Togo : bilan controversé de la journée «Togo mort» ce lundi

La journée « Togo mort » décrétée pour ce lundi par la coalition des 14 partis de l'opposition a eu un bilan controversé. Si dans les rues le constat des activités au ralenti s'est ressenti, dans les bureaux administratifs et dans les grandes entreprises, les personnels étaient bien présents. Un bilan à l'origine d'une guerre d'images à la fin de la journée.
(Crédits : DR.)

Circulation fluide, des boutiques fermées, des professeurs absents dans certains centres d'enseignement au cœur de la capitale togolaise, Lomé, des véhicules militaires patrouillant ici et là, le constat est clair ce lundi 18 juin au Togo. Si elle n'a pas été totalement suivie, la journée «Togo mort» à laquelle la coalition des 14 partis de l'opposition (C14) a appelé, l'a été au moins partiellement. Déjà dans l'administration et dans les grandes entreprises, les effectifs avaient répondu présent. Protestant contre la répression dont leurs militants avaient fait l'objet lors des dernières manifestations publiques, l'opposition voulait à travers cette opération de journée morte, dénoncer « la répression systématique de l'exercice du droit constitutionnel de manifester ».

Cette journée devrait aussi être l'occasion pour la C14, de rappeler ses exigences entre autres, la libération « immédiate » des personnes encore détenues dans le cadre des manifestations et des rafles, le retour à la constitution originelle du 14 octobre 1992, la révision du cadre électoral et l'instauration du droit de vote des Togolais de l'étranger.

En dehors de ce déroulement timide de la journée, on notera les grabuges connus dans les quartiers de Bè au cœur de Lomé. Alors que certains commerçants avaient ouvert leurs boutiques dans la matinée, ils ont dû ensuite les fermer. D'après le témoignage d'un boutiquier, ils craignaient les représailles de quelques militants « incontrôlés » de l'opposition qui voudraient faire des casses avec des blocs de pavé. Mais en fin de compte, il y a eu des échauffourées entre les forces de l'ordre et ces jeunes qui s'en sont pris aux boutiquiers. Jusqu'à ce mardi, les traces des pneus brulés étaient observables sur les routes.

Guerre d'images

Contre l'appel de l'opposition, des responsables du parti au pouvoir, l'Union pour la république (UNIR) avaient appelé au « Togo vivant ». Pour Raymonde Kayi Lawson, la déléguée nationale du Mouvement des femmes Unir (MFU), il fallait pour les populations, de vaquer librement à leurs occupations, afin de démontrer aux « assoiffés de pouvoir que notre Togo vit et vivra toujours ». Elle a appelé les militants Unir d'éviter de subir le « chantage » de l'opposition.

Appel contre appel, déjà dans l'après-midi, on avait droit à une guerre des images et des mots sur les réseaux sociaux. D'un côté, les militants de l'opposition qui criaient à une opération réussie avec des photos à l'appui montrant une inactivité dans certains quartiers. De l'autre, il y avait les militants du parti au pouvoir qui excellaient dans le même exercice. Sur certains médias proches du pouvoir, on a parlé d'un appel de l'opposition ignoré par les populations qui sont sorties « massivement vaquer à leur activités ». Tandis que la télévision publique, la TVT, a diffusé un reportage montrant une journée au cours de laquelle les Togolais ont pu vaquer à leurs occupations, la Radio publique, la Radio Lomé, a parlé de fermeture des boutiques par précaution de certains commerçants, tout en insistant sur une journée ordinaire. Naturellement, à l'opposé, des médias pro-opposition ont pu relever eux-aussi non sans exagération, un succès de l'opération à laquelle la C14 a appelé. Des positions qui ont alimenté les débats toute la soirée du lundi jusqu'au lendemain mardi 19 juin.

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