Egypte : le Trésor reprend des couleurs

L'effet des réformes imposées par le FMI à l’Egypte en 2016 commence à se faire ressentir, comme en témoigne la fonte du déficit commercial de 64% entre décembre et juillet 2017. La Banque centrale a également salué la reprise des rentrées touristiques qui ont atteint 1,5 milliard de dollars lors de la même période. Il n’empêche que ses réformes restent limitées à la sphère financière et monétaire.
(Crédits : Reuters)

Les réformes financières mises en œuvre depuis novembre 2016 en Egypte commencent à se faire ressentir, comme en témoigne le déficit du compte courant du pays, qui comprend notamment le commerce de biens et services ou encore les transferts financiers, et qui s'est rétréci de 64% pour atteindre 3,4 milliards de dollars entre juillet et décembre 2017.

Reprise limitée à la finance

La Banque centrale explique cette amélioration par le rebond des recettes touristiques et des transferts de fonds des Egyptiens résidents à l'étranger, alors que les exportations n'ont enregistré qu'une croissance modeste. Une évolution saluée, mais dont la portée reste limitée vu que ses réformes ne concernent que les secteurs financier et monétaire, ce qui n'a qu'un impact limité sur l'amélioration de l'environnement des affaires.

L'Exécutif qui vient de financer un scrutin présidentiel dont les résultats seront dévoilés le 2 avril prochain commence à bénéficier de la levée des restrictions monétaires, de l'augmentation des taxes et la réduction des subventions sur les carburants. La victoire du président Al-Sissi est assurée et seul le taux de participation est un enjeu. Une fois le nouveau mandat du chef d'Etat officialisé, le président devrait annoncer des changements budgétaires supplémentaires qui s'inscrivent en ligne avec le programme soutenu par le FMI.

Le tourisme reprend alors que les IDE mutent

Les recettes publiques ont enregistré 1,5 milliard de dollars de rentrées touristiques en 2017, faisant passer les réserves du Trésor à près de 5 milliards de dollars. Ce qui signifie que le cycle négatif que traversait le secteur depuis l'attentat contre un avion transportant des touristes russes en 2015 est fini. La perte de 50% de la valeur de la livre égyptienne par rapport au dollar depuis le flottement de la monnaie en 2016 semble avoir rendu la destination plus accessible aux touristes.

Les IDE ont de leur côté vu leur nature changer depuis 2016 et ne sont plus des vecteurs de création d'emplois et ne stimulent plus la productivité. Les investissements nets sont ainsi passés de 4,3 à 3,8 milliards de dollars entre 2016 et 2017 et sont en grande partie destinés vers le secteur pétrolier et gazier. Une autre partie de ses investissements a été dirigée vers le marché des dettes et des actions. Les entrées du marché de capitaux ont atteint 8 milliards de dollars entre juillet et décembre 2017, contre 213 millions de dollars lors de la même période en 2016.

Une amélioration qui s'explique par l'afflux de dollars suite au lancement de vente de bons du Trésor à haut rendement. Le Caire a pour rappel promulgué en 2017, toute une batterie de loi sur les investissements et les licences industrielles censées stimuler l'activité des entreprises. Le gouvernement table également sur une série de mégaprojets, notamment la construction d'une nouvelle capitale, le dédoublement du canal de Suez et la mise en place d'une zone économique tout le long de canal. Des chantiers qui vise à attirer encore plus d'IDE alors que le Trésor est doublement sollicité par les besoins en devises des importateurs et l'armée qui peine toujours à reprendre le contrôle du Sinaï.

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