Industrie hôtelière : qui sont ces « Majors » du continent africain ?

Que ce soit pour l’économique, le milieu de gamme ou le luxe, l’Afrique est incontestablement devenue un marché à fort intérêt pour l’industrie touristique. Les grands groupes internationaux multiplient les investissements pour tirer parti du potentiel que présente le continent. Et face à cet entrain, les opérateurs africains ne sont pas en reste. En octobre prochain, ils seront à nouveau tous réunis à Kigali (Rwanda) à l’occasion de la septième édition de l’Africa Hotel Investment Forum pour discuter de la «santé» du secteur. Qui sont donc ceux qui font tourner la machine de l’usine hôtelière africaine ?
Ristel Tchounand

Marriott International, premier... et second sur le podium

Spécialiste de l'hôtellerie de luxe, Marriott International reste une figure emblématique du secteur sur le continent. Créé en 1993, l'opérateur américain a su s'imposer dans le paysage international. Marriott International déploie aujourd'hui ses ailes dans huit pays sur les 5 continents, à travers 30 marques dont 17 (parmi lesquelles les célèbres Sheraton et Méridien) sont impliquées dans les projets d'hôtels du groupe en Afrique. Actuellement, Marriott International est le deuxième groupe hôtelier le plus dynamique sur le continent en termes de nombre d'hôtels en projets et le premier si l'on considère le nombre de chambres déjà ou prochainement en chantier, selon le rapport 2017 du W Hospitality. En effet, la firme entend lancer 83 hôtels pour 16 393 chambres dans 22 pays au cours des prochaines années.

La firme américaine marque un nouvel ancrage de sa présence africaine en acquérant en janvier 2014 les 166 hôtels de la chaîne sud-africaine Protea Hospitality pour la modique somme de 186 millions de dollars. Depuis, Marriott n'a cessé de multiplier les investissements pour accroître sa présence sur le continent. En 2016, le groupe a ouvert de nouveaux hôtels dans la région Moyen-Orient et Afrique dont le Fès Marriott Hotel au Maroc, Accra Marriott Hotel au Ghana et Renaissance Lagos Ikeja Hotel au Nigéria. «Aujourd'hui, l'Afrique est particulièrement importante pour la stratégie d'expansion de Marriott International en raison de la croissance économique rapide du continent, de l'élargissement de la classe moyenne et de la population jeune, ainsi que de l'augmentation des vols internationaux vers le continent. Avec plus de 850 millions de personnes en Afrique subsaharienne seule, il y a d'énormes possibilités», déclarait en septembre dernier Alex Kyriakidis alors PDG Moyen-Orient et Afrique chez Marriott International. Le groupe qui a récemment ouvert son premier hôtel à Nairobi (Kenya) devrait inaugurer sa première installation à Zanzibar (de la marque Ritz-Carlton) en 2021.

Mangalis Hotel, la figure montante du continent

Groupe hôtelier panafricain créé en 2011 et basé à Barcelone, Managalis appartient au groupe Inaugure Hospitality du tycoon sénégalais Yérim Sow. Opérant sous trois marques (Noon, Seen, Yaas), cet opérateur siège parmi les figures montantes de l'industrie en Afrique de l'Ouest. Le groupe a inauguré 425 chambres dans trois hôtels en 2016 à Abidjan (Côte d'Ivoire), Conakry (Guinée) et à Dakar (Sénégal) et porte actuellement 10 projets d'hôtels pour 1349 chambres dans huit pays qui seront tous ouverts d'ici 2019. En 2017 déjà, ceux de Cotonou (Bénin), Lagos (Nigéria) et Pointe Noire (Congo) seront mis sur le marché cette année. Ce qui lui vaut la neuvième place dans le classement 2017 des groupes hôteliers au plus grand nombre de développements de projets hôteliers du W Hospitality.

«Ce classement est une référence sur le marché et d'être classé 9e parmi les groupes hôteliers globaux est une satisfaction pour nous.  C'est la matérialisation de notre ambition d'être positionner parmi les opérateurs de référence internationale dans la région», a déclaré Olivier Jacquin, PDG de Mangalis dans un entretien avec La Tribune Afrique. «Nous avons une vision très précise de ce que nous souhaitons atteindre en Afrique et avoir une reconnaissance dès notre première année d'opération est encourageant. C'est un gros projet, un des plus importants d'Afrique, appuyés par un plan de développement organique», ajoute-t-il. A terme en effet, Mangalis ambitionne de devenir le plus grand groupe d'accueil né en Afrique.

