Présidentielle au Mali : Moussa Mara, en avant toute vers Koulouba

En avril 2014, lorsqu’il pousse les portes de la primature, il devient le plus jeune Premier ministre de l’Histoire politique du Mali. Quatre années plus tard, cet ex-allié d’Ibrahim Boubacar Keïta qui a créé son parti Yelema («Changement») en bambara, compte bien capitaliser sur cet aura politique. En vue de la présidentielle de juillet prochain, Moussa Mara, se positionne pour la course au Palais de Koulouba. Si l’aventure est victorieuse, il pourrait aussi obtenir le titre de «plus jeune président du Mali».

Depuis que l'idée a germé dans sa tête, il a, dit-il, voulu être au plus près et à l'écoute de ses compatriotes. Il s'est alors lancé dans un rodéo qui l'aura amené dans le Mali profond mais aussi dans plusieurs capitales de la sous-région ou à l'étranger. Résultat ?

« Ces dernières années, j'ai parcouru 40 cercles, plus de 200 communes que compte notre pays et 50 pays en dehors du Mali pour aller à la rencontre des Maliens là où ils vivent. Cela m'a permis de mesurer pleinement les défis, les réalités et les difficultés auxquels sont confrontées nos populations mais aussi les énormes potentialités de notre pays. À leur contact, j'ai mieux compris le Mali ! », écrit Moussa Mara dans une déclaration de candidature parvenue à La Tribune Afrique.

Beaucoup de soutiens et réseaux au Mali et ailleurs

Un travail de prospection et de redécouverte qui l'ont conforté dans l'idée, à contrepied d'une opposition encore hésitante sur sa stratégie, de se lancer officiellement dans la course à la présidentielle du 29 juillet prochain. «En ce jour du 8 Avril 2018, je déclare ma candidature à l'élection présidentielle de 2018 et m'engage à déployer toute mon énergie pour restaurer la confiance entre nous, indispensable au rassemblement et à l'unité nationale. Le Mali a besoin de nous TOUS », peut-on lire dans la déclaration.

Néanmoins, cette annonce est la fin du film. Du haut de ces 43 ans, la candidature de cet expert-comptable formé à Paris, courait dans les milieux politiques et économiques quand elle n'était pas confirmer par sa tournée de campagne avant l'heure. Moussa Mara vient d'y apporter donc un cachet officiel. En bon stratège politique, sans doute voulait-il soigner son image, cultiver ses réseaux et engranger des soutiens.

De ses passages fréquents à Paris, il rencontre Franck Paris, le «Monsieur Afrique de l'Elysée», celui du Quai d'Orsay, Rémi Maréchaux, Laurent Bigorgne, le directeur de l'Institut Montaigne. L'ancien Premier ministre n'a pas seulement des amis en France. Il a aussi des soutiens au Maroc, où il s'est rapproché d'Ilyas El Omari, du Parti authenticité modernité (PAM, gauche) et de plusieurs personnalités d'affaires. Les tentacules de ses réseaux vont jusqu'au Ghana, au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Puis, chez lui dans les foyers religieux et les notabilités.

Kidal, une tache sur un CV politique solide

Mais c'est sur son CV politique solide que Moussa Mara va capitaliser dans son projet de tenir un jour les rênes du Mali. Sa lanterne politique s'illumine lors des législatives de 2007. Même si ce jeune diplômé de 32 ans, fraîchement débarqué de l'Hexagone perd l'élection, il met en ballotage un certain Ibrahim Boubacar Keïta. En cela, il a marqué les esprits. Ce qui lui vaut la conquête de la très stratégique commune IV de Bamako en dépit des crocs-en-jambes politiques.

Sa fortune est cependant moins étincelante pour la présidentielle de 2013 à laquelle avait recueilli 1,53 % des voix au premier tour avant de rejoindre la coalition d'IBK qu'il appelait affectueusement « Tonton». Ce dernier fera de lui son ministre de l'Urbanisme avant de devenir, à 39 ans seulement, le plus jeune Premier ministre de l'histoire du Mali. Un poste qu'il occupe neuf mois avant d'être remercié en 2015. Il a connu pire à la primature.

En 2014, il tente un coup de poker, resté dans les annales en se rendant à Kidal, ville contrôlée depuis 2012 par les rebelles touaregs puis par les djihadistes et boudée par les officiels. Contre tous conseils de s'y rendre, l'avion de Moussa Mara atterrit dans cette étendue de désert près du Niger et de l'Algérie, en proie à tous les trafics. Il y est accueilli par des tirs et doit être exfiltré, plusieurs soldats de l'armée malienne étant tombés sous les balles.

Un programme de «Changement» pour le Mali

L'épisode signe sa sortie du gouvernement. Mais le conforte comme un homme de courage qui franchit les lignes rouges. S'il peut se permettre de naviguer à contre-courant, c'est que Moussa Mara a des assises solides. Son père Joseph Mara, devenu ministre de la Justice, faisait partie du groupe d'officiers qui déposa en 1968, le président Modibo Keïta. L'hérédité sans doute. Moussa Mara veut désormais incarner le Changement, le nom choisi en bambara pour son parti Yelema, créé en 2010.

Quid de son programme de conquête du pouvoir ? Moussa Mara enfourche les chevaux de thèmes comme le «renouvellement et le rajeunissement du leadership» la «lutte contre la corruption des élites », la «décentralisation», ou encore «l'augmentation des revenus des plus défavorisés». Sur le thème de l'unité nationale, il rappelle ses origines transversales. « Je suis né d'un père chrétien et d'une mère musulmane. Ma famille est très diverse et accueille des ethnies de l'Ouest, du sud, du Centre et du Nord de notre pays», écrit Moussa Mara.

Comme une vieille rengaine, ses détracteurs rappellent que l'ancien Premier ministre garde «un pied dans la majorité, un pied dans l'opposition». Pourtant, Moussa Mara a musclé son discours critique contre son ancien mentor à qui il veut barrer la route. Au point d'enclencher le levier de la marche toute vers le Palais de Koulouba !

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