiles sur le continent, qu'il s'agisse d'une relocalisation ou d'une migration interafricaine. Cela révèle l'attractivité du continent, mais aussi de la forte mobilité des profils en Afrique » explique Deffa Ka, Directrice de Fed Africa, un cabinet parisien créé en 2010, spécialisé dans le recrutement de cadres en top et middle management sur le continent. Antenne du groupe Fed  - qui a enregistré un chiffre d'affaires de 87 millions d'euros en 2019 et qui emploie quelque 370 collaborateurs - Fed Africa dispose d'un bureau à Abidjan depuis 2015.

Le 6 octobre dernier, le cabinet présentait sa première étude consacrée à la mobilité (« Diasporas & Mobilité »). Cette enquête réalisée auprès de 761 profils en poste ou en recherche active d'emploi entre février et avril 2020, s'est intéressée aux candidats à l'expatriation (69 % du panel) et à ceux qui ont déjà franchi le pas (31 % des sondés).

Depuis quelques années, « l'africanisation » des talents représente une tendance de fond appelée à se renforcer, car les postes de cadres et de top-management longtemps restés l'apanage des expatriés sont de plus en plus confiés à des Africains du continent ou de la diaspora. « Les premières interrogations des candidats ne concernent pas le niveau de risque sécuritaire, mais le type d'entreprise et la fonction proposée. La rémunération reste le 1er critère de sélection des candidats. Parallèlement, le rapprochement vers un cercle personnel ou professionnel est le critère le moins important pour les candidats sondés », précise Deffa Ka. Ce désir d'Afrique s'exprime également chez les « non-Africains ».

Pour 64% des candidats à l'expatriation, la rémunération reste la première raison qui motive une mobilité internationale, devant l'adéquation avec le projet professionnel (51%), l'intérêt des missions (50 %) et les avantages proposés par l'entreprise (46 %). En revanche, au niveau des retours d'expérience, l'intérêt des missions arrive en tête pour 56 % d'entre eux, suivi de l'adéquation avec le projet professionnel (48 %) puis de la rémunération qui n'arrive qu'en 3e critère de sélection (35 %).

Un besoin d'accompagnement à l'expatriation

On retrouve parmi les destinations africaines les plus prisées, les locomotives économiques régionales. « Certains hubs sont toujours aussi attractifs, qu'il s'agisse de la Côte d'Ivoire, de l'Afrique du Sud, du Kenya ou du Maroc. On enregistre également une belle percée de la Tanzanie ainsi qu'un retour de l'attractivité de l'Ethiopie et de la République Démocratique du Congo (RDC). Le Gabon reste une destination attractive en termes de qualité de vie, mais c'est plus compliqué au niveau économique » explique Deffa Ka.

Cela étant, l'étude révèle aussi un besoin d'accompagnement qui fait encore largement défaut selon les candidats sondés. Ils sont 96% à considérer que ce suivi est primordial dans le cadre d'une expatriation réussie, pourtant, ils ne sont que 39 % des expatriés à avoir été accompagnés tout au long de leurs démarches. Alors que 62% des expatriés ont reçu une aide pour trouver leur logement, seulement 56% d'entre eux ont bénéficié d'une aide administrative. « Les mobilités interafricaines peuvent être compliquées dans les cas où les entreprises ne disposent pas de services internes en mesure de gérer les formalités administratives et professionnelles du salarié » souligne la directrice de Fed Africa.

Partir, mais pour quel type de poste ? Parmi les secteurs d'activité qui recrutent, l'agroalimentaire offre toujours de belles opportunités sur des profils techniques (direction industrielle, production, maintenance, supply chain...), mais aussi la distribution et surtout les métiers qui relèvent du secteur de la technologie. Les candidats sont nombreux, mais les places sont chères.

« Certains profils que l'on retrouve dans la finance de marché par exemple, qui sont souvent de brillants traders, ne sont pas en adéquation avec les besoins locaux. Les produits de capital market et les niveaux de maturité des projets sont différents en Afrique, tout comme les clients et les services financiers proposés. Ces profils sont surdimensionnés pour les postes à pourvoir ou complètement hors du champ des activités financières du continent », précise Deffa Ka.

Enfin, cette étude révèle aussi qu'un tiers des expatriés, soit 33 % d'entre eux, ont trouvé un poste par cooptation et 29 % via un cabinet de recrutement. Pour ceux qui n'ont pas trouvé d'opportunité correspondant à leur profil, il reste l'aventure entrepreneuriale. « L'entreprenariat est le premier employeur en Afrique. D'ailleurs, il n'est pas rare de voir des profils qui cumulent leur activité salariée avec leur propre projet entrepreneurial », explique Deffa Ka qui considère que les opportunités se créent aussi et qui pourrait, à son tour, se laisser tenter par l'expatriation « si l'occasion se présentait »...

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