Melia Hotels, bien présent dans le royaume chérifien

L'espagnol Melia Hotels International est un de ceux qui ne veulent pas voir le potentiel africain leur échapper. Fondé en 1956 à Palma de Mallorca (Espagne), c'est l'un des plus importants groupes hôteliers en Espagne et 17e mondial, avec 374 hôtels dans 40 pays sur quatre continents représentés sous sept marques. En Afrique, la chaîne dispose d'un hôtel à Zanzibar, quatre établissements au Cap-Vert, trois autres au Maroc où il est d'ailleurs très actif.

melia

Au royaume chérifien en effet, la firme dispose actuellement d'un hôtel opérationnel à Taghazout et inaugurera un nouvel établissement à Saïdia cette année et un autre en 2018. «Au cours de ces dernières années, nous avons observé beaucoup d'activités au Maroc où le groupe détient un vaste portefeuille de marques urbaines et de loisirs dans des villes clés, y compris Casablanca, Marrakech et Tanger», explique le directeur développement Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) de Melia Hotels International dans un entretien avec W Hospitality.

CityBlue Hotels, une performance à surveiller de près

Fondé au Rwanda en janvier 2013 par l'entrepreneur Doubaïote Jameel Verjee. Au départ, le groupe qui opère sous trois marques d'hôtels (Urban by CityBlue, C3, CityBlue Hotels & Suites) est également présent au Burundi, au Kenya et en Ouganda. Il prépare actuellement l'extension de sa voilure avec la construction de 11 nouveaux hôtels pour 803 chambres dans sept autres pays, à savoir l'Ethiopie, la Tanzanie, la Zambie, le Togo, le Nigéria et le Cameroun, pour porter à 10 le nombre de ses implantations outre son siège au pays de Paul Kagamé. Le patron, Jameel Verjee est un ancien avocat à Londres et Paris qui s'est engagé dans l'entrepreneuriat en 2005. Il fonde d'abord aux Emirats Arabes Unis Diar Capital, une société d'investissement axée sur les entreprises à croissance rapide qui gère des intérêts dans plusieurs secteurs dont l'immobilier.

CityBlue

Il est inspiré à investir dans l'hôtellerie quand il remarque ce que le groupe chinois Home Inns arrive à faire en Chine en mettant en valeur l'offre locale, un modèle que s'apprête à dupliquer, à l'époque, le groupe Tata en Inde avec sa marque Ginger Hotels. « J'ai vu en cela l'occasion de créer une marque et c'est pour moi l'occasion la plus importante parce qu'il n'y a pas beaucoup de marques africaines qui croisent les juridictions africaines », expliquait-il dans un entretien avec African Business Magazine. Dans un Rwanda en pleine « renaissance », il dit n'avoir trouvé aucune difficulté à créer son entreprise dont les activités ont été lancées au bout de 18 mois. A un tel stade de compétitivité sur le continent en seulement quatre ans d'existence, CityBlue Hotels promet de devenir un acteur incontournable du secteur sur le plan régional.

AccorHotels, une croissance ininterrompue

Leader en France et sixième mondial avec 4 100 hôtels dans 95 pays sur les cinq continents, AccorHotels est incontestablement l'un des groupes hôteliers les plus dynamiques en Afrique. Détenant un portefeuille de 27 marques, ses implantations africaines sont plus placées sous la bannière de Sofitel et Pullman pour le luxe, Novotel pour le moyen de gamme et Ibis pour l'hôtellerie économique. Actuellement, le fleuron français est le premier investisseur dans ce secteur en Afrique en termes de nombre d'hôtels en projets et le second en termes de nombre de chambres en projets, selon le rapport 2017 du cabinet spécialisé W Hospitality. AccorHotels porte en effet 84 projets d'hôtels pour 13 286 chambres qui devraient être progressivement opérationnels à partir de cette fin d'année. Avec sa marque Ibis Styles uniquement, le groupe détient 26 projets d'hôtels pour 3 642 chambres à travers le continent. Avec Grand-Mercure, le nombre de projets d'hôtels est de 2350 chambres. Trois nouveaux hôtels sont déjà annoncés en Ethiopie pour l'horizon 2020.

