Tchad : trêve d’un mois pour la grève générale

Le président tchadien, Idriss Déby Itno peut pousser un ouf de soulagement. Les mouvements syndicaux, figures de proue de la série de grèves qui paralyse un pays embourbé dans une conjoncture économique difficile, lui offrent un répit d’un mois.

La plateforme intersyndicale composée de l'Union des syndicats du Tchad (UST), de la Confédération indépendante des syndicats du Tchad (CIST) et du Syndicat national des enseignants-chercheurs du supérieur (SYNECS) a annoncé dans un communiqué une suspension de leur grève pour une durée d'un mois. En conséquence, « tous les travailleurs du secteur public sur l'ensemble du territoire national devraient reprendre le travail dès ce jeudi 12 janvier 2017 »

Un mois de répit pour trouver des réponses

A titre de justification, la plateforme syndicale rappelle que « cette suspension de la grève pour un délai d'un mois a été décidée après consultation de la base. Cette période doit permettre de tout mettre en œuvre pour trouver des réponses adéquates aux revendications des centrales syndicales », a justifié Mahamat Nasradine Moussa, le secrétaire général adjoint de la CIST.

Pour replacer les faits dans leur contexte, il faut rappeler que le Tchad traverse depuis septembre 2016, de fortes turbulences sociales. En novembre dernier, l'opposition tchadienne a appelé à une série de « journées villes mortes » pour protester contre les mesures d'austérité imposées par le pouvoir dont elle dénonçait la « mauvaise gestion du pays, désormais proche de la banqueroute ».

La brèche est ouverte. Aux protestations de l'opposition se greffent bientôt le mécontentement de fonctionnaires astreint à la diète avec une coupe de 50 % des indemnités salariales de certaines institutions publiques, le gel des acquisitions de véhicules et des missions à l'étrangers ou encore la réduction des fonds spéciaux destinés aux activités publiques. Effet domino ou suivisme ? Les fonctionnaires qui suivent le mouvement d'humeur entraînent les étudiants dans leur sillage.

La contre-attaque des syndicats

Au niveau économique, le Tchad fait face à une conjoncture économique pour le moins difficile. Les revenus du pétrole (deux tiers du budget) ont raboté les recettes budgétaires de 70% au moment même où le pays d'Idriss Déby a dépensé quelques 85 millions de FCFA (rien que pour 2015) pour soutenir l'effort de sa lutte contre les groupes armés notamment Boko Haram. Ce ne sont ni les appels à la patience -l'austérité doit durer 18 mois-, ni le soutien et l'enveloppe d'aide de la France lors de la visite de Bernard Cazeneuve qui réussiront à atténuer cette grogne sociale qui risque de s'emparer des rues de N'Djamena et des autres villes.

Après avoir échoué dans les négociations à instaurer une « trêve sociale », le gouvernement a décidé de museler le droit de grève en décidant de ne plus payer les journées de grève. Une menace destinée à essouffler le mouvement de grève mais qui a réussi à l'exacerber.

Aujourd'hui, ce sont les syndicats qui contre-attaquent en donnant un répit d'un mois au gouvernement tchadien. Celui-ci sonne comme un ultimatum accordé à Idriss Deby pour trouver des solutions plus efficaces que la menace. En attendant, Deby pousse un ouf de soulagement.

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