Le Mozambique présente les scénarios de restructuration de sa dette à Londres

Le ministre mozambicain des Finances se réunira ce mardi 20 mars avec les créanciers commerciaux du pays pour présenter le plan de restructuration de la dette adopté pour le gouvernement. A la fin 2018, celle-ci devrait atteindre 13,3 milliards de dollars.
(Crédits : Reuters)

Les autorités mozambicaines s'apprêtent à tenir une réunion avec les créanciers commerciaux du Mozambique, ce mardi 20 mars à Londres, pour présenter une proposition de plan de restructurer la dette. Une initiative accueillie avec scepticisme par les détenteurs d'eurobonds mozambicains qui ont émis des doutes sur la capacité du pays à exécuter un éventuel plan de restructuration.

13,3 milliards de dollars de dettes en 2018

Un manque de confiance qui s'explique par la restructuration d'une euro-obligation en 2016, le gouvernement mozambicain a par ailleurs admis lors de la même année 1,4 milliard de dollars de prêts cachée, dont une grande partie a été consacrée à la mise en place d'une compagnie nationale de pêche au thon et à la sécurité maritime. La découverte de cette dette a incité le FMI et les bailleurs de fonds internationaux à mettre fin à leur soutien, ce qui a débouché sur un effondrement de la monnaie et entraînant un défaut de paiement.

Ce blocage s'est poursuivi durant 17 mois, poussant Maputo à déclarer sa dette «insoutenable» et appelant à sa restructuration. Le FMI a précisé en février dernier que la situation de la dette mozambicaine avait connu une grave «détérioration », en raison d'une réponse budgétaire tardive à la chute des prix des matières premières, de la découverte des prêts cachés et de la chute de sa valeur monétaire depuis la fin 2014. Le FMI estime la dette extérieure du pays à 13,3 milliards de dollars en 2018 contre 10 milliards de dollars en 2016.

Le fonds s'attend par ailleurs à ce que la dette extérieure publique et garantie par l'Etat mozambicain culmine en 2023 à plus de 370% du PIB, alors que la croissance économique à court terme a été décrite comme «anémique», par les experts du FMI.

Parallèlement, les arriérés extérieurs totaux ont atteint 709,7 millions de dollars à la fin de 2017, dont plus de 80% sont dus à des créanciers commerciaux. Le Mozambique doit également des arriérés envers les gouvernements du Brésil, de la Libye, de l'Irak, de l'Angola, de la Bulgarie ou encore de Pologne.

L'espoir GNL

La découverte d'importantes réserves de gaz offshore il y'a une décennie pourraient changer la donne pour Maputo. Tout le défi pour le Mozambique réside dans un démarrage effectif des usines de GNL à l'horizon 2023, ce qui pourrait changer l'attitude des investisseurs, bailleurs de fonds et créanciers vis-à-vis de Maputo.

D'après Reuters, la réunion du 20 mars qui réunira à Londres, Adriano Maleiane ministre de Finances et la conseillère en restructuration Michele Lamarche du cabinet Lazard au cabinet d'avocat White & Case LLP, vise à présenter les éléments clés des propositions de restructuration et à mettre à jour les créanciers commerciaux sur les développements fiscaux et macroéconomiques.

Parmi ces derniers, l'on retrouve les détenteurs de 727 millions de dollars d'emprunts obligataires dont l'échéance est prévue pour 2023 et ceux détenteurs des 553 millions de dollars de prêts cachés arrangés par le prêteur russe VTB à l'entreprise publique Mozambique Asset Management (MAM) ou encore un prêt de 622 millions de dollars arrangé par VTB et le Crédit Suisse pour ProIndicus, une entreprise appartenant aux ministères de la Défense, de l'Intérieur et des services de sécurité.

Les créanciers commerciaux regroupés dans le Groupe Global des Obligataires du Mozambique (GGBM) ont pour rappel déjà accepté un échange de dettes en 2016, ce qui a poussé leur représentant à préciser que «d'autres prêteurs devraient être en première ligne à prendre plus de coups. Le GGBM et les détenteurs d'obligations qui le soutiennent continuent de détenir plus de 80% des obligations et, par conséquent, toute résolution des Eurobonds devra refléter notre position», rapporte de presse Reuters.

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