L'inversion de la hiérarchie des normes et des valeurs

Tout le monde ou presque est au courant des difficultés que traverse le Cameroun et comme lui d'autres pays d'Afrique. Usuellement, la balance commerciale est citée comme le principal problème et le « consommer local » est devenu un sujet qui s'est introduit à raison dans les ménages.

Aussi beau soit-il de rétablir une balance commerciale excédentaire, nous ne nous faisons aucune illusion quant à l'atteinte d'un pareil objectif même dans les 50 ans qui viennent. Au-dessus des tropiques, une célèbre revue économique titrait il y a quelques semaines que l'excédent allemand était un problème, et en dessous des tropiques le déficit est la justification des plans d'ajustement structurel et des coupes drastiques dans le budget. De même il y a quelques années l'administration Américaine bataillait contre un Yuan trop bas selon leur calcul, qui entraînait mécaniquement l'excédent chinois.

La même Amérique dont les dépenses des armées dépassent les recommandations de 2% du PIB, pour atteindre en valeur 600 milliards de dollars, 100 fois le budget de la « belliciste » Russie. Tout ceci nous ramenant toujours à la sempiternelle question des vainqueurs de la guerre et des autres.

La balance commerciale est un indicateur trop important pour le prendre à la légère, trop important pour des ajustements cosmétiques et des mesures pamphletaires. Nous ne pouvons endiguer cette crise en nous repliant vers l'intérieur car on ne possède ni la population, ni les outils techniques pour mener à bien ce combat sur le terrain industriel tels qu'il est structuré aujourd'hui.

Il est important d'en venir au cœur du problème, celui de la demande. Pour ce qui est du problème de la hiérarchie des normes et des valeurs, si nous voulons nous développer, nous devons encourager l'émergence de normes alternatives dans l'espace international. Nous projeter dans les débats internationaux comme un bloc, l'Union Africaine, et y peser de tout notre poids contre ceux qui taillent un monde uniquement à leur mesure et refusent la multipolarité nécessaire du monde qui a vu autrefois jaillir la Chine et autres félins économiques.

Guerre culturelle

Cela passe aussi par une guerre culturelle, former nos talents sur place autant que possible, encourager l'Open innovation (limiter les impacts des brevets) et constituer un socle qui pourrait d'abord s'attaquer aux secteurs peu capitalistiques (services) et puis peu à peu aux secteurs industriels avec des partenariats régionaux. Nous devons créer une classe supérieure locale, pas une classe supérieure totalement annexée culturellement, vivant dans les aéroports et responsable de nos étales toujours achalandées de produits futiles dont eux seuls vantent les biens et qu'aujourd'hui ils vendent aux autres.

Nous devons nous attaquer aux villes et en faire des espaces d'inspiration et de respiration culturelles, une politique d'urbanisme qui ne se bâtit pas uniquement sur la taille des chantiers mais sur leur originalité et leur capacité à traverser le temps ainsi qu'à marquer un continuum historique pour des générations et des générations.

L'esclavage et la colonisation sont aussi des concepts mentaux que les anciens « indigènes » ont trop digérés et dont il faut se séparer. Lors de la révolution française de 1798, Robespierre sentant que la royauté était très liée à la religion, les avait faites abolir y compris le calendrier associé, pour les remplacer par le Dieu Raison pour lequel il imaginait une statue en plein Paris. Non pas qu'il faille en arriver à de pareils extrêmes, mais ce précédent pose les modalités d'une contre-révolution. Aux Etats Africains d'en être à la hauteur sans faire de démagogie, ni de faux semblants.

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