Guinée Equatoriale : gestion de la manne pétrolière, HRW accable Obiang et fils

Human Rights Watch a publié ce jeudi 15 juin un rapport accablant sur la gestion de la manne pétrolière équato-guinéenne. L’ONG accuse le président Teodoro Obiang et sa famille de s’accaparer les richesses de l’or noir du pays en délaissant les populations qui « n’ont ni accès à la santé ni à l’éducation ».
(Crédits : Reuters)

Human Rights Watch accuse la Guinée Equatoriale. Le gouvernement du président Teodoro Obiang, gaspille et spolie les richesses pétrolières du pays selon l'ONG. Au lieu d'investir dans la santé et l'éducation des équato-guinéens, les autorités gouvernementales préfèrent bâtir des fortunes personnelles à partir des richesses pétrolières considérables du pays classé troisième producteur de l'or noir en Afrique, regrette le rapport de HRW publié ce jeudi 15 juin.

Intitulé, « Une manne du ciel » ? Comment la santé et l'éducation paient le prix des opérations entre apparentés en Guinée équatoriale », le rapport qui accable le président Obiang, sa famille et ses proches collaborateurs, révèle de nombreuses lacunes très graves.

Une santé malade, une école à l'abandon

Selon le rapport de 85 pages, l'éducation et la santé sont les parents pauvres des actions gouvernementales. Les deux secteurs sont complètement délaissés par les pouvoir publics. Pour appuyer ses accusations, HWR avance des « chiffres de la honte ».  Alors que 42% des enfants guinéens ne vont pas l'école, les taux de vaccination figurent parmi les pires au monde. Dans les faits, le gouvernement équato-guinéen consacre un budget très faible à l'éducation et la santé. En 2011 par exemple, selon toujours l'ONG, les deux secteurs n'ont bénéficié que 2 à 3 % du budget de fonctionnement de l'Etat.

 Résultat, « la progression des indicateurs de santé et d'éducation est à la traîne par rapport aux résultats obtenus dans la région et certains se sont dégradés depuis le début du boom pétrolier », précise le document.

Obiang fils face à la justice française

Plus encore, les guinéens souffrent d'autres maux, poursuit le rapport, puisque « plus de la moitié de la population équato-guinéenne n'a pas accès à de l'eau potable sûre à proximité, un taux inchangé depuis 1995 ».  Où vont donc les milliards de dollars tirés des exportations du pétrole équato-guinéen ?  Le Département américain de la justice semble avoir trouvé la réponse à cette question. La justice américaine accuse le fils aîné du président, Teodorin Obiang, « d'avoir profité de sa fonction de ministre de l'Agriculture pour amasser 300 millions de USD, soit plus que les budgets de la santé et de l'éducation combinés certaines années ».  Teodorin, nommé vice-président en juin 2016 par son père, est également visé par la justice française. Un procès à son encontre débutera en France le 19 juin 2017, « suite à une enquête pour blanchiment d'argent menée dans ce pays ». Selon les procureurs français, le fils à papa aurait transféré entre 2004 et 2011, vers son compte personnel, 110 millions d'euros du Trésor public équato-guinéen « pour alimenter une frénésie d'achats de 175 millions d'euros à Paris incluant un hôtel particulier, des automobiles de luxe et des objets de designers ». Mais d'autres révélations accablent le clan Obiang.

 Avant qu'il ne soit trop tard

La famille du président est impliquée « dans un processus de passation des marchés opaque et non concurrentiel rendant généralement impossible la détermination du montant et des bénéficiaires des contrats publics ».  En réalité, selon HRW, les grands chantiers sont de grosses machines à sous pour les Obiang. Le gouvernement investit à coup de milliards dans les grands projets d'infrastructures qu'il juge « nécessaires et indispensables » mais qui profitent peu aux guinéens ordinaires en réalité. Parmi ces projets, des bâtiments gouvernementaux et notamment une nouvelle capitale administrative, Oyala, « au milieu de la jungle ». La nouvelle ville devrait engloutir à elle seule 8 milliards de dollars uniquement pour l'année 2015 selon le Fonds monétaire international. Seulement pour Human Rights Watch, tous ces milliards de dollars ne sont pas dépensés dans ces chantiers. Une partie de ces investissements est détournée par les Obiang.

« Il n'est peut-être pas trop tard pour faire bon usage de la richesse pétrolière de la Guinée équatoriale », conclut le rapport. A condition de faire vite, car les réserves de pétrole du pays vont se tarir dans 20 ans.

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