"Internet pour tous" : le cheval de troie de Zuckerberg en Afrique

Mark Zuckerberg vient de fouler le sol africain pour la première. L’objectif principal de cette visite inédite est de promouvoir «Free Basics», une interface qui permet une connexion Internet gratuite. Une démarche pas complètement désintéressée. Explications.

Internet pour tous. C'est le slogan qu'a cherché à promouvoir Mark Zuckerberg lors de sa visite en Afrique, début septembre 2016. A travers son service de connexion Internet gratuite, le plus jeune milliardaire du monde dit vouloir connecter une quarantaine de pays émergents, dont la moitié est située en Afrique. La démarche aurait pu paraître désintéressée, si le service baptisé «Free Basics» ne forçait pas l'utilisation du réseau social bleu et écartait les concurrents directs, Google en tête. Du coup, quand Zuckerberg dit que l'accès à Internet doit être inscrit dans les droits humains, il faut y voire surtout du bluff. La raison est simple. Une connexion même gratuite ne devrait en aucun cas toucher à un principe pourtant de base : la neutralité d'Internet. C'est exactement ce qui pousse de nombreux activistes et autorités locales à refuser cette offre qualifiée de "totalement commerciale". Et ce n'est pas uniquement une question d'éthique.

Pas de précipitation... le cas Indien

Le cas de l'Inde peut facilement servir d'illustration. Le pays sous continent a bloqué l'accès à Free Basics «afin d'étudier s'il n'enfreignait pas la neutralité du web» et s'est donné jusqu'à janvier 2017 pour trancher. D'ailleurs, une centaine de professeurs de sciences et d'informatique ont rédigé une lettre commune pour fustiger ce service vendu par Facebook. Pour eux, ce n'est pas à une firme de la Silicon Valey de définir ce qui est un «service basique». De plus, ce service met en danger les informations personnelles de ces utilisateurs. En effet, Facebook peut avoir accès aux données utilisées sur cette plateforme. Rien que pour l'Inde, pays qui devrait compter en 2018 près de 300 millions de nouveaux internautes, il s'agit d'une mine d'or pour tout marketeur qui se respecte. Une mine d'or au sens propre puisque le business plan de Facebook est d'abord basé sur la capacité de ciblage commerciale des internautes.

Risque de dépendance africaine

Pour l'Afrique, cette donne s'impose avec encore plus accuité, le risque de dépendance (et de perte de neutralité du web) étant démultiplié par la fracture numérique dont souffre le continent. Les chiffres publiés par l'Union internationale des télécommunications (UIT), institution onusienne spécialisée, sont éloquents : trois Africains sur quatre n'ont pas accès à Internet. Avec la montée en puissance du pouvoir d'achat des citoyens de certains pays africains, c'est un gisement de prospects plus important que celui de l'Inde d'au moins 5 fois. De quoi attiser l'appétit des géants d'Internet dans le monde. Il est à noter que Google nourrit également des ambitions dans le même sens. Son projet «Loon», diminutif de «balloon» (ballon en français), vise à faire flotter des ballons de quinze mètres de diamètre, à une vingtaine de kilomètres d'altitude. Le but est de permettre une connexion sur 40 kilomètres autour de lui, avec des débits équivalents à de la 3G et même à de la 4G, surtout dans les zones reculées. Cela dit, contrairement à Facebook, Google assume clairement sa volonté d'améliorer la connectivité à internet dans le but de créer de nouveaux marchés.

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