Togo : les affrontements reprennent entre forces de l'ordre et manifestants de l'opposition

Les heurts violents entre forces de l'ordre et manifestants ont repris hier mardi au Togo. La coalition des quatorze partis de l'opposition (C14), qui avait annoncé des manifestations les 6, 7 et 9 juin sur toute l'étendue du territoire, s'est vue refuser les itinéraires qu'elle avait tracés pour les marches. Mais, elle reste décidée à les maintenir, dénonçant la démarche anti-constitutionnelle du gouvernement.
Lors d'une manifestation des militants de l'opposition, le 18 octobre 2017 dans les rues de la capitale togolais, Lomé.
Lors d'une manifestation des militants de l'opposition, le 18 octobre 2017 dans les rues de la capitale togolais, Lomé. (Crédits : Reuters)

Mardi 5 juin à Zongo, un quartier de banlieue périphérique, situé à une quinzaine de kilomètres au nord de la capitale Lomé. Les militaires sont présents en force ce soir-là dans la localité. Mot d'ordre : bloquer les manifestants qui organisent des marches le lendemain 6 juin à l'initiative de la coalition des quatorze partis politiques de l'opposition (C14). Plusieurs témoins rapportent des scènes d`échauffourées entre les forces de l'ordre utilisant du gaz lacrymogène et de jeunes manifestants ripostant par des jets de pierres.

Le même scénario a repris ce mercredi matin dans cette localité réputée proche de l'opposition. Le but des autorités est sans doute, comme souvent, d'empêcher que les militants de la C14 ne se rassemblent au lieu de départ des marches de protestation.

En effet, suite à la réunion le 2 juin dernier entre les membres de la Commission de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et des protagonistes de la crise politique togolaise, la C14 avait annoncé des manifestations de rue contre le gouvernement les 6, 7 et 9 juin.

Alors qu'un courrier -comme l'exige la loi- est envoyé pour informer des itinéraires qui seront suivis par les manifestants, le ministère de l'Administration territoriale y appose son refus, en exigeant non seulement que les organisateurs modifient ces derniers, mais va jusqu'à proposer de nouveaux itinéraires, évoquant «des plaintes des riverains des voies» des manifestations, ce qui constitue «un risque grave de trouble à l'ordre public». Une décision que l'opposition n'hésite pas de désigner d'«abusive».

En conférence de presse ce mardi, la C14 a indiqué qu'elle ne comptait pas «capituler face à la violation des droits constitutionnels des Togolais et des lois de la République, en l'occurrence celle fixant les conditions d'exercice de la liberté de réunion et de manifestations pacifiques publiques». Ainsi, les membres de la coalition ont confirmé «l'appel à manifester pacifiquement les 6, 7 et 9 juin 2018 à Lomé et sur toute l'étendue du territoire national suivant les itinéraires qu'elle a [la C14] elle-même définis».

Une question plane sur l'opportunité des nouvelles manifestations de rue

Devant ce bras de fer qui risque de reprendre une autre tournure, des partes tiers se sont manifestées pour proposer une option pouvant permettre d'éviter les actes de violence de part et d'autre. C'est le cas du Collectif des associations contre l'impunité au Togo (CACIT), un regroupement très populaire de plusieurs organisations de la société civile, qui recommande au gouvernement de se servir d'une décision administrative pour demander le changement des itinéraires.

«Le CACIT estime que si le gouvernement devait prendre une décision maintenant sa position, il devra se servir d'une décision administrative susceptible d'être attaquée par les organisateurs devant les juridictions administratives qui sont garantes des libertés, comme le stipule l'article 99 de la Constitution : la Cour constitutionnelle ''est juge de la constitutionnalité de la loi et elle garantit les droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques''», estiment les membres du CACIT dans un communiqué rendu public ce mardi 5 juin.

Le Collectif, par ailleurs, s'interroge sur la nécessité des manifestations programmées par la C14. «Le CACIT comprend la volonté de l'opposition à manifester, en vue de pousser la majorité à aller aux réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales. Toutefois, il s'interroge sur la nécessité de manifester pendant que la reprise du dialogue est annoncée».

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