Union africaine, bataille serrée pour la présidence de la commission

Il fût un temps où l’élection pour le poste de président de la commission de l’Union africaine(UA) était réglée dans le secret des chefs d’Etat réunis en session. Mais le 27e sommet ordinaire de l’UA s’est clôturé, en juillet 2016 à Kigali, sur un goût d’inachevé. Du conclave des présidents africains, ne s’est échappée que de la fumée noire. Il faudra attendre l’année prochaine pour mettre un nom sur la fonction de président de la toute puissante commission de l’Union.
Ibrahima Bayo Jr.
La Sud-Africaine Nkosazana Dlamini Zuma assure l'intérim jusqu'au prochain sommet de l'UA en janvier 2017

La succession de Nkosazana Dlamini Zuma, première femme à occuper ce poste, a focalisé toute l'attention du continent. Depuis que, fait rare en Afrique, l'ex-femme du président sud-africain, Jacob Zuma a annoncé qu'elle ne ferait qu'un seul mandat pour « convenance personnelle », les candidats se sont alors bousculés pour prendre la tête du bureau de la commission situé Roosevelt Street à Addis-Abeba en Éthiopie.

Candidats évincés par une motion d'ajournement

La commission des candidatures de l'Union africaine a retenu le Botswanais Pelonomi Venson-Moitoi, l'Equato-guinéen Agapito Mba Mokuy et l'Ougandaise Specioza Wandira-Kazibwe. Mais aucun des trois candidats n'a obtenu les deux tiers des voix nécessaires à son élection (36 voix sur un total de 54), pour un scrutin de trois tours pourtant. Les 54 chefs d'Etat réunis dans la capitale rwandaise n'ont donc pas réussi à trouver un successeur à la Sud-africaine, Nkosazana Dlamini Zuma, arrivée à la tête de l'organe exécutif de l'UA en 2012 après le mandat du Gabonais Jean Ping

Pour expliquer l'échec de cette élection, il faut noter l'abstention de 28 pays. Mais aussi la motion d'ajournement présentée par 31 pays membres de l'organisation panafricaine dont quinze issus pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) qui a contesté la qualité des candidats. Le bloc de l'Ouest du continent jugeait que les candidats n'avaient pas l'envergure pour faire face aux enjeux politiques, économiques, sécuritaires du continent. Il a réclamé leur éviction pure et simple, avant même l'ouverture du vote.

Nouvelles candidatures, nouvelles rivalités

Cette exigence fait ressurgir les oppositions au sein de l'institution panafricaine entre les blocs économiques et linguistiques qui ont longtemps plombé l'efficacité de l'UA. La volonté des pays ouest-africains de mettre un candidat francophone à la tête de l'organe exécutif, longtemps considéré comme leur chasse gardée, n'est pas étrangère à cette décision.

Au final, les adhérents à la motion d'ajournement ont obtenu gain de cause puisque l'élection a été reportée au prochain sommet de l'Union africaine qui se tiendra en janvier 2017 à Addis-Abeba. La présidente actuelle assure l'intérim jusqu'au sommet de janvier.

Entre temps, la réouverture des listes de candidature a permis au bloc francophone de proposer le Sénégalais Abdoulaye Bathily, actuel représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique centrale. Face à lui, le bloc anglophone mise sur l'ancien président tanzanien Jakaya Kikwete. La bataille pour la succession pourrait pourtant s'avérer encore plus compliquée. L'Algérie, animée par sa rivalité avec le Maroc dont le retour à l'agora africaine a marqué le sommet de Kigali, pourrait adouber son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra dans la course à la présidence de la commission.

Les pays ont d'ores et déjà activé leur diplomatie de couloirs dans l'espoir de voir leur candidat porté à la tête la puissante institution panafricaine. A moins que le Bissau-Guinéen Carlos Lopez, du bloc lusophone et actuel Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), ne ravisse la vedette à ses pairs.

Ibrahima Bayo Jr.

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