Tchad : sur fond de crise budgétaire, l’opposition maintient la pression

Le choc pétrolier et l’effort de guerre ont mis à genoux l’économie tchadienne, obligeant le gouvernement à instaurer une politique de rigueur budgétaire. Une austérité qui semble pousser la majorité silencieuse à soutenir l’opposition qui maintient la pression sur l’exécutif, depuis la tentative de censure sur le gouvernement Albert Pahimi Padacké. Elle appelle à une « journée ville morte ».
Amine Ater
L'opposition semble ne rien vouloir lâcher au Tchad, en témoigne la journée ville morte qui a eu lieu aujourd'hui à N'djamena

Le Tchad semble se diriger vers une crise interne, l'opposition a appelé à la tenue d'une nouvelle « journée ville morte » hier mardi. Cette nouvelle forme de protestation contre le pouvoir d'Idriss Deby Itno vient s'ajouter aux grèves de fonctionnaires et d'étudiants qui s'opposent aux mesures d'austérité adoptées récemment par N'Djamena.

Un mouvement qui aurait été bien suivi selon Rfi. Cette journée là a été marquée par une faible circulation dans la capitale, des marchés ouverts mais dont les échoppes ont gardé le rideau baissé, un service minimum dans les hôpitaux et les centres de santé, les administrations ou encore la fermeture de certaines écoles privées. L'opposition revendique le succès de la journée morte et évoque « un signal fort envoyé au gouvernement ». Les autorités de leur côté, reprochent « l'opportunisme » politique de l'opposition.

Un pays qui tourne au ralenti

Cette protestation civile a été initiée par le Front de l'opposition nouvelle pour l'alternance et le changement (Fonac), une coalition de partis de l'opposition. Pour la Fonac, ce mouvement vient en réaction à une « mauvaise gestion du pays, désormais proche de la banqueroute ». L'opposition déplore également le blocage des salaires des fonctionnaires ou encore la suspension des bourses universitaires. Cette dernière mesure entre dans le cadre des mesures d'austérités décidées il y'a 3 mois par le gouvernement. Parmi ces mesures, l'on retrouve également une coupe de 50 % des indemnités salariales de certaines institutions publiques, le gel des acquisitions de véhicules et des missions à l'étrangers ou encore la réduction des fonds spéciaux destinés aux activités publiques.

L'annonce de ses mesures a provoqué un tollé chez les fonctionnaires qui ont multipliés les grèves. Un mouvement social qui a considérablement ralenti la rentrée scolaire et risque même d'entraîner une année blanche ! Une grogne sociale qui entraîne une vive tension politique. En témoigne, la motion de censure déposée par la Fonac le 17 novembre dernier contre le Premier ministre Albert Pahimi Padacké. Ce qui a obligé le Président Idriss Deby Itno a rentrer en catastrophe du Maroc, où il devait participer à la COP 22 et au Sommet d'action africain. Une motion de censure qui devait être votée à bulletin secret pour "favoriser de possibles défections dans les rangs de la majorité". Il n'empêche que l'absence de quorum a avorté les plans de la Fonac vu que le vote a été reporté sans qu'aucune date ne soit fixée.

 Trou béant dans le budget

La mise en place de l'austérité par N'Djamena vient suite aux chocs pétroliers et sécuritaires que subit le pays depuis 2014. Une mesure qui vise à combler le gap de 400 milliards de Fcfa entre recettes et dépenses. La chute du baril a creusé un trou béant dans les finances de l'Etat, vu que le pétrole représente deux tiers du PIB du Tchad et 70% de ses recettes budgétaires. A la chute des cours du pétrole, s'ajoute l'effort de guerre que N'Djamena supporte au Mali et qui s'est accentué avec l'émergence de Boko Haram. Ce conflit a entraîné la fermeture de la frontière avec le Nigéria, déstabilisant de facto les échanges avec le géant économique. Les opérations militaires au Cameroun, Nigéria et Niger ont coûté au contribuable tchadien plus de 85 millions de Fcfa rien que pour l'exercice 2015, sans oublier la gestion de l'arrivée massive de réfugiés nigérians, nigériens, centrafricains ou encore soudanais. Cette politique de rigueur devrait durer 18 mois selon le gouvernement.

Amine Ater

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