Le sommet de Malabo plombé par le retrait de 9 pays

Le Sommet des chefs d’Etats Afrique-Monde arabe s’est ouvert ce mercredi à Malabo, en Guinée équatoriale sur fond de crise diplomatique. Alors qu’une trentaine de dirigeants africains ont marqué de leur présence l’événement, certains pays, particulièrement du monde Arabe, se seraient retirés en solidarité avec le Maroc qui s’insurge contre la présence de la "pseudo-RASD". D’importantes décisions sont pourtant attendues à l’issue de ce sommet qui devrait déboucher sur l’adoption d’une nouvelle feuille de route 2017-2021 en matière d’investissement et de coopération entre l’Afrique et les pays du monde arabe.

La 4e édition du Sommet des chefs d'Etat africains et leurs homologues du monde arabe s'est ouverte aujourd'hui à Malabo. Quelques heures avant la réunion des chefs d'Etats, le Maroc a officiellement annoncé son retrait, avec huit autres pays arabes, du sommet. Dans un communiqué publié dans la soirée d'hier mardi, le Royaume a expliqué les raisons de ce retrait tout en notifiant que les pays solidaires de cette décision « ont veillé à apporter tout le soutien et garantir les meilleures conditions pour le succès de ce sommet qui se tient dans ce pays africain ami et renouvellent leur grande considération à la Guinée Equatoriale, président, gouvernement et peuple, pour les grands efforts déployés ».

 « Le Maroc et huit autres pays arabes, à savoir l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes unis, Bahreïn, Qatar, le Sultanat d'Oman, la Jordanie, le Yémen et la Somalie, se sont retirés du 4ème sommet arabo-africain qui se tient en Guinée Equatoriale, à cause de la présence de l'emblème d'une entité fantoche dans les salles de réunions ». Ministère marocain des Affaires étrangères et de la coopération.

Tensions diplomatiques

L'annonce a aussitôt été relayée par la presse marocaine et l'agence officielle MAP, et d'après les explications fournies par la diplomatie marocaine, « le Maroc et les huit pays arabes ont été contraints de se retirer du sommet pour ne pas cautionner le non-respect des principes de l'action arabo-africaine et ne pas être comptables devant l'histoire du renoncement aux acquis communs ».  Parmi les principes cités par le Maroc qui a envoyé une délégation à Malabo,  « la participation aux activités organisées par les deux parties, en tant que l'un des principes inhérents au respect de l'unité territoriale des Etats, doit se limiter aux seuls pays membres de l'ONU, chose qui n'a pas été respectée à travers la présence de l'emblème d'une entité fantoche aux salles de réunions ».

En clair, donc, le Maroc se conforme à sa position de principe en matière diplomatique, celle de ne pas siéger dans un événement où la pseudo-RASD est présente. Le Royaume bénéficie du soutien de plusieurs pays arabes parmi lesquels certains sont considérés comme ses alliés stratégiques. En se rangeant derrière le Maroc, ces pays expriment ainsi leur solidarité à l'égard du Maroc dans le dossier du Sahara. Il s'agit d'une vieille crise qui date de plusieurs décennies et qui a provoqué le départ du Royaume de la défunte OUA en 1984 avant que le pays ne décide de réintégrer l'organisation continentale en juillet dernier. Le processus est en cours mais le conflit continue de perturber les relations entre le Maroc et l'UA. Cette crise diplomatique s'invite régulièrement à des réunions internationales de haut niveau.

L'annonce par le Maroc du retrait des neufs pays du monde arabe du Sommet de Malabo n'a pas encore été confirmée par le pays hôte de l'événement. Elle ne sera toutefois pas sans répercussions sur l'issue des travaux au vu de l'importance stratégique  de certains partenaires notamment l'Arabie Saoudite, le Qatar ou les Emirats arabes unies qui figurent parmi les plus importants investisseurs arabes en Afrique. Le sommet s'est pourtant ouvert en grande pompe avec la présence d'une vingtaine de chefs d'Etat africains et des représentants des partenaires financiers notamment la BID et la BADEA. Le sommet de Malabo intervient trois ans après celui tenu au Koweit au cours duquel, les pays arabes avaient promis une enveloppe d'un milliards de dollars de financement en faveur des pays africains et cela avant 2018. La mobilisation de ces ressources financières qui devraient se faire à travers le  Fonds koweïtien de développement économique est restée jusque-là au rang de promesses. La réactivation du dossier sera l'un des enjeux majeurs au cœur du sommet de Malabo qui se tient sous le thème du développement durable et de la coopération économique entre les deux régions.

Coopération économique et lutte contre le terrorisme

Le sommet de Malabo devrait déboucher sur l'adoption d'un nouveau plan de coopération triennal entre le continent Africain et le Monde Arabe. Plusieurs interventions ont marqué la cérémonie d'ouverture de l'événement notamment celle du président équato-guinéen, Obiang Nguema Mbasogo, ainsi que son homologue tchadien, Idriss Déby, président en exercice de l'UA. La présidente de la commission de l'organisation continentale, Nkosazana Dlamini-Zuma, a également prononcé une allocution à l'ouverture des travaux tout comme le secrétaire général de la ligue arabe et quelques présidents et chefs de  missions représentant la soixantaine de délégations présentes à Malabo. Les chefs d'Etat et de gouvernements présents dans la capitale équato-guinéenne vont se pencher sur les voies et moyens de renforcer leur coopération économique, la mise en place d'instruments de financements notamment la création d'un Fonds de gestion des catastrophes ainsi que les réponses à apporter à la montée en puissance de la menace terroriste dans les pays africains notamment au Sahel et des les pays de l'Afrique australe. Cependant, c'est surtout la question des investissements qui sera au cœur des échanges. Les pays arabes notamment ceux du Conseil de coopération de golfe (CCG) ont intensifié ces dernières années, leur expansion en Afrique particulièrement dans le domaine des infrastructures. La tenue du sommet des dirigeants africains et du monde arabe a été précédée par une réunion des ministres des deux régions en charge de la diplomatie, de l'économie et du commerce. Par ailleurs, un forum économique Afrique-monde arabe s'est tenu en marge du sommet, sur les opportunités de coopération entre les opérateurs et les institutionnels des deux régions.

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