
Les infrastructures couvrant plusieurs pays d'une même région sont également plus attractives pour les investisseurs (publics et privés), car elles permettent la mutualisation des coûts et favorisent l'intégration. En 2012, l'Union africaine a mis en place un Programme africain de développement des infrastructures (PIDA), géré conjointement par l'Agence du NEPAD et la Banque africaine de développement (BAD). Sa feuille de route se concentre sur la structuration de projets transfrontaliers, au nombre de 51, pour un montant total de 360 milliards de dollars. Ils sont le pivot du véritable décollage économique du continent.
L'approche choisie par le PIDA est très originale dans la mesure où elle ancre les projets exclusivement dans des partenariats public-privé (PPP). Tout cela augure d'un nouveau climat d'affaires pour les investisseurs en Afrique. L'aide du G20 pour accélérer ce processus est la bienvenue. Un autre enjeu est également de savoir comment mobiliser les financements. Contrairement à ce que l'on entend souvent, les États africains investissent dans les infrastructures. Mais c'est de l'argent mal dépensé.
Ils financent 80% du financement des infrastructures par le biais des budgets nationaux, ce qui représente à la fois une charge pour leurs finances publiques et une véritable inefficacité. L'investissement dans les infrastructures est une nécessité absolue, mais il ne doit pas se faire au détriment d'autres programmes tout aussi importants comme l'investissement dans l'éducation, la santé ou l'agriculture. Par conséquent, l'association avec le secteur privé, d'une part, et la coopération internationale, d'autre part, sont des alternatives crédibles au financement public.
D'un point de vue financier, il est frappant de constater que seulement 1,5 % des actifs sous gestion des fonds de pension et des fonds souverains africains sont investis dans les infrastructures en Afrique. On ne peut blâmer ces investisseurs pour leur besoin d'investir dans des placements à faible risque. Mais si l'on considère le long terme, les investissements en Afrique seront plus rentables que dans les pays développés, à condition que nous réussissions à réduire les risques des projets africains. Par conséquent, la question clé réside dans la participation du secteur privé aux grands projets du PIDA (les projets que nous soutenons dans le cadre de notre Programme pour le développement des infrastructures en Afrique).
À cet égard, l'Agence du NEPAD a lancé en 2017 le «Programme 5 %». Cette campagne vise à sensibiliser et à mobiliser le secteur financier africain et à encourager les compagnies d'assurance et les fonds de pension africains à investir au moins 5 % de leur portefeuille d'investissements dans les infrastructures.
Les marges de croissance sont considérables, car le montant des actifs sous gestion détenus par les sociétés africaines de gestion d'actifs est très élevé. Les fonds de pension, les compagnies d'assurance et les investisseurs institutionnels s'élèvent à 1,1 milliard de dollars. Outre son caractère exemplaire, nous espérons que le «Programme des 5 %» constituera un signal positif : non seulement il réduira la perception des risques sur le continent, mais il tirera également parti de la participation du secteur privé et des partenaires internationaux dans le financement des grandes infrastructures africaines.
Faciliter les allocations à long terme
Un certain nombre de questions doivent être réglées pour faciliter les allocations à long terme. Au premier rang de celles-ci figure la nécessité de réformer les cadres réglementaires nationaux et régionaux qui guident l'investissement institutionnel. De même, il faut mettre au point de nouveaux produits sur le marché des capitaux qui permettent de réduire efficacement le risque de crédit et, partant, de permettre aux propriétaires d'actifs africains d'allouer des fonds à l'infrastructure africaine en tant que catégorie d'actifs à investir dans leurs portefeuilles. Il ne fait aucun doute que cela amènera beaucoup plus d'investisseurs internationaux à considérer l'infrastructure de l'Afrique comme une classe d'actifs bancables.
Une autre préoccupation du secteur privé est l'absence de garanties de paiement et de structures financières innovantes pour contourner ces problèmes. C'est pourquoi nous devons réunir les institutions de financement du développement et les banques multilatérales de développement pour une discussion franche et ouverte sur la mise en place d'un système agrégé qui regroupera tous les instruments de garantie partielle dans une «grande facilité». Les investisseurs institutionnels bénéficieraient ainsi d'une garantie financière à 100 %.
Le Pacte du G20 avec l'Afrique pourrait offrir de nouvelles perspectives et de nouveaux moyens de s'engager avec nos partenaires dans le financement durable de notre avenir s'il est conforme aux priorités de l'Afrique.
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