Cameroun : 660 millions du FMI en soutien à l'économie du pays

Le conseil d'administration du FMI a approuvé, le lundi 26 juin, un accord de plus de 660 millions de dollars (390 milliards de Fcfa) en faveur du Cameroun dont un décaissement immédiat de près de 170 millions de dollars. L’engagement qui s’inscrit dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC) vise à soutenir un programme de réformes structurelles destinées à atténuer l’impact de la conjoncture engendrée par la baisse des cours des matières premières et à renforcer la compétitivité de l’économie camerounaise.

Après le Gabon le 20 juin dernier, c'est au tour du Cameroun de passer à la caisse du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de l'accord convenu, il y a quelques mois, entre le Fonds et les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEMAC). Le Conseil d'administration de l'institution de Breton Woods a approuvé en effet, ce lundi 26 juin,  un accord de trois ans avec le Cameroun dans le cadre de la Facilité élargie de crédit  (FEC). D'un montant de 483 millions de DTS  soit environ 666,2 millions de dollars américains (390 milliards de FCFA), l'engagement financier vise à appuyer un programme de réforme économique et financière du pays. Selon le FMI, le programme soutenu par la FEC vise à rétablir la durabilité fiscale et externe du pays et à débloquer une croissance riche en emplois et axée sur le secteur privé. « Les réformes viseront à maintenir la stabilité financière,  à renforcer l'inclusion financière et à relever les obstacles structurels à la compétitivité et à la diversification économique, lesquelles seront essentielles pour accélérer la diversification du secteur privé » a indiqué le Fonds dans un communiqué qui a suivi la décision du conseil d'administration.

Selon les explications de Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint du FMI, le Cameroun a été fortement touché par le prix du pétrole et les chocs de sécurité qui ont affecté la région de la CEMAC depuis 2014 et qui ont entraîné une forte baisse des réserves internationales nationales du pays mais aussi et surtout sous-régionales. « Ayant initialement montré sa résilience en raison de sa plus grande diversification, l'économie camerounaise est maintenant confrontée à une décélération de sa croissance, à une diminution des amortissements budgétaire et externe ainsi qu'à une forte hausse de sa dette publique » a poursuivi Furusawa qui a également présidé par intérim la session du conseil consacrée au Cameroun. Le programme financé par les fonds des autorités vise don à répondre " de manière appropriée aux besoins de la balance des paiements du Cameroun et à restaurer la viabilité budgétaire et externe tout en contribuant à l'effort collectif de reconstruction des réserves régionales".

« Le leadership des autorités camerounaises a contribué à diriger la réponse régionale coordonnée pour maintenir l'intégrité de l'arrangement monétaire de la CEMAC (...). Le succès du programme du Cameroun dépendra également de la mise en œuvre de politiques et de réformes de soutien par les institutions régionales ». Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint du FMI

 Redressement économique et diversification

Selon les termes contenus dans l'arrangement, un montant de 171,3 millions de dollars sera immédiatement mis à la disposition du Cameroun et le montant restant sera échelonné sur le reste de la durée du programme, « sous réserve des examens semestriels du programme ». Pour le FMI, « s'attaquer à la hausse des déséquilibres budgétaire et externe nécessite une consolidation budgétaire soutenue et équilibrée fondée sur l'expansion de la base de revenus non pétroliers, en donnant la priorité aux projets d'investissement public dont les retombées sur la croissance sont prouvées, et en rationalisant les dépenses récurrentes tout en protégeant les dépenses sociales ». Le programme budgétaire des autorités camerounaises sera ainsi appuyé par des réformes structurelles qui devront veiller à renforcer la mobilisation des recettes notamment fiscales tout en améliorant l'efficacité des dépenses.

Afin d'atteindre les objectifs assignés au programme, les autorités s'engagent  à « renforcer la compétitivité et le potentiel de croissance à moyen terme du Cameroun, conformément à leur stratégie visant à atteindre le statut d'économie émergente d'ici 2035 ». L'achèvement de grands projets d'infrastructures publiques en matière d'énergie et de transport contribuera  selon le Fonds à stimuler l'investissement du secteur privé, la création d'emplois et la diversification économique à travers notamment des réformes complémentaires destinées à maintenir la stabilité financière, à élargir l'accès aux services financiers et à améliorer l'environnement des affaires.

« Les réformes visant à maintenir la stabilité financière et à renforcer l'inclusion financière et à relever les obstacles structurels à la compétitivité et à la diversification économique seront essentielles pour accélérer la diversification du secteur privé ». FMI

Le Cameroun est la première économie de la CEMAC mais a subit des chocs internes et externes avec notamment la baisse des cours des matières premières notamment le pétrole et le cacao alors que le pays a dû consentir d'énormes sacrifices pour faire face aux menaces sécuritaires notamment les attaques de Boko Haram dans le nord du pays. Après avoir affiché une résilience initiale aux chocs, la croissance camerounaise s'est affaiblie à 4,7% en 2016, contre 5,8% en 2015 et 5,9% en 2014. L'inflation a diminué de 0,3% à la fin de 2016 et est restée faible à 0,4% en mars 2017. Le déficit budgétaire a lui atteint 6,5% en 2016, contre 2% du PIB en 2015, en grande partie grâce à une augmentation des dépenses en capital et à une baisse des revenus. En 2016, les pays de la région CEMAC ont presque frôlé la récession, ce qui a nécessité le recours collectif au FMI notamment à l'occasion d'un sommet des chefs d'Etat de la CEMAC qui s'est tenu à Yaoundé en décembre dernier. Alors que le spectre d'une dévaluation du FCFA plane toujours pour la CEMAC, dont les pays sont membres de la « Zone franc », le soutien du FMI apporte une véritable bouffée d'oxygène pour les pays d'Afrique centrale dont l'économie reste encore trop tributaire de l'évolution des cours de l'or noir sur les marchés internationaux.

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