Accor

Le dynamisme d'Accor se veut d'autant plus manifeste que le groupe a lancé cet été une campagne digitale baptisée «MyChicAfrica». Objectif : faire découvrir aux touristes du monde entier l'Afrique belle et chic qui reste souvent très peu médiatisée à l'international. Aujourd'hui, la presse ouest-africaine lui prête la volonté de faire d'Abidjan (Côte d'Ivoire) son hub sous-régional, en raison de l'arrivée, le 20 juin dernier dans la capitale ivoirienne, d'une délégation du groupe français que dirigeait par l'ancien président Nicolas Sarkozy qui faisait le déplacement en tant que membre du Conseil d'administration. Cette dernière avait pour l'occasion rencontré le président Alassane Ouattara. Mais le contenu de cette rencontre jusqu'à lors, officiellement, reste méconnu.

Carlson Rezidor Hotel Group, toujours miser sur l'Afrique

Chez Carlson Rezidor Hotel Group, l'Afrique est considérée comme l'un de ses principaux marchés de croissance. Né d'un partenariat stratégique entre entreprise privée (Carlson) fondée en 1938 et société publique (Rezidor) créée en 1960, la firme basée à Minneapolis (Etats-Unis) et à Bruxelles (Belgique) est présente dans 110 pays à travers le monde, avec plus de 1 370 hôtels en exploitation et en développement. En Afrique, Carlson Rezidor compte déjà 37 hôtels d'un total de 8 383 chambres et porte actuellement le projet de 39 nouveaux établissements pour 7 862 chambres dans 20 pays, selon le W Hospitality.

Radisson

Propriétaire de six marques, la firme à fonctionner en Afrique avec quatre d'entre elles : Park Inn by Radisson, Quorvus Collection, Radisson Red et Radisson Blu. «Nous sommes dans une phase de progression en Afrique», confiait en 2016 à Jeune Afrique Wolfgang Neumann, le PDG du groupe hôtelier Carlson Rezidor. L'année dernière en effet, l'opérateur international a inauguré sept hôtels sur le continent et en mars 2017, le groupe annonçait l'ouverture du Radisson Blud de Cape Town, son dixième hôtel en Afrique du Sud, un marché en particulier sur lequel il mise gros. Depuis qu'il est sur le continent, Carlson Rezidor Hotel Group ouvrirait un hôtel tous les 60 jours et ambitionne de proposer plus de 23 000 chambres d'hôtel en Afrique d'ici fin 2020.

Hilton, une vue sur le Kilimandjaro

Le Hilton est certainement l'une des signatures hôtelières occidentales qui a été pendant longtemps les plus familières à l'Africain lambda. Pendant longtemps signe de prestige, l'enseigne américaine fondée en 1919 et leader mondial de l'hospitalité a su imposer son empreinte à travers la planète avec ses 4 982 hôtels et propriétés pour 812 341 chambres dans 103 pays. En Afrique, Hilton c'est près d'une quarantaine d'établissements. En 2017, le nombre de chambres en projet en Afrique a augmenté de 17% par rapport à l'année dernière pour s'établir à 5697 chambres dans 41 hôtels en construction ou bientôt mis en chantier dans 18 pays, selon le rapport de W Hospitality, faisant de lui le troisième groupe hôtelier investisseur sur le continent.

hilton

De nouvelles unités seront lancées au Nigéria cette année, au Ghana en 2018, ainsi qu'au Kenya en 2020. A noter qu'au pays d'Uhuru Kenyatta, le projet est assez emblématique puisqu'il occupera 70 étages du Pinacle, la plus haute tour d'Afrique (300 m de hauteur), actuellement en construction à Nairobi. « Nous restons très engagés envers l'Afrique dans notre portefeuille de marques de classe mondiale, en continuant à présenter nos hôtels à de nouveaux marchés dans l'ensemble de l'Afrique subsaharienne dans les années à venir», a déclaré Patrick Fitzgibbon, senior vice-président chez Hilton Worldwide. Concrètement, l'opérateur américain entend presque doubler son empreinte en Afrique à l'horizon 2020-2022 pour dépasser la barre des 80 hôtels.

Best Western, une présence dans le milieu de gamme

Fondé en 1946 à Phoenix dans l'Arizona (Etats-Unis), Best Western Hotel & Resorts est une chaîne d'hôtels américaine milieu de gamme composée d'environ 4 000 hôtels dans plus de 80 pays. Elle fait également partie de ces majors du secteur qui s'activent pour tirer au mieux profit du potentiel touristique de l'Afrique. Déjà détenteur de 26 hôtels pour 2 310 chambres sur le continent, l'opérateur y détient actuellement un pipeline de 18 hôtels pour 1652 chambres dans six pays. Afin de renforcer sa présence sur le continent, Best Western a noué, début 2016, un partenariat avec la chaîne sud-africaine Orion Hotels qui devrait donner lieu à la construction de plusieurs nouveaux établissements.

best western

Estimant le potentiel du marché kényan important, le groupe s'y veut très présent. Après avoir inauguré à Nairobi fin 2016 un complexe d'appart-hôtels orienté clientèle business, le groupe américain prépare l'ouverture d'un nouvel hôtel dans la capitale kényane au troisième trimestre de cette année.

