Avec l'inauguration d'Owendo, le Gabon veut se replacer sur la carte maritime de l'Atlantique

Un grand feu d’artifice de clôture de la cérémonie, précédée de la coupure du ruban par Ali Bongo Ondimba et d’un spectacle son et lumière. Dans le faste, le Gabon a inauguré le nouveau port d’Owendo. Fruit d’un partenariat public-privé, l’infrastructure a été construite par le groupe singapourien Olam et sa gestion partielle confiée au français Bolloré. Pour autant, ce nouveau port replace-t-il le Gabon sur la carte maritime de l’Atlantique ?
Ibrahima Bayo Jr.
(Premier plan) Jeanne Mbagou, maire de la ville d'Owendo ; Gagan Gupta, PDG d'Olam ; le président gabonais Ali Bongo Ondimba ; et Cyrille Bolloré, PDG de Bolloré Transport & Logistics.

Dix-huit mois de travaux qui ont coûté 181 milliards de Fcfa (300 millions de dollars), 2 000 ouvriers, beaucoup de tergiversations pour que les quais du nouveau port d'Owendo soient prêts à recevoir leurs premiers navires. «Le président Léon Mba en avait rêvé. Le président Omar Bongo Ondimba l'a fait. Nous l'avons modernisé», lance assez théâtralement Ali Bongo, le président gabonais dans son discours lors d'une inauguration dans le faste, ce samedi 14 octobre.

Equipements ultramodernes pour traiter 3 millions de tonnes de marchandises

Car en réalité, il s'agit d'un agrandissement et d'une modernisation des infrastructures de l'ancien port d'Owendo, situé à 18 kilomètres au sud de Libreville, la capitale gabonaise.

Dans le détail, le New Owendo International Port (NOIP), de son non de baptême, occupe une superficie de 18 hectares qui lui permet d'accueillir un quai d'accostage allongé de 600 mètres.

Au niveau équipements, des grues fixes, des portiques mobiles, silos à grain et même des citernes de stockage d'huile de palme, le «nouveau pétrole du Gabon» ! Des équipements ultramodernes qui permettent de traiter 150 000 conteneurs et plus de 3 millions de tonnes de marchandises par an. Et pourtant, avant ce «happy-end » célébré en grande pompe, une «guerre des grues» a opposé le groupe singapourien Olam et le logisticien français Bolloré.

Le premier est le principal actionnaire de Gabon Special Economic Zone (GSEZ), le consortium gestionnaire du port. Le second a obtenu, via un accord signé en 2007 avec l'Etat gabonais, la concession de la gestion et de l'exploitation exclusive du port. Le bras de fer qui avait été porté devant un tribunal arbitral français, s'est soldé par un règlement à l'amiable avec l'Etat gabonais, quelques semaines avant l'inauguration.

NOIP pour replacer le Gabon sur la carte maritime de l'Atlantique

Alors pour enterrer définitivement les «grues de guerre», Ali Bongo a rendu un hommage élogieux à Cyrille Bolloré, «un partenaire historique qui a su s'adapter [aux] exigences» et à Gagan Gupta pour «ce miracle réalisé en un temps record».

Passé cet épisode, le nouveau port d'Owendo replace-t-il le Gabon sur la carte maritime ? Le consortium GSEZ souhaite multiplier par deux la capacité du port, tout en réduisant de 25% le temps et le coût de passage. Un pari ambitieux pour faire du NOIP, une escale commerciale majeure sur les routes de l'Atlantique. Mais la concurrence est rude avec de grands ports sur le Golfe de Guinée qui ne vont pas faire de cadeau au NOIP.

Le gouvernement gabonais quant à lui compte s'appuyer sur ce nouveau port pour faire baisser les prix des produits importés et répercuter les activités du NOIP sur la vie quotidienne. «Voici un instrument de lutte contre la vie chère. Un outil qui va accélérer les échanges, et permettre une économie de plusieurs milliards de francs CFA par an qui devra être répercutée, in fine, sur les prix proposés aux consommateurs. L'impact sera donc immédiat pour les Gabonaises et les Gabonais. Nous y veillerons», promet Ali Bongo. Encore faut-il mettre en place les mécanismes pour rendre effectif ce suivi.

Ibrahima Bayo Jr.

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