Coupes budgétaires : la Côte d’Ivoire à la diète

L’expression « se serrer la ceinture » prend ici tout son sens. Avec une baisse de 9%, la révision du budget 2017 va opérer des coupes drastiques dans tous les secteurs du pays. Sans doute pour acheter la paix sociale, le gouvernement Gon Coulibaly a prévu de ralentir les investissements pour augmenter les dépenses ordinaires qui seront affectées aux revendications. Dans les faits, c’est tout le pays d’Alassane Ouattara qui va se mettre à la diète.
Ibrahima Bayo Jr.

Entre les annonces et les allusions, on voyait la perspective se dessiner. Mais l'officialisation s'est faite au sortir du conseil des ministres de ce mercredi 10 mai. Après l'alerte lancée par le président Alassane Ouattara sur les répercussions des cours du cacao sur l'économie, l'équipe d'Amadou Gon Coulibaly a officialisé une révision du budget 2017.

La ceinture économique serrée de 9%

Cette révision via une loi rectificative des finances va opérer une coupe de 9% dans le budget 2017 initialement arrêté à 6501,4 milliards FCFA. Avec ce « plan d'austérité », le budget de la Côte d'Ivoire ne sera plus que de 6447,6 milliards Fcfa.

« L'environnement socioéconomique au premier trimestre 2017 a été marqué par des chocs extérieurs et intérieurs liés notamment à une baisse des prix des marchandises générales de 9,3%, une baisse d'environ 35% du prix cacao, un retour à la hausse des prix du pétrole brut et à des revendications sociales », justifie pour le gouvernement Anne Désirée Ouloto, son porte-parole.

Dans le détail, tous les budgets des ministères seront rabotés de 5%. De même, les dépenses d'investissements vont fondre de 177 milliards de FCFA pour se situer à 1746 milliards de FCFA. Une baisse des investissements qui devrait ralentir les projets sociaux dans l'éducation et la santé. Qu'à cela ne tienne.

Le gouvernement est bien décidé à éteindre le feu sur le front social marqué par des grèves répétitives et des mutineries qui ont fait craindre le pire. Le plan d'attaque du gouvernement Gon Coulibaly est d'accroître les dépenses ordinaires qui passent de 2616,6 milliards à 2691 milliards de FCFA, soit une hausse de 74,4 milliards.

Les revendications en janvier des mutins de Bouaké, Daoukro (centre), Korhogo (nord), et Daloa (ouest) auront donc été entendues au prix de 10 jours de bruits de bottes qui faisait planer le spectre d'une insurrection armée. Une partie des dépenses servira donc à contenir la clameur des casernes. Elles seront affectées non seulement au paiement d'arriérés de primes réclamées mais aussi au versement des 10 millions de Fcfa aux 8.500 mutins.

La paix sociale inachevée

La paix sociale plutôt que l'investissement, c'est le choix d'Alassane Ouattara. Mais à quel prix ? Le taux de croissance flatteur de la Côte d'Ivoire en est impacté puisqu'il passe 8,9% à 8,5%. L'appel du gouvernement à « se serrer la ceinture » va impacter le panier de la ménagère qui trinque déjà de la situation économique du pays. Néanmoins, il faudra plus d'arguments au gouvernement pour convaincre le pays de la nécessité de la diète.

Les revendications satisfaites des mutins pourraient ouvrir le front chez les fonctionnaires en dépit des promesses de « bonifications ». Le blocage de quantités de fèves de cacao à l'exportation à la suite de la révision du prix minimum pourrait s'ajouter à la liste. Sans compter, les nouvelles revendications de soldats il y a moins d'une semaine. Pour l'heure, l'exercice d'équilibriste de l'Etat continue pour apporter une solution à la croissance qui ne se répercute pas encore dans les portefeuilles. Alassane Ouattara ne gagne qu'un répit.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaire 1
à écrit le 11/05/2017 à 19:49
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Où est passée la pluie de milliards promise par ADO à grands renforts de publicités de RFI et F24 lors de sa campagne meurtrière de 2010 à 2011?

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