Les fonds devaient être rapatriés depuis longtemps mais l'affaire, suspendue au verdict de la justice américaine avait traîné en longueur. Fin septembre 2016, un tribunal du Dictrict de Columbia (Washington) a levé dans une décision rendue fin septembre 2016, le dernier obstacle juridique qui bloquait le retour au Nigéria de 550 millions de dollars US, détournés par l'ancien président, Sani Abacha. Il s'agissait d'une plainte de l'avocat nigérian Godson Nnaka.

Me Nnaka, avocat nigérian basé aux Etats-Unis, réclamait au gouvernement nigérian le paiement d'honoraires d'une valeur de 320 millions dollars. L'avocat avait été engagé par les autorités dans l'affaire du rapatriement des 550 millions dollars de l'ancien président Abacha qui ont été saisis par le gouvernement américain.

Dans sa décision, le juge américain a débouté l'avocat estimant qu'il ne remplissait pas les conditions pour être considéré comme partie dans l'affaire. Pour le magistrat, les conditions élémentaires pour justifier un paiement d'honoraires sont absentes du fait que l'avocat n'a remporté aucun procès pour le Nigéria. Un verdict qui tranche définitivement le litige qui bloquait le rapatriement au Nigéria des fonds.

2 milliards de dollars envolés en 5 ans

Pour la petite histoire, ces fonds ont été saisis en 2014 par les Etats-Unis après qu'un juge fédéral du District de Columbia a rendu une décision favorable à la saisie des 550 millions car ceux-ci avaient transité par le système financier américain avant d'être planqué dans plusieurs pays notamment en France, en Irlande, au Royaume-Uni, en Suisse, au Liechtenstein, au Luxembourg...

Cette énorme manne financière avait été détournée des coffres de la Banque centrale du Nigéria durant la sanglante dictature militaire du régime de Sani Abacha qui gouverna le pays d'une poigne d'acier entre 1993 et 1998 après avoir renversé l'éphémère (3 mois) gouvernement civil du président intérimaire Ernest Adegunle Oladeinde Shonekan.

En 2014, Liechtenstein avait versé au gouvernement nigérian, 185 millions de dollars détournés. Un an plus tard, la Suisse avait restitué au Nigéria, 380 millions de dollars planqués dans ses banques. Dans le même mouvement, les Etats-Unis s'apprêtent à rapatrier plus d'un demi-milliard de dollars, sans toutefois préciser les modalités de versement des fonds.

Il faut souligner que, prenant souvent prétexte du fait que l'argent rapatrié doit servir à financer des projets de développement, certains pays qui hébergent des fonds détournés par des dictateurs africains assujettissent le rapatriement des fonds au contrôle d'une institution financière internationale. Une position qui empêche aujourd'hui le rapatriement des détournements de Zine el-Abidine Ben Alien Tunisie, de Hosni Moubarack en Egypte ou encore de Mouammar Kadhafi en Libye.