L'entreprise singapourienne Olam prend le contrôle de Coton Tchad

Après des mois de tractations en coulisses, la multinationale singapourienne Olam a conclu un accord avec le gouvernement tchadien pour acquérir 60% du tour de table de la Coton Tchad SN. Olam, déjà très active en Afrique, vole ainsi au secours de la société nationale qui fait face à d’énormes difficultés ces dernières années, avec comme ambition de développer cette filière de pointe pour l'économie tchadienne.

Après presque une année de négociations en coulisses, le deal a été finalement acté. La firme singapourienne Olam International et le gouvernement tchadien sont parvenus à un accord relatif à la privatisation partielle de Coton Tchad Société nouvelle (Coton Tchad SN) qui détient le monopole de la commercialisation de la graine de coton dans le pays et qui, jusque-là, était détenue à 100% par l'Etat.

Selon l'agence Ecofin, les deux parties auraient signé l'accord lundi dernier, même si officiellement aucune information n'a encore été confirmée par le gouvernement ou par la multinationale. La conclusion de cet accord n'est en tout cas pas une surprise et était même attendue depuis longtemps au regard notamment des négociations engagées entre les deux parties, mais aussi des difficultés que traverse l'entreprise publique depuis quelques années.

Ainsi, au terme de la transaction qui n'est qu'à son début, l'Etat tchadien cédera 60% de sa participation à Olam et réservera 5% aux producteurs nationaux à titre gratuit. C'est donc une privatisation partielle qui permettra toujours à l'Etat de garder un œil sur la gestion de Coton Tchad SN.

La conclusion de l'opération se traduira par la restructuration de la société, ainsi que la mise en œuvre d'un ambitieux programme de développement qui vise à rehausser la production de coton graine à 300 000 tonnes d'ici à 2023, contre 100 000 tonnes actuellement. Selon toujours les termes de l'accord qui ont filtré dans les médias, la firme internationale va se charger du financement des campagnes cotonnières, de la réhabilitation de l'usine de production d'huile de coton de Mondou, ainsi que des installations d'égrenage de la société.

Bouffée d'oxygène et expansion africaine

A travers cette opération, Coton Tchad ainsi que l'ensemble de la filière cotonnière du pays vont pouvoir enfin respirer et envisager l'avenir avec sérénité. Le coton est en effet le troisième produit d'exportation du pays qui compte près de 400 000 producteurs, alors que 3 millions de personnes dépendent directement des revenus tirés de cette filière.

Depuis quelques années, Coton Tchad fait face à des difficultés de trésorerie qui se sont aggravées avec la conjoncture économique que traverse le pays à la suite de la chute brutale des cours de pétrole entamée en 2014. En plus d'espérer un sauvetage de la filière, le régime d'Idriss Déby va ainsi engranger au passage de l'argent frais dont le trésor public a grandement besoin aujourd'hui.

[Lire aussi : Le gouvernement tchadien reçoit une bouffée d'oxygène du FMI, mais doit poursuivre les réformes]

Il faut dire que jusque-là, c'est l'Etat qui assure les subventions pour l'achat des intrants et matériels agricoles. Mais à la suite de l'assèchement de ses ressources budgétaires, lesdites subventions se sont raréfiées, plongeant ainsi le secteur dans la crise.

L'année dernière, la situation s'est même aggravée puisque les banques  -qui avaient un temps constitué un pool pour venir au secours de la société- ont refusé de poursuivre l'opération en raison des importants arriérés accumulés par l'Etat. Autant dire que c'est une société sous perfusion dont la multinationale Olam vient de prendre le contrôle.

Toutefois, ce rachat des 60% de parts de l'Etat dans Coton Tchad permet à Olam International de s'installer au Tchad, un pays sahélien qui dispose d'un important potentiel agricole. De plus, la firme va poursuivre son expansion africaine où elle est principalement active dans l'agro-industrie, avec une présence sur toute la chaîne de valeur, de la culture à la logistique agricole.

C'est d'ailleurs en Afrique que la société de courtage et de négoce de produits alimentaires a vu le jour en 1989, avec comme principale activité au départ l'exportation de noix de cajou à destination de l'Inde. Depuis, Olam, qui est majoritairement détenue par le japonais Mitsubishi et par le fonds souverain singapourien Temasek, est présente dans une soixantaine de pays et se positionne désormais comme un major de l'industrie agricole africaine.

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