L’Afrique du Sud menacée par la vétusté de ses mines d’or

L’abondance des ressources en or de l’Afrique du Sud ne semble plus être en mesure de sauvegarder l’industrie minière du pays. Un secteur qui pâtit de l’obsolescence de son processus industriel dont la productivité à chuté de 58% en 13 ans. La profession déplore un manque à gagner de 112 millions de dollars en lingots rien que pour le premier semestre 2016. Un retard technologique qui en plus de représenter un danger réel pour la vie des mineurs, en témoigne la moyenne macabre d’un décès tous les 12 jours, pourrait également déboucher sur une panne sèche du secteur en 2033.
Amine Ater

Les opérateurs miniers tirent la sonnette d'alarme sur la situation du secteur en Afrique du Sud. En effet, selon la profession, la puissante industrie aurifère, véritable poumon de l'économie du pays, risque d'être obsolète d'ici 2033, si les opérateurs n'intègrent pas les progrès technologiques à leur processus industriel.

58% de la production perdue en 13 ans

L'Afrique du Sud, ne compte à ce jour qu'une seule mine d'or entièrement mécanisée, à savoir South Deep appartenant au groupe Gold Fields. Un retard technologique qui se fait ressentir, le pays est passé de traditionnel numéro un mondial, à la septième place en une décennie, alors que Pretoria trustait la première place depuis plus d'un siècle. Un recul qui s'explique par le non renouvellement des méthodes de forage et de soufflage dont la plupart datent des années 50.

Une vétusté des équipements qui se traduit par l'explosion des coûts, notamment de maintenance et une baisse de production. Une situation qui contraste avec l'importance des réserves en or du pays (troisièmes au niveau mondial), en témoigne les réserves identifiées dans le site de South Deep, qui s'établissent à 37,3 millions d'once équivalent à une production de 500.000 onces/an.

L'abondance des ressources n'a pas empêché la production sud-africaine de s'effondrer de 58% en l'espace de 13 ans. Selon les opérateurs, 80% de la production est extraite manuellement par les travailleurs soit 140 tonnes métriques d'or en 2016. Selon les estimations de Pretoria, les sous-sols sud-africains compterait quelques 6.000 tonnes de réserves, derrière l'Australie et la Russie. Une estimation corroborée par l'US Geological Survey.

40 milliards de dollars de manque à gagner

Une montée en gamme des mines, pourrait réduire de moitié les coûts pour extraire de l'or de chaque 1.000 tonne de gisement. Ce qui équivaut à un manque à gagner de 40 milliards de dollars selon les courts actuels du minerai. Une arriération qui s'ajoute à la difficulté d'accès aux gisements. En effet, l'or se trouve généralement dans des récifs étroits qui plongent à des angles de 30 degrés dans des roches difficiles à « casser » situés jusqu'à 4 km sous la surface, ce qui accentue la menace de secousses sismiques responsables de l'éboulement des galeries.

Une situation qui représente également un danger pour les mineurs qui doivent effecteur jusqu'à 4 heures de trajets par jour à travers des tunnels pour atteindre leurs sites de travail, où ils doivent chercher de l'or dans coutures de 30 cm à l'aide de perceuse à main et en utilisant des explosifs pour briser la roche ! Des normes de sécurités héritées de l'apartheid qui totalisent une moyenne d'un mineur tué tous les 12 jours. Un triste constat qui témoigne du peu de changement ayant touché le secteur en un siècle. Un immobilisme qui ne touche pas les coûts en main d'œuvre et en énergie qui augmentent en moyenne de 8%/an.

Cette situation se traduit par un cercle vicieux, accidents, déblayage suivi d'arrêts de sécurités imposé par les autorités qui se sont traduites par la non-extraction de 112 millions de dollars en lingots rien qu'au premier semestre 2016 ! Un manque à gagner qui se creuse d'année en année conjuguée aux mouvement sociaux à répétition qui touche le secteur dont la principale revendication porte sur la sécurité physique des mineurs. Des grèves qui ont souvent viré à l'émeute et à l'affrontement direct avec la police sud-africaine qui n'hésite pas à faire usage d'armes à feu.

Amine Ater

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Commentaire 1
à écrit le 28/03/2017 à 7:43
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Allons, enfin, un si beau pays, si bien gouverné...

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