Mantis Collection, une signature de luxe

Mantis Collection fait son entrée cette année dans le top 10 des groupes les plus dynamiques du continent du W Hospitality 2017. Fondé à Port Elisabeth (Afrique du Sud) en 2000 par l'homme d'affaires sud-africain Adrian Gardiner, il s'agit d'une collection de propriétés et d'hôtels cinq étoiles répartis dans 33 pays à travers le monde, dont 13 en Afrique. A l'échelle mondiale, la signature de Mantis est reconnue pour la singularité de son offre qui allie hôtels de charme, réserves de jeux, logis écologiques, logis de ski et chalets et yachts. D'ailleurs, la chaîne a été plusieurs fois lauréate de prix internationaux dont le World's Leading Conservation Company ou encore le Prestigious Terra Nova Award.

mantis

Au niveau régional, le groupe a été élu «marque de l'hôtel de première qualité en Afrique» et «marque de réserve de jeu en Afrique». Très porté destinations exotiques, Mantis a récemment jeté son dévolu sur Sainte-Hélène, une île située à 2000 km du continent. Alors que les autorités locales y inauguraient un nouvel aéroport à la mi-2016, tout en accordant à la compagnie aérienne sud-africaine Airlink l'agrément pour émettre des vols directs, l'hôtelier sud-africain a accéléré son action, augurant un afflux de touristes sur l'île. Il y prépare déjà, cet été, la rénovation de trois bâtiments pour en faire un hôtel de luxe. Et ce projet fait partie de son pipeline de 13 hôtels d'un total de 537 chambres.

Louvre Hotels, une dynamique prometteuse

Investi dans l'hôtellerie économique, le Louvre Hotels Group est implanté dans 51 pays à travers le monde via 1 175 hôtels. En Afrique, la chaîne française détient 13 hôtels de 2 020 chambres au total sous ses marques Tulip Inn, Golden Tulip et Royal Tulip. Le groupe porte actuellement 13 projets d'hôtels de 1 325 chambres dans sept pays africains qui devraient tous être mis en service en 2020. Outre les trois marques déjà présentes sur le continent, l'opérateur français va introduire Campanile, Première Classe et Kyriad dans son portefeuille africain. Une dynamique d'expansion régionale dans laquelle le Louvre Hotels s'inscrit fortement ces dernières années.

golden tulip

En 2016, le groupe hôtelier a ouvert 10 hôtels d'un total de 1 048 chambres, dont son premier «quatre étoiles» au Kenya, le Golden TulipWestlands Nairobi. Ce qui fait de lui le deuxième groupe hôtelier à avoir ouvert le plus grand nombre d'établissements sur le continent l'année dernière après AccorHotels. Le groupe a récemment élargi sa voilure sur le continent avec l'acquisition de l'indien Savorar qui détient des hôtels en Tanzanie, au Kenya et au Sud-Soudan, ainsi que des projets en cours au Kenya, en Zambie et en Ethiopie.

Azalaï, l'étoile montante africaine

Après avoir fait ses premières armes à Bamako au Mali où le groupe détient aujourd'hui trois hôtels quatre étoiles, Azalaï Hotels Group conquiert peu à peu l'Afrique de l'Ouest. Aujourd'hui présent au Mali, au Bénin, en Guinée Bissau, en Mauritanie et depuis février 2017 en Côte d'Ivoire, cette chaîne fondée il y a une vingtaine d'années par l'homme d'affaires nigérien Mossadeck Bally (lire entretien) se veut leader de l'hôtellerie dans la sous-région. Bien que sa dynamique d'investissement soit moindre que les «majors» présentés dans le classement de W Hospitality 2017, le groupe -basé au Mali et dont l'activité génère près de 4 000 emplois- prépare le lancement de cinq nouveaux hôtels dans cinq pays à partir de cette année. L'entrée d'AfricaInvest dans le capital d'Azalaï en début d'année pour une mise de 17,3 millions d'euros devrait accélérer ces projets.

Ristel Tchounand

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